La Terre promise? Ce pays où le niveau d'antisémitisme est l'un des plus bas au monde

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La Russie a été reconnue comme étant un pays plus sûr pour les Juifs que les Etats-Unis ou les pays d'Europe occidentale. C'est ce qu'annonce le rapport annuel du Congrès juif européen (CJE), dont le quotidien Izvestia a pris connaissance.

Le quotidien Izvestia a ou consulter un document du CJE qui assure que la Russie est un pays plus sûr pour les Juifs que l'Europe ou les USA. 

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En marge d'une conférence consacrée à la lutte contre l'antisémitisme à Tel-Aviv, le président du CJE Viatcheslav Moshe Kantor a noté que la deuxième attaque depuis six mois contre des paroissiens de synagogues américaines, ainsi que la caricature scandaleuse du quotidien New York Times se moquant du Premier ministre israélien Netanyahou, qui a touché en réalité toute la nation juive, indiquent que l'antisémitisme prend de l'ampleur aux Etats-Unis et devient progressivement une norme — comme dans les années 1930.

Nous vivons sans sentir le pays sous nos pieds

Comme l'a déclaré Viatcheslav Moshe Kantor, en 2018 la situation de l'antisémitisme dans le monde a atteint un niveau critique — le plus grand nombre de Juifs (13 cas) a été tué depuis dix ans. Sachant que l'assassinat de 11 paroissiens de la synagogue Arbre de la vie de Pittsburg en octobre 2018 figure dans les statistiques comme un cas. La plus forte hausse d'intolérance envers les Juifs est constatée dans les pays qui étaient considérés auparavant comme les plus sûrs — la France, l'Allemagne, l'Italie, la Belgique et les Etats-Unis.

Le nombre d'attaques contre les Juifs a atteint un record aux USA — 101 cas de violences physiques en un an. C'est plus que dans tous les pays européens réunis. En deuxième position — le Royaume-Uni avec 66 cas. En Russie — 4 cas en un an. Dont deux sont liés aux incidents pendant la Coupe du monde de football, où des supporters des équipes du Maroc et de Tunisie avaient attaqué des supporters israéliens pour avoir brandi le drapeau d'Israël.

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Le rapport du CJE souligne que les pays d'Europe de l'Est, la Russie y compris, sont dans l'ensemble plus tolérants envers les Juifs locaux. Comme l'a expliqué à Izvestia Samuel Barnai, professeur à l'université hébraïque de Jérusalem et expert des pays de l'ex-URSS, la situation de la sécurité des minorités ethniques et religieuses en Russie est aujourd'hui largement meilleure que dans certains pays occidentaux.

«A l'Est de la frontière allemande et jusqu'à Vladivostok la situation, étonnamment, est largement meilleure qu'aux Etats-Unis ou en France. J'ai dit «étonnamment» parce que je tiens compte du background historique — la zone de résidence traversait ces territoires auparavant, il y avait des pogroms, etc. Oui, l'antisémitisme est présent dans ces pays, des incidents y ont lieu, mais contrairement aux Etats-Unis ou aux pays d'Europe occidentale, aucune grande attaque ou assassinat de Juifs n'ont été recensés en Russie. Les fusillades dans les synagogues de Pittsburg, de San Diego, les attaques contre le restaurant kacher de Berlin — ce sont des exécutions massives, de l'antisémitisme absolu. En ce sens, la vie des Juifs en Russie est bien plus sûre», a souligné l'expert.

Selon la directrice du Centre Kantor pour l'étude du Judaïsme européen contemporain Dina Porat, la situation n'est pas calme dans toute l'Europe de l'Est. Les actions de l'Ukraine telles que la glorification de Roman Choukhevitch et de Stepan Bandera, des collaborateurs nazis responsables du massacre de la population juive pendant la Seconde Guerre mondiale, suscitent une large protestation en Israël et au sein de la communauté juive à travers le monde. Néanmoins, la situation en Occident est bien plus alarmante, a ajouté l'expert.

