«Allah Akbar», «Legault, raciste!», une manif anti-laïcité sème la controverse au Québec

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Au Québec, la nouvelle loi sur la laïcité suscite la colère de groupes qui la disent discriminatoire. Le 7 avril dernier, une manifestation anti-laïcité a rassemblé 5.000 personnes à Montréal. Sur les réseaux sociaux, des internautes ont dénoncé la présence de personnalités musulmanes aux idées jugées radicales. Les explications de Sputnik.

L'histoire est-elle condamnée à se répéter? Ces jours-ci, les Québécois pourraient bien le croire. En 2013, plusieurs manifestations s'étaient déroulées à Montréal pour dénoncer l'ancien projet de Charte de la laïcité du Parti québécois (PQ). Défendu par Pauline Marois, alors Premier ministre, le projet proposait d'interdire le port de signes religieux à tous les employés de l'État. La loi n'a jamais vu le jour, car le PQ a été battu à l'élection suivante par le Parti libéral (PLQ).

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Avec son projet de loi controversé sur la laïcité, Legault gagne à tous coups au Québec
Le 28 mars dernier, la Coalition Avenir Québec (CAQ) a mis un terme au statu quo. Fort de son écrasante majorité parlementaire, le gouvernement Legault a décidé d'interdire le port de signes religieux, mais seulement aux policiers, gardiens de prison, juges et enseignants. La contestation a repris de plus belle, bien que le projet représente un compromis.

Mouvement anti-laïcité: l'histoire se répète au Québec

Le 7 avril dernier, le collectif canadien anti-islamophobie a organisé une manifestation contre la nouvelle loi à Montréal, rassemblant au moins 5.000 personnes. Des organisations militantes de gauche ont pris part à la marche, de même que plusieurs représentants des communautés sikhe, juive et musulmane. Les manifestants ont scandé des slogans tels que «Le Québec, c'est chez nous!» et «Legault, raciste!» Une manifestante brandissait une pancarte sur laquelle étaient dessinées des croix gammées et arborait le slogan «loi caquiste, loi fasciste».

​Les images de la manifestation ont rapidement semé la controverse sur les réseaux sociaux. Depuis dimanche, la controverse se poursuit. Certains internautes se sont dits choqués de voir des manifestants associer le gouvernement Legault à des régimes fascistes. Le 8 avril dernier, un célèbre animateur de radio, Luc Lavoie, a d'ailleurs comparé François Legault à Hitler. L'animateur a été forcé de se rétracter, après que le bureau du Premier ministre lui en ait fait la demande.

​Les organisateurs de la manifestation ont également retenu l'attention. Le président du collectif canadien anti-islamophobie, Adil Charkaoui, est soupçonné par des chroniqueurs et internautes d'appartenir à une mouvance radicale et terroriste de l'islam. Arrêté en 2003 puis relâché, il a été suspecté par les autorités canadiennes d'avoir suivi un camp de formation d'Al-Qaïda* en Afghanistan.

​Dans son best-seller Djihad.ca, le journaliste Fabrice de Pierrebourg a révélé que le nom de Charkaoui figurait dans des dossiers des agents français chargés de la lutte au terrorisme. L'auteur a aussi révélé que des agents du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) l'avaient entendu «échafauder le scénario du détournement d'un avion». Toutefois, le Marocain d'origine n'a jamais été formellement accusé. Organisateur principal de l'événement, il a livré un discours enflammé devant la foule.

«Il faut contester ce projet. Ne vous laissez pas faire. Ne vous laissez pas diviser. Personne ne va nous dicter comment vous habiller ou comment travailler», a lancé Adil Charkaoui devant les manifestants rassemblés sur la place du Canada.

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François Legault relance la polémique: il n'y a «pas de culture islamophobe» au Québec
L'imam Salam Elmenyawi a également pris la parole devant la foule. Personnage moins controversé que Charkaoui, il est néanmoins connu pour ses positions musclées en faveur de l'islam. En 2004, l'imam Elmenyawi demandait au ministre québécois de la Justice, Jacques Dupuis, d'instaurer une instance d'arbitrage et de médiation qui lui aurait permis de rendre des décisions au Québec en vertu de la charia, la loi islamique. Cette demande a été complètement ignorée par le Québec.

Des organisateurs controversés

En 2015, lors d'une commission parlementaire à l'Assemblée nationale du Québec, M. Elmenyawi recommandait aussi d'interdire les moqueries visant les religions. Le Conseil musulman de Montréal, que l'imam préside encore aujourd'hui, exhortait le gouvernement à encadrer ce phénomène. Cette intervention avait suscité la polémique, certains commentateurs y voyant un danger pour la liberté d'expression.

​À la fin des discours d'Adil Chakaoui et de Salam Elmenyawi, des manifestants ont scandé plusieurs fois «Allah Akbar» (Dieu est grand). La vidéo qui montre la scène, partagée sur la page Facebook du collectif canadien anti-islamophobie, a grandement fait réagir.

​Le climat est de plus en plus tendu dans la Belle Province. Depuis son dépôt le 28 mars dernier, la nouvelle loi sur la laïcité retient l'attention et crée des tensions entre Ottawa et Québec. Malgré tout, le gouvernement Legault semble bien résolu à garder le cap.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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