Mariani, eurodéputé RN: «les Européennes, c’est comme un match de foot, un but d’écart suffit»

© Sputnik . Alexey Vitvitsky / Accéder à la base multimédiaEmmanuel Macron
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Le RN remporte l’élection européenne en France, devançant la liste de la majorité qui fait son entrée au Parlement en renfort des libéraux de l’ALDE. Un scrutin qui marque également l’avènement d’une nouvelle polarité de la vie politique française. Thierry Mariani, nouvel eurodéputé RN, revient à notre micro sur cette victoire et ses conséquences.

«En politique, il n’y a pas de demi-victoire ou de demi-défaite. Il y en a un qui arrive devant et un qui arrive derrière! Jusqu’à présent, même si l’écart est faible, c’est notre liste qui arrive en tête.»

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Thierry Mariani, en troisième position sur la liste Rassemblement national (RN) menée par Jordan Bardella, savoure au micro de Sputnik les résultats du scrutin européen. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, avec 23,31% des voix, la liste RN surclasse celle de la majorité présidentielle de 0,9 point (22,41%). «C’est comme un match de foot, un but d’écart, ça suffit», lâche l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, qui ne manque pas d’éloges pour sa jeune tête de liste:

«Quelle qualité, quelle maîtrise dans les débats! Moi qui, malheureusement, commence à avoir un certain nombre d’années, je peux vous dire qu’il me rappelle un peu Nicolas Sarkozy à la même époque, qui avait une aisance naturelle et qui écrasait tout le monde par son talent.»

Une victoire d’autant plus «claire» qu’aux yeux de notre intervenant, Emmanuel Macron a fait «tout ce qu’il a pu» afin de faire pencher la balance en faveur de la liste de Nathalie Loiseau.

«On mesure la qualité de ses adversaires à une certaine classe. Excusez-moi, mais visiblement, Macron en manque», assène-t-il.

Thierry Mariani évoque notamment l’interview «à la dernière minute» du chef de l’État sur YouTube, les décisions de justice rendues «comme par hasard juste avant les élections», le «gel» du débat européen par celui d’un Grand débat qui s’est «étiré jusqu’à ce que Monsieur Macron soit contraint d’entrer en campagne», sans oublier le décompte du temps de parole de Steve Bannon de celui de sa liste. «On utilise et on abuse des moyens de l’État comme jamais aucun Président ne l’avait fait», conclut l’eurodéputé RN.

«Pour un Président de la République qui a vocation à rassembler tous les Français, le verdict est là, c’est moins d’un Français sur cinq qui lui fait confiance quand on regarde les résultats», insiste Thierry Mariani.

Quant à la transformation de cet essai européen au niveau national, cela sera «difficile pour tout le monde», estime Thierry Mariani:

«Les deux partis politiques, qui ont structuré la vie politique française ces 40 dernières années font moins de 15% à eux deux réunis», souligne-t-il.

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Au milieu de ce séisme post-électoral souhaité par Emmanuel Macron et redéfinissant la polarisation de la vie politique nationale, la reconstruction de la droite tarde à prendre forme. Pourtant, les difficultés pour se trouver des alliés ne vont pas affecter uniquement la formation politique de Marine Le Pen, selon notre intervenant, qui rappelle que la liste présidentielle pour les Européennes agglomérait déjà tous ses potentiels alliés.

Il souligne en effet que, contrairement à la liste RN, Renaissance regroupait en son sein tant La République en marche (LREM), que le Mouvement démocrate (MoDem), Agir ou encore le Mouvement radical/social-libéral (MRSL). Soit «tout le camp» d’un Président qui «se voulait leader de l’Europe» et qui apparaît, aux yeux de Thierry Mariani, comme «un peu seul» dans son propre pays. Une coalition centriste qui, une fois le Brexit acté, alignera autant d’eurodéputés que le seul parti de Marine Le Pen.

