Souvenez-vous de l’opération Lava Jato, une vaste enquête anticorruption au Brésil, qui a porté sur 429 personnes et en a condamné 159, dont l’ancien Président Lula da Silva. C’est cette enquête et cette condamnation qui ont finalement conduit à la disqualification de Lula lors de la dernière élection présidentielle au cours de laquelle Jair Bolsonaro est arrivé au pouvoir.
Est-il possible que certains procureurs, issus de la classe supérieure de la société brésilienne et agacés du soutien que Lula avait apporté aux classes défavorisées, aient conspiré pour le mettre hors-jeu? C’est l’idée avancée par The Intercept, fondé par Glenn Greenwald, journaliste américain basé au Brésil, lauréat du prix Pulitzer et surtout connu pour avoir travaillé avec Edward Snowden à la publication de documents confidentiels de la NSA.
21 Juin 2019, 11:34
Cette fois, les fuites racontent-elles l’histoire d’un possible motif politique derrière un processus judiciaire qui a ciblé un ancien Président, au moment où il tentait un retour au pouvoir? Sergio Moro, le juge qui a dirigé l’enquête et a emprisonné Lula, est maintenant ministre de la Justice du Président Bolsonaro. Sa réponse aux révélations de The Intercept? Il déplore qu’elles aient été sorties de leur contexte et qu’elles ignorent ce qu’il appelle un «complot de corruption géant révélé par l’opération Lava Jato».
Alors, que conclure de ces nouvelles révélations? Lula a-t-il été victime d’un système judiciaire politisé ou bien condamné à juste titre? Hervé Théry, directeur de recherche émérite au Centre de Recherche et de Documentation des Amériques et professeur à l’université de São Paulo, se penche sur ce dossier pour le Désordre mondial.