Les efforts de l’émissaire de l’Onu pour le Sahara occidental Köhler ont été «sabotés par la France et les États-Unis»

© AP Photo / Daniel Ochoa de Olza Des soldats du Front Polisario en parade au village de Tifariti aun Sahara occidental
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S’exprimant sur la démission de Horst Köhler, envoyé personnel du SG de l’Onu pour le Sahara occidental, le Polisario a affirmé à Sputnik qu’en plus «des raisons de santé» évoquées, le diplomate rencontrait des obstacles, dressés notamment par Paris et Washington. L’Onu, Rabat, le Polisario et Alger ont regretté son départ.

Horst Köhler, envoyé du secrétaire général de l’Onu pour le Sahara occidental, a démissionné mercredi 22 mai de son poste «pour des raisons de santé», informe un communiqué des Nations unies. L’Onu, l’Algérie, le Front Polisario et le Maroc ont exprimé à l’unisson leurs regrets à l’annonce de la démission du diplomate onusien. Ils lui ont rendu hommage pour les efforts qu’il a déployés dans la résolution du conflit au Sahara occidental.

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Dans un entretien à Sputnik, Mhamed Khadad, membre de la direction et responsable des relations extérieures du Front Polisario, a confirmé que le diplomate onusien avait effectivement démissionné pour des problmes de santé, ajoutant que d’autres facteurs avaient également pesé dans sa prise de décision.

«Effectivement, il y a les raisons de santé que M.Köhler a mentionné dans sa lettre d’adieu aux deux parties du conflit au Sahara occidental [le Maroc et le Front Polisario, ndlr] et à leurs voisins [l’Algérie et la Mauritanie, ndlr]. Cependant, il faut bien signaler que depuis sa nomination au poste d’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu beaucoup d’obstacles ont été érigés sur sa route», a-t-il déclaré.

Tout en affirmant que Horst Köhler avait toutes les qualités et les compétences nécessaires pour réussir sa mission, notamment son expérience diplomatique et sa connaissance du continent africain et de ses problèmes, M.Khadad a signalé que dès sa prise de fonction, le diplomate «a insisté pour que l’Union africaine et l’Union européenne soient parties prenantes de la solution du conflit au Sahara occidental».

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«Dans ce sens, il a visité l’Afrique plusieurs fois, Addis-Abeba et Kigali. Il s’était également rendu à deux-trois reprises à Bruxelles», a-t-il ajouté.

Selon M.Khadad, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’Onu a rencontré beaucoup d’entraves dans l’accomplissement de sa mission aux Nations unies et à l’Union européenne.

«Malheureusement son travail a été entravé et carrément saboté par l’attitude du gouvernement français qui à New York [aux Nations unies, ndlr] ne voulait pas que le mandat de la Minurso [la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, ndlr] soit réduit à six mois», a-t-il affirmé.

Sur la même lancée, le responsable sahraoui a ajouté qu’«également à Bruxelles, Paris a tout fait pour saboter les efforts de M.Köhler et ce n’est pas sans raisons qu’il n’a d’ailleurs jamais été reçu par les hautes autorités françaises durant son mandat».

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«C’est la France qui a pesé de tout son poids pour que l’Union européenne signe de nouveaux accords incluant le territoire du Sahara occidental [accord d’association UE-Maroc et l’accord d’agriculture et de pêche UE-Maroc, ndlr] en violation flagrante des décisions de la Cours de justice de l’Union européenne (CJUE) [les arrêtés de 2015, 2016 et 2018, affirmant que le Sahara occidental et les eaux qui lui sont adjacentes ne faisaient pas partie du territoire du Royaume du Maroc, ndlr]», a-t-il expliqué.

Par ailleurs, Mhamed Khadad a évoqué un second élément qui a pesé dans la décision de démission du diplomate onusien.

«À New York, M.Köhler a toujours cherché à ce qu’il y ait un consensus au conseil de sécurité et que ses quinze membres apportent leur soutien en votant une résolution» a-t-il expliqué, regrettant encore une fois que «malheureusement ces efforts ont été sabotés par la France et les États-Unis, qui cette fois-ci n’ont pas cherché le consensus qu’a demandé M.Köhler au sein de cette institution internationale».

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«Donc au bout du compte, M.Köhler s’est trouvé sans soutien unanime du conseil de sécurité, sans soutien de l’Union européenne, en plus du travail de sape méthodique mené par le Maroc pour empêcher que l’Union africaine joue son rôle dans le résolution de ce conflit qui n’a que trop duré», a-t-il précisé.

En conclusion, l’interlocuteur de Sputnik a affirmé que «M.Köhler avec son honnêteté intellectuelle et sa probité, qui a subi de grandes pressions par certains membres du conseil de sécurité, a refusé à ce qu’il soit instrumentalisé par certaines forces contre les droits légitimes du peuple sahraoui, notamment celui relatif à l’autodétermination et à l’indépendance, préférant jeter l’éponge, et c’est tout à son honneur d’avoir refusé».

Âgé de 76 ans, Horst Köhler avait été nommé envoyé personnel d’Antonio Guterres pour le Sahara occidental en août 2017, succédant à l’Américain Christopher Ross qui avait démissionné quelques mois auparavant, après avoir occupé ce poste pendant huit ans.

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