Les USA auraient refusé de confirmer l'accord sur l'inadmissibilité d'une guerre nucléaire

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Le quotidien Kommersant rapporte que Moscou a proposé à Washington d'adopter une déclaration conjointe sur l'inadmissibilité d'une guerre nucléaire et sur le renforcement de la stabilité stratégique. La réponse tarde toujours.

Un projet de déclaration commune remis aux autorités américaines par la Russie en octobre 2018 proposait de fixer qu'il ne pouvait y avoir de vainqueurs dans une guerre nucléaire et qu'elle ne devait jamais être déclenchée, écrit le quotidien Kommersant. De telles déclarations avaient été adoptées pendant la guerre froide à l'époque de Leonid Brejnev. Les États-Unis n'ont toujours pas répondu à la nouvelle initiative de la Russie, indique le journal.

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Dans le projet russe de déclaration conjointe de Vladimir Poutine et Donald Trump, il était suggéré de fixer l'intention des deux pays d'agir de manière à éviter une confrontation militaire et d'exclure la possibilité du déclenchement d'une guerre nucléaire, de prendre les mesures nécessaires afin de prévenir un usage accidentel ou non autorisé de l'arme nucléaire.

«Il ne peut y avoir de vainqueurs dans une guerre nucléaire et elle ne doit jamais être déclenchée», soulignait ce texte.

Le projet de déclaration conjointe a été remis à Washington en octobre 2018. Rappelons que le conseiller du Président américain à la sécurité nationale John Bolton s'était rendu du 21 au 23 octobre à Moscou pour expliquer aux autorités russes la décision de Donald Trump de se retirer du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI).

Avant cela, les autorités américaines avaient rendu publique la nouvelle Revue de la politique nucléaire (Nuclear Posture Review) indiquant que, selon Washington, l'époque de la rivalité nucléaire entre les superpuissances était de retour. Pour faire face à leurs adversaires — la Russie et la Chine — les USA avaient décidé de financer la modernisation d'anciens armements (y compris les missiles de croisière mer-sol Tomahawk dotés d'ogives nucléaires) et la création de nouvelles armes (notamment l'ogive nucléaire de puissance réduite pour les missiles mer-sol Trident D5).

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En 2018, la Russie a également annoncé l'adoption de mesures pour renforcer son potentiel militaire, notamment dans le secteur stratégique. Toutefois, le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov avait averti que c'étaient les États-Unis qui réduisaient le seuil d'utilisation de l'arme nucléaire, et s'était prononcé pour la réaffirmation des documents adoptés pendant la guerre froide sur l'inadmissibilité d'une guerre nucléaire.

«Depuis l'époque soviétique, nous avons signé avec les Américains deux déclarations sérieuses constatant que la guerre nucléaire ne pouvait être remportée par personne, c'est pourquoi elle ne devait pas avoir lieu. Il serait utile de confirmer cette thèse dans les conditions actuelles», avait-il déclaré peu avant la visite de John Bolton.

Le quotidien Kommersant a découvert qu'il ne s'agissait pas d'une idée abstraite: le projet d'une telle déclaration était déjà prêt à Moscou.

En évoquant les déclarations de l'époque soviétique, Sergueï Lavrov faisait manifestement allusion aux accords à durée indéterminée sur les mesures visant à réduire le risque d'une guerre nucléaire entre l'URSS et les USA (1971) et sur la prévention d'une guerre nucléaire (1973).

Le premier accord constatait qu'une guerre nucléaire aurait des «conséquence dévastatrices» pour toute l'humanité, c'est pourquoi les parties s'étaient engagées à tout faire pour empêcher le risque d'une telle guerre, notamment à prendre des mesures visant à prévenir un usage accidentel ou non autorisé de l'arme nucléaire.

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Dans le second accord signé pendant la visite de Leonid Brejnev aux USA, Moscou et Washington étaient convenus de «faire en sorte de prévenir les situations susceptibles de provoquer une aggravation dangereuse des relations, d'éviter les confrontations militaires et d'exclure le déclenchement d'une guerre nucléaire entre eux et de chacune des parties avec d'autres pays». En 1985, à l'issue d'une réunion à Genève, les dirigeants de l'Union soviétique et des États-Unis, Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan, ont adopté une déclaration stipulant qu'une «guerre nucléaire [était] inadmissible» parce qu'«il ne [pouvait] y avoir de vainqueurs».

«Cette déclaration a été un signal pour cesser la course aux armements nucléaires, initier des négociations constructives sur le contrôle des armements et détendre la tension internationale. La situation actuelle dans le monde est bien plus compliquée que dans les années 1980, et le risque d'un conflit nucléaire est de plus en plus évident. Les mécanismes de dissuasion nucléaire créés pendant la guerre froide sont pratiquement perdus. Si aucune mesure urgente n'était prise, le monde pourrait connaître le sort tragique de Notre-Dame», a déclaré Igor Ivanov, président du Conseil russe pour les affaires internationales, ex-ministre russe des Affaires étrangères (1998-2004).

D'après lui, «en tant que principales puissances nucléaires, la Russie et les USA assument une responsabilité particulière pour le maintien de la paix, et c'est eux qui doivent initier le processus de rétablissement de la contrôlabilité des relations internationales».

Des déclarations similaires ont également été faites hier par d'anciens hauts responsables américains. Le secrétaire d'État George Shultz (1982-1989), le secrétaire à la Défense William Perry (1994-1997) et le sénateur Sam Nunn (1972-1997) ont coécrit un article dans le quotidien Wall Street Journal, soulignant que dans les relations entre les USA et la Russie «était apparue une paralysie dangereuse qui, suite à une erreur ou un mauvais calcul, pourrait entraîner un conflit militaire et un éventuel usage de l'arme nucléaire».

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Ils ont suggéré entre autres à Vladimir Poutine et à Donald Trump de «faire une déclaration conjointe réaffirmant qu'il ne peut y avoir de vainqueur dans une guerre nucléaire et qu'une telle guerre ne doit jamais être déclenchée».

La Maison-Blanche ignore pour l'instant ce conseil. La porte-parole de l'ambassade américaine en Russie Andrea Kalan, à la demande du quotidien de commenter l'absence d'une réaction de la part de Washington, a déclaré:

«Les USA restent attachés au contrôle efficace des armements, qui contribue à la sécurité des États-Unis, de leurs alliés et partenaires; est soumis à la vérification et à l'application; inclut les partenaires qui remplissent avec responsabilité leurs engagements.»

«Nous sommes prêts à participer à des négociations avec la Russie sur le contrôle des armements qui correspondraient à ces critères», a-t-elle ajouté, avant de citer en exemple les consultations bilatérales sur le traité de réduction des armes stratégiques (START 3) qui se sont déroulées à Genève du 3 au 12 avril.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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