Québec: Legault, le Premier ministre vert, mais pas trop

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Huit mois après l’élection, la lune de miel se poursuit entre les Québécois et le Premier ministre Legault. Toutefois, les groupes écologistes pressent de plus en plus le gouvernement à agir. Mais selon Kevin Paquette, président de la commission de la relève de la Coalition Avenir Québec, son parti est plus écologiste qu’on ne le dit. Entrevue.

Un virage vert pour la Coalition Avenir Québec (CAQ)? C’est ce que laisse entendre le dernier conseil général du parti qui s’est tenu les 25 et 26 mai derniers à Montréal.

Un infléchissement qui ne doit pas tout à des calculs électoraux. Ce parti de centre droit, dirigé par François Legault, gouverne la province francophone depuis le 1er octobre dernier et bénéficie toujours d’un fort soutien populaire. Selon un récent sondage, 55% des Québécois francophones approuvent toujours l’action du parti, un score exceptionnel pour un dirigeant déjà presque usé par le pouvoir. De fait, François Legault n’a pas perdu de temps avant de s’attaquer à de grands dossiers controversés: son projet de loi sur la laïcité est soutenu par environ 65% des Québécois, un autre score exceptionnel. Sur le plan de l’image, la modestie et le calme de François Legault semblent très appréciés de la population.

François Legault, toujours aussi populaire

Malgré cette longue lune de miel, le gouvernement a rapidement été rattrapé par l’environnement. Avant même son arrivée au pouvoir, le programme de la CAQ en la matière était fortement critiqué par les groupes et partis écologistes.

​À l’occasion du conseil général du parti autonomiste, le président de la commission de la relève de la CAQ (aile jeunesse du parti), Kevin Paquette, a défendu en entrevue la vision de son Premier ministre. M. Paquette est convaincu qu’il est trop tôt pour juger le bilan environnemental du gouvernement Legault:

«Accuser la CAQ de ne pas en faire assez pour l’environnement, c’est nous accuser de beaucoup de maux, compte tenu que ça fait seulement quelques mois que nous sommes au gouvernement. Si le Québec n’en fait pas suffisamment pour l’environnement, ce n’est pas vraiment la CAQ qui est en cause: ce sont plutôt les précédents gouvernements. Cela étant dit, je suis d’accord pour dire que nous n’en avons pas assez parlé ces derniers mois, et surtout pendant la campagne électorale», a avoué M. Paquette à Sputnik.

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Le nouveau gouvernement veut bien être écologiste, mais pas à n’importe quel prix. Hors de question pour les caquistes de remettre en question le développement économique.

«Le seul fait que nous tenions notre premier événement d’envergure nationale sur ce sujet démontre que nous ne le prenons pas à la légère. Le thème de notre conseil général est l’économie verte. Il y a une raison précise à ça: nous croyons que l’environnement et l’économie sont intimement liés. Contrairement à certains militants écologistes, nous croyons que c’est possible d’allier développement économique et protection de l’environnement. Nous croyons que ce n’est pas nécessairement aux antipodes», a précisé le militant.

Preuve à venir que l’écologisme made in Québec est rentable, le gouvernement Legault rêve d’électrifier une partie de la côte Est américaine, dont la ville de New York. Récemment, François Legault était de passage dans la Grosse Pomme pour promouvoir ce projet.

«Au Québec, nous avons la chance d’avoir de l’énergie renouvelable. Nous pouvons facilement au Québec, si on met en places des politiques de développement économique vertes, devenir des leaders, un phare pour le reste de l’Amérique du Nord. […] Notre priorité est de trouver un moyen d’exporter notre hydroélectricité», a-t-il insisté.

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Cette initiative enrichirait collectivement les Québécois par le biais d’Hydro Québec, une société d’État, et contribuerait à réduire l’empreinte écologique des Américains. «La plus grande contribution que le Québec peut faire, du point de vue des changements climatiques, est d’exporter son hydroélectricité. Si on pouvait faire en sorte que le nord-est des États-Unis puisse arrêter de produire de l’énergie via des usines de charbon, ça pourrait être un énorme gain économique pour le Québec et un énorme gain environnemental pour la planète», a ajouté Kevin Paquette.

​Le militant est bien conscient que les jeunes générations sont particulièrement sensibles à l’environnement. Une réalité qui se reflète dans les positions des jeunes du parti. Plusieurs propositions adoptées au conseil général avaient été soumises par la commission de la relève. Parmi elles, on retrouve notamment l’imposition d’une consigne sur les bouteilles d’eau, une proposition bien accueillie par les membres.

«Le parti nous a écoutés [les jeunes, ndlr], nous faisons partie intégrante du processus de réflexion pour la désignation d’un programme environnemental. […] Les jeunes ont un grand leadership à la CAQ. Nous avons déjà des réalisations qui se retrouvent au gouvernement», a insisté M. Paquette. 

Le mouvement écologiste est en plein essor au Québec et dans l’ensemble du Canada. À l’échelle provinciale comme à l’échelle fédérale, les partis doivent de plus en plus se définir par rapport à la question écologique. Le nouveau gouvernement du Québec n’échappe pas à cette dynamique.

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