«Monsieur Macron nous a expliqué depuis le début de son mandat que l’Alpha et l’Omega de sa politique, c’était l’Europe. Je vous rappelle, ce que tous les journalistes oublient, c’est qu’il a changé le mode de scrutin à peine arrivé!», souligne Thierry Mariani. «C’est lui-même qui a imposé ce mode de scrutin, tellement il était sûr d’être en tête.»

Une analyse qui contraste avec celle d’une partie de la presse, qui souligne le score réalisé par la liste soutenue par le Président, en proie à une grogne sociale sans précédent depuis plus de six mois. En effet, la formation politique d’Emmanuel Macron va faire son entrée au Parlement européen avec 22 députés et pourrait former, avec ses alliés de l’ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe), le troisième groupe le plus important dans l’hémicycle. Sur le plan national, l’entourage d’Emmanuel Macron a d’ores et déjà indiqué qu’il ne ferait «pas de changement de cap» et entend «intensifier l’acte 2 de son quinquennat».

«Cela ne m’étonne pas du personnage, on sait très bien qu’il a un profond mépris pour la majorité des Français, qui en réalité sont en dehors de son clan. Ce ne sont pas des personnes qu’il respecte, donc il nous annonce qu’il continue comme avant. Écoutez, s’il veut continuer d’aller dans un mur, qu’il y aille, mais je pense que les Français lui ont envoyé un message très clair, dont tout Président respectueux du peuple tiendrait compte en temps normal», réagit Thierry Mariani.

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Malgré la perte de deux sièges à configuration égale (qui se limitera à un siège en moins dans la nouvelle configuration du parlement européen après le Brexit), la liste RN, Prenez le pouvoir, rassemble à l’occasion des Européennes de cette année 569.000 voix de plus qu’en 2014. Des élections européennes qui furent par ailleurs marquées en France du taux de participation le plus élevé depuis 1994: 50,12% de votants en 2019 contre 42,43% en 2014.

«Jamais le Rassemblement national n’a eu autant de voix aux Européennes», insiste Thierry Mariani, qui souligne que par rapport au premier tour de l’élection présidentielle, les partisans d’Emmanuel Macron reculent de près de deux points alors que ceux de Marine Le Pen progressent d’autant. Pour rappel, le 23 avril 2017, Emmanuel Macron était arrivé en tête avec 24,01%, devant Marine Le Pen qui réunissait 21,30% des suffrages exprimés.

Quant à la capacité du FN à intégrer des alliances afin de peser dans l’hémicycle strasbourgeois, notre intervenant se dit «assez optimiste», évoquant la réunion du 18 mai à Milan entre les cadres de douze partis européens, pour autant de pays. «Nous sommes les seuls à avoir organisé ce genre de réunion. Donc, déjà, quand on nous demande avec qui vous serez, on sera déjà avec ces douze-là,» souligne Thierry Mariani qui ajoute:

«Je pense qu’on dépassera largement toutes les prévisions qui sont annoncées dans la presse qui jusqu’à présent –je vous le rappelle– se trompe de manière hallucinante.»

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J.F. Poisson: «les ambiguïtés ont fait beaucoup de tort à la liste de F.X. Bellamy»
L’eurodéputé rappelle ainsi tant la présentation qui était faite dans la presse de la tête de liste Les Républicains, François-Xavier Bellamy, présenté comme une «divine surprise» et pressenti pour consolider une troisième position avec un résultat à deux chiffres, «résultat, la plus belle gamelle de l’histoire de ce mouvement, qu’hélas je connais bien», tacle Thierry Mariani, qui évoque également le traitement médiatique réservé jusque-là au Brexit. Le Brexit, dont les partisans, menés par Nigel Farage, viennent de survoler les élections au Royaume-Uni, avec 31,6% des votes.

«Tout le monde nous explique en France depuis deux ans que les Britanniques, tous les jours, regrettent leur vote de sortie de l’Union européenne, que s’il y avait un deuxième référendum, ils reviendraient dans l’Union européenne en courant.»

Un vote britannique anticipé, dont les résultats ne furent relayés par la presse qu’à son annonce officielle, contrairement au vote des Néerlandais qui fuita, donnant gagnants «contre toute attente» les pro-européens.

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