La campagne de Haftar sur Tripoli «vise essentiellement les organisations terroristes»

© REUTERS / Hani AmaraDes véhicules confisqués aux troupes fidèles au maréchal Haftar
Des véhicules confisqués aux troupes fidèles au maréchal Haftar - Sputnik Afrique
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Dans un entretien à Sputnik, le directeur du Centre arabe de recherches et d'analyses politiques et sociales a expliqué les enjeux derrière le soutien que certains pays ont apporté au maréchal Khalifa Haftar dans sa campagne militaire pour prendre la capitale Tripoli. Il a par ailleurs évoqué les probables impacts sur les pays voisins.

Mardi 23 avril, le maréchal Khalifa Haftar commandant l'Armée nationale libyenne (ANL) a annoncé le début de la deuxième phase de l'attaque contre Tripoli, rapporte le quotidien libyen Alwasat, citant le porte-parole de l'ANL. Trois diplomates américains ayant requis l'anonymat et cités par l'agence Bloomberg affirment que le Président Donald Trump et son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, ont accordé leur soutien au maréchal Haftar concernant l'assaut sur la capitale Tripoli. Elles avancent par ailleurs que le Président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le prince héritier des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al Nahyane, ont plaidé la cause du maréchal libyen auprès du locataire de la Maison-Blanche.

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Le politologue tunisien Riadh Sidaoui, directeur du Centre arabe de recherches et d'analyses politiques et sociales (CARAPS) à Genève, a commenté à Sputnik l'évolution de la situation en Libye, ses enjeux géostratégiques et ses probables répercussions sur la sécurité nationale des pays voisins de la Libye.

«Le problème de la Libye est d'ordre structurel et non conjoncturel», a déclaré le spécialiste. «On ne peut pas parler d'une crise politique en Libye, mais d'une crise d'État ayant le monopole de la violence légitime: une seule armée, une seule police et des services secrets centralisés», a-t-il expliqué, précisant que «tout cela n'existe pas actuellement en Libye».

L'intervention de l'Otan en 2011 a abouti, selon le politologue, à l'élimination à la fois du pouvoir en place et de Mouammar Kadhafi, mais aussi de l'État libyen. À partir de ce moment-là, des milices armées, dont «celles des Frères musulmans*, Fajr Libya, Daech* et les radicaux d'Abdelhakim Belhaj qui ont fait la guerre avec Al-Qaïda* en Afghanistan», ont pris le contrôle de plusieurs régions du pays, dont la capitale Tripoli, et se sont illégitimement enrichies.

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Après l'échec de toutes les initiatives politiques pour trouver une solution au conflit en Libye, «l'Armée nationale [libyenne ANL, ndlr] embryonnaire qui vient de l'est du pays, dirigée par le maréchal Khalifa Haftar et formée par les anciens partisans et officiers du régime de Kadhafi, a pris l'initiative pour débarrasser le pays de ces milices armées».

Pour Riadh Sidaoui, c'est dans ce contexte qu'il faut comprendre le soutien de la France et des États-Unis à la campagne militaire de Khalifa Haftar sur la capitale Tripoli. «L'administration Obama n'a jamais caché son soutien implicite aux Frères musulmans* [pour qu'ils arrivent, ndlr] au pouvoir, que ce soit en Égypte, en Tunisie ou en Libye», a-t-il affirmé, précisant qu'«avec Trump, la donne a changé». «Trump n'a jamais caché son hostilité aux Frères musulmans* qui contrôlent le gouvernement de Fayez el-Sarraj à Tripoli».

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«Donc Trump a changé de politique vis-à-vis de l'Égypte de Sissi et a pris en compte les avis de Mohammed ben Zayed, prince héritier d'Abou Dhabi, et de Mohammed ben Salmane d'Arabie saoudite, sur cette question», a-t-il ajouté, soulignant que «la France a aussi pris une position en faveur de l'Armée [nationale, ndlr] libyenne dirigée par Khalifa Haftar en lui apportant un soutien militaire et de renseignement, tout comme la Russie».

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S'exprimant sur les possibles impacts de la campagne militaire lancée par Haftar sur la sécurité nationale de l'Algérie, le directeur du CARAPS a affirmé que «je ne vois pas vraiment ce qui pourrait menacer l'Algérie». «C'est la situation chaotique en Libye, c'est-à-dire la proximité des organisations terroristes qui menacent la stabilité en Algérie, mais aussi en Égypte, en Tunisie qui ont tous des frontières communes avec la Libye». «Pour la stabilité de toute cette région, on cherche finalement une solution militaire puisque [aucune, ndlr] solution politique n'a abouti à mettre fin à ce conflit qui dure depuis huit ans et qui dérange les pays voisins de la Libye et, en plus, qui épuise la population locale», a-t-il conclu.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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