Des troubles mentaux qui gâchent le quotidien sans même qu'on s'en aperçoive

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Trouble de la personnalité anxieuse, bipolaire ou obsessionnel compulsif, névroses: la liste des désordres à craindre au quotidien va bien au-delà de la dépression. Vladimir Fainzilberg, psychiatre, précise pour Sputnik les troubles qui peuvent être souvent présents chez nous et les symptômes qui devraient alarmer.

Alors que les Journées de la schizophrénie se sont achevées en France la semaine dernière, les troubles mentaux ne semblent plus à l'échelle mondiale une réalité lointaine, mais un phénomène qui passe sur le devant de la scène. Statistiquement, les Français sont de plus en plus dépressifs: un adulte sur 10 a vécu une période de dépression en 2017, soit deux points de plus comparativement à 2010, selon Santé publique France. Et s'ils n'étaient pas seulement dépressifs?

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Au cours des dix dernières années dans le monde, le nombre de personnes atteintes de troubles de l'humeur s'accroît, indique à Sputnik Vladimir Fainzilberg, psychiatre et professeur à l'Institut de psychanalyse de Moscou. Si le terme «dépression» agace déjà, utilisé dans n'importe quelle situation comme explication d'une mauvaise humeur, il existe bien d'autres troubles mentaux dont les noms ne sont pas fréquemment prononcés. Ironiquement, ils peuvent accompagner la personne pendant de longues périodes —et lui gâcher la vie- sans que l'on ne se doute de quelque chose.

Selon les données de l'Organisation mondiale de santé (OMS) pour 2017, le nombre de cas d'incapacité de travail due à des troubles de l'humeur a augmenté et dépassé les 20% de la population à travers le monde.

«Les troubles de l'humeur et les névrotiques sont les problèmes psychiques les plus répandus dans la population», pointe Vladimir Fainzilberg dans un entretien accordé à Sputnik.

En termes plus familiers, il s'agit principalement de la dépression (baisse de moral pendant une longue période) et du trouble bipolaire (alternance de périodes de dépression et de manie, ou euphorie), du trouble de la personnalité anxieuse (mauvaise adaptation et forte sensibilité aux situations négatives) et du trouble obsessionnel compulsif (caractérisé par l'apparition de pensées-obsessions ou comportements rituellement répétés).

«Au cours des 10-15 dernières années, le nombre de personnes souffrant de troubles de l'humeur augmente progressivement et inexorablement. Et les troubles de l'humeur pour 2017 se sont établis au deuxième rang mondial en termes d'incapacité de travail, derrière les maladies cardiovasculaires», ajoute-t-il.

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En même temps, les névroses de grande ville se propagent de plus en plus vite, vu l'agrandissement des mégalopoles, tant géographiquement que démographiquement, poursuit le psychiatre. Elles sont provoquées par des problèmes de transport, de nourriture, de bruit, de perception de l'environnement, ainsi que par un rythme de travail accéléré.

Les névroses de grande ville se manifestent principalement comme des «troubles asthéno-dépressifs», ainsi que des obsessions, qui sont «caractérisées par une asthénie, c'est-à-dire un affaiblissement, une fatigue, et par la déprime, une faible motivation».

«Les troubles névrotiques se forment en fonction du caractère de l'individu», donc parmi leurs «victimes» faciles on retrouve les personnes anxieuses et hypochondriaques, indique le psychiatre.

Les troubles de la dépersonnalisation et de la déréalisation ne sont plus si rares, dont la caractéristique est une volonté, soit de s'éloigner de sa propre personne, soit du monde qui l'entoure. Dans ce cas, l'individu perçoit son corps, sa personnalité ou son environnement de façon déformée.

«Finalement, la dernière névrose, qui se produit assez souvent, est une névrose hystérique, qui peut inclure tout ce qui précède, car l'hystérie est le meilleur moyen d'imiter tout type de souffrance pour tout type de maladie. L'hystérie peut imiter n'importe quel désordre», fait remarquer Vladimir Fainzilberg.

Consulter ou ne pas consulter un médecin

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Mais comment déterminer qu'il ne s'agit plus de fluctuations de l'humeur, mais plutôt d'un trouble et qu'il faut voir un médecin? Pour faire la distinction entre mauvaise humeur et dépression, le trouble le plus répandu, on peut analyser chez soi une sorte de «triade dépressive» des symptômes.

Premièrement, c'est «une déprime pendant une semaine», puis «l'activité cognitive ralentie, un sentiment de tête vide» et, finalement, une «lenteur de mouvement, quand une personne commence à tout faire lentement, quand elle a une démarche traînante, quand elle, non seulement, pense lentement, mais fonctionne aussi mécaniquement, sa réaction est ralentie», précise le psychiatre.

S'il n'est pas pris en charge, l'un ou l'autre de ces désordres peut évoluer: «Sans traitement, une névrose peut se transformer en psychose» dont un symptôme éloquent est le délire, une obsession par une idée absurde, résume M.Fainzilberg.

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