L'académicienne Hélène Carrère d'Encausse explique l’échec du rapprochement Russie-UE

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Après la chute de l’URSS, les dirigeants russes étaient ouverts aux initiatives visant à rapprocher la plus grande contrée du monde du reste du Vieux continent, estime dans son interview au Point l’historienne Hélène Carrère d’Encausse, qui passe en revue les causes qui, d’après elle, ont fait que l’UE a «mal géré», voire raté cette opportunité.

Dans une interview au Point, Hélène Carrère d’Encausse, historienne française spécialiste de la Russie, a livré son analyse des causes pour lesquelles l’Europe rejetait la Russie.

Comme elle le rappelle, au cours de son histoire, la Russie a été coupée de l’Europe à deux reprises: d’abord lors de l’invasion mongole, puis par le communisme. Et si Pierre le Grand est parvenu à réinsérer son pays dans le «concert européen», à l’issue de 75 ans de communisme ce n’a pas été le cas, car les États européens ont «très mal géré» cette période qui aurait pu déboucher sur un nouveau rapprochement, explique-t-elle.

«Gorbatchev, Eltsine, même Poutine au début, auraient été prêts à suivre les propositions, et les principes, que l’Europe aurait pu faire à la Russie. Pas en l’invitant comme un membre à part entière, car le poids de la Russie aurait déséquilibré l’ensemble, mais en lui proposant un système d’association sérieux. L’Europe ne l’a pas fait. Les Russes en rêvaient, et c’est un rêve perdu», explique Mme Carrère d’Encausse.

L’historienne voit les raisons de cet échec dans la peur, le mépris et le manque de vision des Européens.

«Parce qu’incorporer un pays dont on sentait très bien que la sortie du communisme ne serait pas simple, cela peut faire peur, surtout quand on s’abrite sous le parapluie américain», explique-t-elle.

Et de noter qu’en Europe, la Russie était traditionnellement considérée comme un pays «un peu barbare» et «autoritaire». Cependant, si vous regardez  l’histoire, vous pouvez constater que des femmes ont régné sur le pays et que Pierre le Grand «manifestait un sincère besoin d’Europe et de ses valeurs».

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Retournant à l’histoire plus récente, Hélène Carrère d’Encausse, qui reconnaît que la situation actuelle la chagrine, rappelle qu’entre 1994 et 1999 —pendant qu’elle travaillait au Parlement européen-, il y avait une sorte d’ouverture envers la Russie, «tout semblait possible, ce n’était pas cette atmosphère d’hostilité» et personne n’avait cette «manie de faire sans arrêt aux Russes des leçons sur les droits de l’Homme».

Mme Carrère d’Encausse souligne qu’il faudrait faire plus attention à la culture commune, ce qui pourrait donner la possibilité «de voir plus loin». La Russie d’aujourd’hui, selon elle, peut être considérée différemment. Voilà de quoi dépend l’avenir des relations bilatérales.

«Pour l’Europe, la Russie est un pont ou une barrière. Et si c’est une barrière, elle est redoutable…», conclut l’historienne.

Pour mieux communiquer avec la Russie, l’historienne conseille de ne pas donner des leçons et de comprendre que l’histoire différente de l’autre pays marque considérablement sa façon de se développer. Par conséquent, ce qui est admis par les uns ne l’est pas forcément être admis par tous.

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