«Give me liberty» à Cannes, manifeste d'un réalisateur russe inconditionné

© Sputnik . Oxana Bobrovitch L’équipe de «Give me liberty» a l’issue de la projection lors de la Quinzaine des réalisateurs en 2019
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«Give me liberty» du réalisateur russo-américain Kirill Mikhanovski a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs. Cet hymne à la liberté de l'âme a enchanté les spectateurs par son humanité et son énergie contagieuse. Sputnik a assisté à la première française au Festival de Cannes.

«Nous avons fait ce film avec cette sensation d'être dans la peau d'un tigre sauvage!» a confié Kirill Mikhanovsky à propos de son film «Give me liberty» lors de sa présentation au Pavillon russe à Cannes.

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Difficile d'imaginer que l'histoire d'un jeune Américain d'origine russe, plongé dans la réalité de son quotidien à Milwaukee, aux États-Unis, aurait pu provoquer de telles émotions. Mais très vite, en écoutant ceux qui ont participé à la réalisation du film, on comprend que personne n'est «prédestiné à la grandeur», celle du héros. Chacun bâtit sa propre grandeur là où la vie l'a lâché.

L'incident quasi innocent, celui d'un bus qui n'arrive pas à l'heure prévue pour transporter son grand-père et ses amis à un enterrement, est la goutte de trop, celle qui provoque une cascade d'évènements tragiques, d'évènements touchants, grinçants ou même romantiques dans la vie de Vic qui travaille pour une compagnie de transport social.

«Pour moi, c'était comme un rêve, dit Chris Galust qui interprète Vic. Je n'aurais pu choisir meilleur film et meilleurs camarades pour ma première expérience dans le cinéma.»

Le jeune homme qui s'exprime avec plus d'aisance en américain qu'en russe et qui, «comme tout le monde, rêvait dans son enfance de faire du cinéma», avoue volontiers qu'il était loin d'imaginer que son rêve puisse un jour le rattraper et se réaliser. Mais la dimension humaine du projet est à mettre sur le même plan d'égalité que la dimension artistique. C'est d'ailleurs la pensée partagée par tous les membres de l'équipe: «Ce n'est pas uniquement un rêve de jouer dans un film. C'est découvrir un autre monde avec des gens différents», approfondit Chris Galust.

Cette vision, il la partage avec le jeune et prometteur acteur Maxim Stoyanov qui joue le personnage décalé et attachant de Dima:

«Avec Chris, on était en fusion, raconte Maxime Stoyanov. Beaucoup de choses se passaient sur le plan humain. On sentait l'énergie l'un de l'autre. Pour moi, c'est la base de notre film.»

Cette notion d'énergie est palpable tout au long du film, aussi bien dans la personnalité de l'acteur que dans l'oubli de soi du réalisateur, cette fameuse «liberty» inconditionnée de Kirill Mikhanovski:

«Je n'ai jamais vu un réalisateur travailler avec un tel oubli de soi, essayant de déclencher une énergie pour la fixer sur la pellicule», affirme Maxime Stoyanov.

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Du côté des actrices, Lauren "Lolo" Spencer et Daria Ekamassova sont en harmonie parfait avec leurs deux compères masculins.

La force de caractère de Lauren, femme handicapée qui joue le rôle de Tracy, donne une dimension humaine inattendue dans les moments les plus extrêmes du scenario. Elle rend les situations plus souples et apporte une bouffée d'oxygène dans un film riche en évènements.

Pour Daria Ekamassova, qui interprète Sacha, ce film était également l'occasion de trouver une paix et une liberté intérieure. «Imaginez un peu, raconte l'actrice, quatre heure du matin, je suis enceinte de trois mois, avec de la fièvre, j'ai faim… et nous sommes dans le quartier de Milwaukee qui craint le plus, dont le taux de criminalité au mètre carré est le plus élevé du monde!»

«Mais l'intérêt pour le film dépasse toute crainte, et tu restes, raconte Daria Ekamassova. Pour ce film, Kirill savait ce qu'il voulait obtenir de ses acteurs, amateurs. Quand il voulait quelque chose, il insistait et finissait pas l'obtenir, car il savait être patient et attendre. Pour moi, chaque seconde du film est une polyphonie de l'âme.»

La phase de création qui s'est étalée sur plusieurs années n'était pas de tout repos. Plusieurs évènements ont failli prendre le dessus sur le projet de Kirill Mikhanovski qui avoue que «le travail était dur.» Le moment le plus difficile? C'était en octobre 2017, quand après trois ans de travail acharné, et à la suite d'un revirement de situation, l'équipe a failli se retrouver sans une partie du budget et sans visas pour les acteurs russes. Et c'est là que toute l'équipe a fait preuve d'une grande force de caractère:

«Il fallait prendre une décision: être ou ne pas être, dit Kirill Mikhanovski. Et on a commencé à travailler avec cet esprit de liberté. On a décidé d'être. On se battait pour notre vie, pour notre liberté. Bien sûr, il a eu des conflits et des cris, mais ça a créé une énergie particulière, on ne pouvait plus s'opposer à cette liberté. Et cela nous a permis d'aller jusqu'au bout.»

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Et c'est assurément ce que le spectateur perçoit et ressent tout ay long du film, cet esprit de liberté qui règne dans «Give me liberty» du début à la fin.

L'énergie contagieuse du réalisateur Kirill Mikhanovsky et l'amour du cinéma présents dans cette création, additionnés à cette relation humaine privilégiée, agissent sur tout le monde, jusqu'au producteur du film Valeri Abel qui s'exprime avec beaucoup de retenu, mais sans pouvoir cacher saon émotion et sa passion pour le projet: «Tu les regardes, tu comprends que tu les aimes. Tu comprends que tu dois le faire. Et tu essayes de le faire, voilà tout.»

Sputnik France est partenaire média du Pavillon russe du Festival de Cannes.

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