«Les Juifs américains et européens, pour leur propre sécurité, ont commencé à porter plus rarement ou plus tout la kipa ou l'étoile de David. Les Juifs reconnaissent de plus en plus qu'ils ne se sentent plus en sécurité dans leur pays. Ils perdent le sentiment de la patrie et songent de plus en plus à migrer en Israël», conclut-elle.

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En tête de ce triste classement parmi les pays européens se trouvent la France et l'Italie, où la montée de l'antisémitisme a atteint l'an dernier 74% et 60% respectivement.

La plus forte résonnance a été provoquée par l'assassinat en mars 2018 à Paris de Mireille Knoll de 85 ans, une Juive qui avait survécu à l'Holocauste (en 1942, elle avait échappé par miracle à la rafle de Vél d'Hiv — les autorités françaises avaient réuni 13.000 Juifs sur le Vélodrome de Paris, avant de les déporter dans les camps de concentration en France et en Pologne). Ses meurtriers lui ont infligé 11 coups de couteau de sang-froid et ont mis le feu à son logement. Pour justifier son acte l'un des criminels, un ressortissant algérien de 27 ans, a reconnu avoir tué cette femme uniquement parce qu'elle était juive.

En Allemagne voisine la hausse des sentiments antijuifs s'élève à 10%, mais ce pays est en tête de l'UE sur le nombre total d'actes antisémites — 1.646 cas en un an. Le nombre de menaces émanant de néonazis, qui sont passés de la rhétorique haineuse sur internet aux actes, a augmenté — l'an dernier, sur fond d'émeutes à Chemnitz un groupe de radicaux a attaqué un restaurant kacher en brisant la vitrine et en menaçant les clients.

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A noter également l'histoire autour des habitants de Babenhausen, une petite ville en Allemagne occidentale. Ses habitants étaient si fiers du statut «Judenfrei» (libre de Juifs) obtenu en 1942, qu'en 1997 ils ont forcé la seule famille juive Merin à quitter la municipalité. Peu de temps après, la maison qui était occupée par cette famille juive a été brûlée. Depuis 1997, Babenhausen porte à nouveau de facto le statut «Judenfrei».

En évoquant les raisons pour lesquelles l'antisémitisme revient dans les pays européens, il convient de prêter attention aux migrants, affirme l'arabisante Esther Webman, professeure à l'université de Tel-Aviv. D'après elle, il existe une certaine corrélation entre l'afflux de réfugiés de pays musulmans et la montée de l'antisémitisme en UE. Mais on ne peut pas dire que ce problème soit provoqué uniquement par la crise migratoire.

«Bien qu'un certain pourcentage de crimes ait été effectivement commis par des ressortissants de pays musulmans, et pas seulement les réfugiés de la première vague, mais également par ces migrants installés de deuxième et troisième générations, l'intolérance envers les Juifs et Israël grandit également parmi les Européens autochtones», estime l'experte.

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Néanmoins, la migration a définitivement affecté la situation générale, c'est indéniable. Esther Webman a rappelé un incident regrettable à Hanovre en 2010. Pendant le festival estival du multiculturalisme, où était prévue la prestation de groupes d'enfants de la communauté afghane, turque, arabe et autres, l'organisateur Hajo Arnds est monté sur scène pour annoncer la sortie du groupe de danse Haverim de la communauté juive. Et à ce moment les enfants des premiers rangs ont commencé à scander: «Les Juifs, dehors» en jetant des pierres sur la scène. Le groupe de danse a été évacué d'urgence vers un endroit sûr.

«C'est effrayant que l'antisémitisme soit inculqué depuis l'enfance, on apprend aux enfants à haïr, alors qu'ils ne vont pas encore à l'école», a constaté avec inquiétude la professeure.

Or l'Europe a déjà connu une telle situation dans les années 1930, et les pays européens se souviennent bien comment tout s'est terminé. Ou pas si bien, après tout.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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