Cameroun, Maurice Kamto demande la médiation de l'Onu

© AFP 2023 Marco LongariMaurice Kamto, président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le 30 septembre 2018, Cameroun
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Les avocats Me Dupont-Moretti et Me Vey ont saisi l'Onu jeudi 4 avril au sujet de l'incarcération «arbitraire» d'opposants camerounais, parmi lesquels Maurice Kamto, dont ils réclament la libération «immédiate». Me Dupond-Moretti avait affirmé son intention de déporter l'affaire à Genève, lors de son passage au Cameroun en mars dernier.

«Le cabinet Dupond-Moretti et Vey a saisi le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies, à Genève, de la situation des trois principaux leaders de l'opposition camerounaise et de leurs partisans, détenus depuis plus de deux mois dans des conditions arbitraires», ont annoncé les avocats dans un communiqué rendu public jeudi 4 avril 2019.

Le cabinet d'avocats parisiens affirme que Maurice Kamto, Albert Dzongang, Paul Éric Kingue et 150 de leurs partisans et alliés, «ont été arrêtés de manière totalement illégale, sous des prétextes divers masquant en réalité une volonté de répression politique». Les avocats rappellent que ces opposants sont inculpés «d'insurrection, rébellion et hostilité contre la patrie […] encourant à ce titre la peine de mort».

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Ils se trouvent

«en détention provisoire dans le cadre d'une instruction ouverte près le tribunal militaire de Yaoundé, en violation de l'interdiction pour un tribunal militaire de juger des civils qui s'impose en droit camerounais», poursuit le communiqué.

«Au regard de l'inefficacité de tout recours interne et de l'opposition des autorités camerounaises à toute forme de dialogue», les prisonniers demandent à l'Onu, par la voix de leurs conseils, «de constater les graves manquements à leurs droits les plus élémentaires et demandent leur libération immédiate», peut-on lire encore.

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L'avocat français Éric Dupont-Moretti, ténor du barreau de Paris, s'était rendu mi-mars à Yaoundé pour y rencontrer Maurice Kamto dans sa prison. Lors d'une conférence de presse tenue dans la capitale camerounaise, Dupont-Moretti avait déclaré:

«Nous voulons apaiser une situation qui est ubuesque et qui peut se régler avec un peu de bonne volonté», avant d'ajouter «M. Kamto redit par ma voix qu'il est tout à fait prêt à discuter avec le président Biya».

Des propos qui ont eu le don d'irriter Yaoundé. Dans un entretien accordé à RFI, le 19 mars, le ministre de la Communication avait répondu à l'avocat français.

«Nous demandons à M. Moretti, qui n'est pas venu au Cameroun comme médiateur, qui au demeurant se défend d'être un donneur de leçon ou un incendiaire, de s'en tenir strictement à la mission qui est la sienne, c'est-à-dire assurer la défense de ses clients devant la justice camerounaise et non pas de se faire l'écho d'arguments ineptes ou de revendications surréalistes à propos d'une prétendue victoire volée à M. Kamto», a affirmé René Emmanuel Sadi.

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Au sujet d'une rencontre probable entre Paul Biya et Maurice Kamto, le porte-parole du gouvernement a tenu à préciser que

«Le Président Biya ne peut pas être considéré comme étant à mettre sur un même pied d'égalité que M. Kamto. M. Kamto est un citoyen comme tout le monde, je crois qu'il doit aujourd'hui cesser de se considérer comme un alter ego. Je tiens à préciser que M. Kamto et ses partisans sont devant la justice camerounaise pour des faits n'ayant aucun rapport avec leur engagement politique.»

Président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et avocat de renom, Maurice Kamto a été arrêté avec environ 150 manifestants à la suite d'une marche pacifique le 26 janvier. Ils protestaient contre la victoire du Président sortant, Paul Biya, 86 ans dont 37 au pouvoir, à la présidentielle d'octobre 2018, qualifiée par M. Kamto, de «hold-up électoral».

Maurice Kamto était devant la cour d'appel de Yaoundé mardi 2 avril pour demander sa libération sous caution. Mais il s'est retiré de l'audience lorsque le juge a insisté pour que celle-ci se déroule à huis clos. En l'absence du président du MRC et ses avocats, l'avocat général a formulé ses réquisitions, demandant la confirmation du rejet en instance de la demande de libération immédiate introduite par l'opposant. Le juge a pour sa part fixé au 9 avril la date à laquelle il rendra son verdict.

Pendant ce temps, au sein du MRC, les responsables du parti annoncent de nouvelles manifestations le 13 avril prochain pour demander entre autres la libération des militants emprisonnés.

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