Catastrophe aérienne à Moscou, les actes des pilotes en cause? Analyse de pilotes français et canadien

© Sputnik . Sergueï Mamontov / Accéder à la base multimédiaСитуация в аэропорту Шереметьево
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Consultés par Sputnik, des experts français et canadien s’accordent sur le fait qu’il est impossible de préparer les pilotes à toutes les situations d’urgence et nomment les facteurs dont dépendent les chances de survie lors d’un accident comme celui de dimanche dernier, qui s’est avéré létal pour la majorité des personnes à bord du SSJ100.

Plusieurs versions sont à l’étude après la tragédie survenue à l’aéroport de Moscou-Cheremetievo, où un atterrissage d’urgence a fait, le 5 mai, 41 morts. Parmi les pistes possibles figurent notamment la remise en cause des compétences de l’équipage du SSJ100 d’Aeroflot. Selon certains experts comme Elmar Giemulla, professeur à l’Université technique de Berlin et spécialiste en droit aérien, les pilotes ont pourtant fait preuve d’un grand professionnalisme lors de l’atterrissage. Le pilote et instructeur canadien travaillant pour une société privée Patrick Bélanger, interviewé par Sputnik, partage cet avis.

«L’équipage, pilotes et agents de bords, ont sûrement tout fait pour sauver les passagers. Je suis pilote instructeur depuis plusieurs années, et les programmes d’entraînements sont très bien structurés, cependant on ne peut entraîner les pilotes à toutes les éventualités. Il y aura toujours un facteur de risque», affirme-t-il à Sputnik.

«D’après les images, l’avion a rebondi et fait un atterrissage plutôt violent. La norme pour l’évacuation d’une cabine est d’évacuer tout le monde en 90 secondes avec la moitié des portes condamnées», précise Patrick Bélanger, ajoutant que selon les normes de sécurité aéroportuaire, les véhicules d’urgence doivent arriver à l’avion dans les trois minutes.

Un Sukhoi Superjet 100 a pris feu à l’aéroport de Moscou-Cheremetievo, 5 mai 2019 - Sputnik Afrique
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L’avion a atterri avec un réservoir plein d'essence, mais comme le soulignent des experts, le SuperJet n’est pas un avion gros porteur et, de ce fait, sa construction ne prévoit pas de pouvoir se délester du carburant en vol. Patrick Bélanger, qui pilote un appareil capable d’effectuer cette opération, estime que, même à bord d’un avion de ce type, «brûler de l’essence pour venir atterrir au bon poids» est une procédure «longue».

Les chances de survie dépendent de la situation réelle à bord au moment de l’accident, laquelle peut forcer les pilotes à précipiter leur retour au sol en extrême urgence pour sauver des vies, ajoute Pascal Sanfilippo, pilote de ligne français.

«Si un feu se propage à bord, ou si un problème technique majeur se produit, le temps est compté», signale-t-il. «Qu’il y ait peu de carburant ou le plein complet, hélas, dans l’immense majorité des cas, l’avion peut prendre feu lors du contact brutal avec le sol à cause des étincelles qui en découlent. Rien n’est plus grave que le feu à bord d’un avion».

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Les chances de survie dépendent de la force de l’impact au sol au moment du retour et de l’intensité du feu et de sa vitesse de propagation, indique le pilote. Et d’ajouter que la rapidité des secours au sol peut aider à sauver davantage de vies.

Par ailleurs, d’après l’expert français, la perte de contact avec le contrôle aérien, «n’est pas un facteur aggravant étant donné que les pilotes sont autonomes pour revenir poser l’avion».

«En cas d’extrême urgence, sous une pression temporelle forte, après avoir signalé la situation d’urgence au contrôle aérien, la priorité des pilotes n’est plus la communication avec le sol mais la gestion du vol dans les conditions qui sont les leurs», explique M.Sanfilippo.

Il est impossible d’incriminer la compétence des pilotes à l’heure actuelle, souligne-t-il, avant de rappeler la catastrophe de Halifax lorsque le vol Swissair111, suite à un feu à bord, s’était écrasé en tuant tous les occupants de l’avion.

«Les pilotes étaient réputés comme très professionnels et très compétents et avaient appliqué scrupuleusement les procédures qui étaient très longues si bien qu’ils n’ont jamais eu le temps de poser l’avion. Depuis cette catastrophe, tous les pilotes d’aujourd’hui savent qu’il est urgent d’écourter le vol et ainsi ne pas laisser le temps au feu de rendre le contrôle de l’avion impossible», conclut le professionnel.

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Le 5 mai, un SuperJet 100 d'Aeroflot effectuant un vol entre Moscou et Mourmansk avec 78 personnes à bord, dont cinq membres d'équipage, est retourné à l'aéroport Cheremetievo 28 minutes après son décollage. Il y a effectué un atterrissage d'urgence. L'avion n'a réussi à se poser qu'à la seconde tentative en raison du mauvais temps, ses trains d'atterrissage se sont cassés et ses moteurs ont pris feu.

Selon un bilan provisoire du Comité d'enquête de Russie, 40 passagers et un membre d'équipage ont été tués dans l'incendie. Plusieurs blessés sont dans un état grave.

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