Camelia, la manifestante arrêtée enceinte le 1er mai, revient sur les faits

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Interpellée pendant le défilé du 1er mai et menacée d’expulsion, Camelia, manifestante espagnole enceinte au moment des faits, a partagé avec Sputnik le déroulement des faits ce jour-là. La femme a également précisé pourquoi elle avait emmené à la manifestation un bouclier et un masque à gaz pour lesquels elle a été arrêtée.

«J'ai été interpellée pour le bouclier et pour un masque à gaz», a affirmé au micro de Sputnik Camelia, manifestante espagnole enceinte, arrêtée lors du rassemblement du 1er mai, puis placée en garde à vue et menacée d'expulsion. Elle est aussi revenue en détail sur les événements de la journée soulignant qu'au cours des manifestations, les policiers «essaient justement de nous faire peur pour qu'on ne vienne plus».

«Je suis allée à la manifestation avec un ami […] ce jour-là j'étais très fatiguée», a commencé son récit Camelia.

​D'après la femme, elle a laissé sa pancarte à son ami et c'est au passage des contrôles qu'un officier de police a «remarqué la poignée, donc il nous a interpellés, mis de côté, on a tout déballé, c'est là qu'il a vu le masque à gaz».

«Ensuite, commissariat, garde à vue pendant 35 heures», a résumé la manifestante ajoutant qu'elle avait bien expliqué à la police qu'elle était enceinte.

Comme elle l'ajoute, la veille des faits, elle avait entamé la procédure d'IVG et se sentait mal et avait prévenu qu'elle avait «une grossesse à risque».

«J'ai pu voir deux médecins qui n'ont pas servi à grand-chose, ils ont pris ma tension mais sans plus. Et c'était vraiment pour insister sur le fait que j'étais fatiguée, que j'aurais pu avoir des complications, faire une fausse couche», poursuit-elle son témoignage.

L'interlocutrice de Sputnik a pourtant souligné que ce n'est pas en raison de son état particulier qu'elle avait avec elle le masque à gaz et le bouclier. Elle a précisé que «même avant que je sache que j'étais enceinte, j'avais le bouclier et on n'a pas besoin de circonstances aggravantes pour vouloir protéger son intégrité physique».

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Elle avoue en outre qu'elle savait «très bien» que ces objets servant à la protéger pouvaient être considérés comme une «arme par destination».

Revenant sur le sujet du risque d'expulsion, Camelia explique que d'abord il lui a été annoncé qu'elle avait été exemptée de toutes les charges, avant d'apprendre qu'elle faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et qu'en attendant son expulsion, elle serait détenue au centre de rétention administratif.

«Mon avocat bien sûr a fait appel et le tribunal administratif a trois mois pour statuer. Cela ne tient pas, les deux seules raisons pour extrader un Européen c'est soit si c'est un danger pour l'ordre public, mais petite parenthèse — j'ai bien été exonérée de tous les faits qui m'étaient reprochés, mon casier est vierge, [soit si on est, ndlr] une charge trop importante pour l'État. Alors qu'ils avaient bien toutes les informations comme quoi j'étais en CDI. Et même si j'avais eu cette OQTF j'aurais pu l'attendre chez moi. D'ailleurs, le juge des libertés et de la détention dimanche m'a tout de suite mis en liberté», a conclu la femme.

Commentant la mobilisation et les revendications des manifestants, elle lance:

«C'est des scènes de guerre qu'on a parfois dehors, alors qu'on veut juste sauver la vie, on veut une justice fiscale, sociale et une vraie transition écologique c'est notre avenir à tous qui est concerné».

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