Elections européennes: LREM et le RN s'en prennent aux sources de revenus de leur rival

© REUTERS / Eric GaillardElectoral documents for the upcoming second round of 2017 French presidential election are displayed as registered voters will receive an envelope containing the declarations of faith of each candidate, Emmanuel Macron (R) and Marine Le Pen (L), along with the two ballot papers for the May 7 second round of the French presidential election, in Nice, France, May 3, 2017
Electoral documents for the upcoming second round of 2017 French presidential election are displayed as registered voters will receive an envelope containing the declarations of faith of each candidate, Emmanuel Macron (R) and Marine Le Pen (L), along with the two ballot papers for the May 7 second round of the French presidential election, in Nice, France, May 3, 2017 - Sputnik Afrique
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En pointant le lien entre les libéraux européens de l'ADLE, dont Emmanuel Macron est proche, et les multinationales comme Monsanto, Marine Le Pen a porté un coup à la campagne européenne du Président de la République. Au point de modifier la stratégie de LREM? Rien n'est moins sûr...

Marine Le Pen a beau avoir dénoncé le 7 mars dernier les liens entre l'Alliance des démocrates et libéraux européens (ADLE) et plusieurs multinationales comme Bayer ou Google, ce n'est pas ce qui préoccupe le plus le Président de la République, qui semble beaucoup plus soucieux d'empêcher les partis européens de se financer en dehors des frontières de l'Union.

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Il aura fallu attendre cinq jours pour que La République en Marche se défende des attaques de Marine Le Pen, adressant un communiqué de presse condamnant le financement de l'ADLE par des entreprises.

«Cette pratique est incompatible avec une vie démocratique irréprochable et nous ferons tout pour que la législation soit modifiée pour l'ensemble des formations politiques européennes», assure le texte.

Pour autant, personne au sein du parti présidentiel n'a remis en cause, avant l'accusation de madame Le Pen, les liens entre formations politiques européennes et entreprises, alors que le Président lui-même a, à plusieurs reprises, proposé «d'interdire le financement des partis politiques européens par des puissances étrangères».

Une proposition qui n'est sans doute pas sans arrière-pensée puisque le Front national, devenu depuis le Rassemblement national, est l'un des partis à avoir bénéficié de prêts de banques étrangères, en plus d'être le principal rival de LREM aux élections de mai 2019.

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En effet, Mediapart a révélé en 2014 que le Front national avait reçu 9 millions d'euros grâce à un emprunt auprès de la First Czech-Russian Bank. Pour se justifier, Marine Le Pen avait alors fait valoir que son parti n'avait pas réussi à obtenir de financements auprès de banques françaises.

Malgré la légalité de la procédure, l'affaire avait fait beaucoup de bruit, au point que le Parlement européen a recommandé à la Commission de «proposer une législation garantissant la pleine transparence du financement politique […] en conformité avec la recommandation du Conseil de l'Europe en ce qui concerne les acteurs extérieurs à l'Union» en juin de l'année suivante.

Cette recommandation a été adoptée dans un «état des lieux des relations avec la Russie», qui s'inquiétait dores et déjà du rapprochement de Moscou avec les partis eurosceptiques et appelait à «concevoir également un mécanisme de transparence et de suivi de l'information concernant l'assistance financière, politique ou technique fournie par la Russie à des partis politiques, dans l'optique d'évaluer son influence dans la vie politique et l'opinion publique de l'Union».

Autant d'éléments qui laissent à penser que le véritable objectif du Président de la République n'est pas tant de rendre le financement des partis européens plus transparents, mais bien de répondre du même coup à deux menaces supposées ou réelles: le Rassemblement national à l'intérieur et la Russie à l'extérieur.

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Pourtant, dans un avis rendu à la demande des institutions européennes, la Commission de Venise, chargée de protéger la démocratie par le droit, laissait la porte ouverte à d'éventuels financements étrangers dans la mesure où cela pouvait être «nécessaire» et expliquait à ce propos que:

«Il ne peut y avoir de réponse unique à la question de savoir dans quelle mesure l'interdiction du financement d'un parti politique par un parti politique étranger peut être considérée comme "nécessaire dans une société démocratique". Une coopération [des partis politiques dans le cadre des nombreuses organisations et institutions supranationales en Europe] est "nécessaire dans une société démocratique"».

En attendant de voir le vœu pieux formulé par LREM d'interdire aux multinationales de financer, directement ou non, des partis politiques en Europe, le Président de la République s'attaque non pas aux entreprises, mais aux «puissances étrangères» qui contribuent au financement de la démocratie au sein de l'Union européenne.

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