Le chef de l’armée algérienne répond aux critiques sur la lutte contre la corruption

S'abonner
Le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée algérienne, a réagi aux critiques adressées à l’institution militaire dans sa gestion du dossier de la lutte contre la corruption, indiquant que cette dernière «possède des ramifications politiques, financières et médiatiques», selon un communiqué de la Défense.

Dans un discours prononcé à l'École supérieure des troupes spéciales de Biskra, dans la 4e région militaire, dans le sud-est de l’Algérie, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), a répondu aux critiques adressées par la rue algérienne et par certains médias et partis politiques à l’institution militaire, l’accusant de ne pas faire assez dans la lutte contre la corruption et d’avoir procédé à des arrestations sélectives, selon un communiqué du ministère de la Défense nationale. Il a expliqué la complexité de l’opération mains propres que l’ANP a déclenchée depuis quelques semaines dans le pays, soulignant que les milieux visés avaient des ancrages à tous les niveaux de la société. Il a par ailleurs appelé le peuple à la plus grande vigilance pour contrecarrer toute réaction de la part de ces mêmes milieux, l’invitant à s’unir avec l’ANP.

«Je tiens à évoquer le défi majeur que constitue la lutte contre la corruption, qui possède aujourd'hui des ramifications politiques, financières et médiatiques, ainsi que de nombreux lobbies infiltrés au sein des institutions du pays», a déclaré le chef d’état-major de l’ANP. «À cet effet, j'affirme que la voie adoptée dans la lutte contre la corruption, qui a nécessité la détection et le démantèlement de toutes les mines posées dans les différentes institutions de l'État et leurs secteurs, s'appuie sur une base forte et solide, car fondée sur des informations précises et confirmées et sur de nombreux dossiers lourds, voire dangereux, aux preuves irréfutables», a-t-il ajouté.

Ali Benouari - Sputnik Afrique
Ali Benouari: «la lutte contre la corruption peut valoir à son auteur beaucoup d’ennuis»
Selon le chef de l’armée algérienne, l’opération mains propres «a dérangé et terrifié la bande, qui s'est empressée d'essayer d'entraver les efforts de l'Armée nationale populaire et de l'appareil judiciaire».

Afin de garantir le succès de cette opération et de barrer la route à toute tentative des milieux visés de la faire échouer, Ahmed Gaïd Salah a demandé «au peuple algérien de faire preuve d'une extrême vigilance, de s'unir avec son armée et de ne pas permettre aux instigateurs des plans pernicieux de s'infiltrer dans les rangs du peuple quelles que soient les conditions et les circonstances».

Les manifestations en Algérie - Sputnik Afrique
Un ex-ministre algérien appelle à frapper «le cœur de la mafia qui dirige le pays»
Dans un entretien à Sputnik, Ali Benouari, ancien ministre algérien du Trésor (1991-1992), expert international en finance et PDG-fondateur d'Ecofinance à Genève, a affirmé qu’après son limogeage du gouvernement «la corruption s'est intensifiée depuis cette date et personne n'a repris mon combat [de la lutte contre ce fléau, ndlr]». «Quant à mon successeur [Ahmed Benbitour, ex-ministre du Trésor (1992-1993), ex-ministre des Finances (1994-1996) dans le gouvernement d'Ahmed Ouyahia et enfin ex-Premier ministre du Président Abdelaziz Bouteflika (1999-2000), ndlr], il a été chargé de mettre fin aux enquêtes que je menais et de rétablir certains PDG de banques et d’entreprises publiques que j'avais limogés», a-t-il indiqué. Dans le même sens, il a affirmé qu’il craignait «d'ailleurs le pire» pour le chef de l’ANP. «Réussira-t-il là où j'ai échoué il y a près de 30 ans?», s'est-il encore demandé.

Les 22 et 23 avril, le tout puissant homme d'affaires algérien Issad Rebrab, PDG du groupe agroalimentaire Cevital, les frères Kouninef et Ali Haddad réputés proches de Saïd Bouteflika, ainsi que huit cadres du ministère algérien de l'Industrie ont été placés sous mandat de dépôt par le procureur de la République du tribunal de Sidi M'Hamed, à Alger.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала