Les satellites chinois menaceraient l'empire d'Elon Musk

© AP Photo / Li GangLa Chine lance son premier satellite pour fournir Internet à haut débit
La Chine lance son premier satellite pour fournir Internet à haut débit - Sputnik Afrique
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La Chine a annoncé la création d'un nouveau système de communication par satellite pour l'internet des objets, composé de 72 appareils spatiaux. Plus tôt, Pékin avait révélé qu'il planchait sur un réseau spatial d'internet global reposant sur 270 satellites.

L'institut de recherche de l'Académie des sciences de la Chine a fait part de son intention de créer une constellation de 72 petits satellites de communication pour l'internet des objets d'ici fin 2022, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Ce plan sera mis en œuvre par la compagnie spatiale privée Commsat - financée par le passé par l'Institut d'optique et de mécanique de précision de Xi'an affilié à l'Académie des sciences de Chine.

En 2019, dans le cadre de ce projet, huit satellites Ladybeetle (Coccinelle) ont été mis en orbite pour tester les systèmes fermés de l'internet des objets.

Hormis les satellites, ils incluent des plateformes d'informatique en nuage (cloud computing), des stations terrestres de contrôle et des terminaux.

L'exploitation commerciale de ces appareils est prévue pour 2020 déjà, et d'ici là quatre satellites supplémentaires seront lancés. Le groupe total, de 72 satellites, servira aux utilisateurs chargés de la protection de la nature, des opérations de sauvetage sur le terrain, de la surveillance des moyens de transport et des navires, ainsi que de la logistique.

Commsat est l'une des compagnies prétendant à sa part du gâteau du futur marché mondial de l'internet des objets. Les experts prédisent que d'ici 2020, près de 20 milliards d'appareils à travers le monde seront connectés à l'internet des objets. Sachant qu'aujourd'hui, seulement 10% de la surface de la Terre est couverte par le réseau terrestre - il n'y a pas d'internet dans la taïga, dans les déserts et dans les territoires éloignés.

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La Chine a lancé depuis longtemps sa conquête de l'espace - et avec succès. Début juillet, la télévision chinoise centrale a annoncé que d'ici 2021 Pékin comptait déployer sur l'orbite terrestre un groupe de satellites Leo composé de 192 appareils spatiaux dotés d'une intelligence artificielle (IA). Début décembre, la compagnie chinoise privée LinkSure a fait part de son intention de mettre à disposition de la planète un accès satellite gratuit à l'internet d'ici 2026. Elle compte créer à cet effet un groupe de 272 appareils de basse orbite. Le premier satellite Lianshang-1 sera envoyé dans l'espace l'an prochain à partir du cosmodrome de Jiuquan. Ce projet est estimé à 432 millions de dollars.

Rattraper Elon Musk

Visiblement, les Chinois tentent de rattraper Elon Musk et d'autres pionniers occidentaux qui déploient déjà leurs «constellations de satellites» dans l'espace. En mai, le premier lancement de satellite pour l'internet mondial Starlink a été réalisé par la compagnie d'Elon Musk SpaceX. Cette dernière a annoncé récemment avoir perdu trois satellites sur les soixante envoyés dans l'espace.

Néanmoins, 45 appareils ont déjà atteint leur orbite fixé de 550 km. SpaceX promet de vérifier prochainement la capacité des satellites à distribuer l'internet. Starlink comptait initialement réunir un groupe de 12.000 satellites bon marché assurant une connexion internet d'un térabit.

Sans oublier OneWeb, une société de communication fondée par l'ex-responsable de Google Greg Wyler au Royaume-Uni. Ses premiers appareils spatiaux ont été mis en orbite en mars dernier, et au total la compagnie souhaite créer un groupe de 650 satellites (c'est le nombre nécessaire d'appareils présents constamment en orbite pour assurer une couverture mondiale de l'internet). Ce projet a déjà attiré 3,4 milliards de dollars des investisseurs tels que SoftBank, Qualcomm Technologies, Coca-Cola et Virgin Group. La compagnie compte déployer le réseau global d'ici 2021. Ses satellites sont fabriqués par Airbus et sont lancés avec des fusées russes Soyouz à partir du cosmodrome de Guinée française.

Vers la révolution dans le domaine des télécommunications

D'après les experts, le marché potentiel de la communication satellite pour l'internet des objets,  s'élève à 30 milliards de dollars rien qu'en Russie, dont 70% pour la «constellation de satellites».

«Le marché de l'internet des objets en Russie a atteint 3 milliards de dollars en 2018, avec une croissance de 18%», avait déclaré Andreï Doljenko, directeur communication chez Iskra.

Les dossiers du projet national Économie numérique mentionnaient notamment un futur système satellite multifonctionnel global d'information et de communication nommé Sfera («Sphère»), dont l'existence a été annoncée en juin 2018 par Vladimir Poutine. D'après lui, les satellites lancés dans le cadre du programme Sfera s'occuperont «du positionnement, du sondage de la Terre et de la communication».

Sachant que la qualité de la liaison sera «de facto capable de remplacer la connexion terrestre», tout en étant moins chère et plus accessible.

«Dans l'ensemble, cela pourrait mener à une révolution absolue dans le domaine des télécommunications», avait déclaré le chef de l’État russe. Et ce système pourrait constituer à terme la réponse russe à Elon Musk.

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Le système Sfera pourrait être validé d'ici fin 2019 en tant que programme fédéral ciblé de développement global des technologies spatiales et informatiques. Son objectif consiste à créer une infrastructure informatique spatiale interdépendante qui réunirait les anciens et les nouveaux systèmes de communication par satellite, de sondage à distance de la Terre, ainsi que de navigation. Selon les prévisions, en 2030 le groupe satellitaire Sfera devrait dépasser 600 appareils.

Particularité chinoise

«Contrairement à la Russie, qui cherchait sa voie, depuis le début des années 1980 la Chine s'est inscrite harmonieusement dans le système économique occidental en obtenant un accès à ses technologies, sans renoncer aux russes pour autant, en passant de la copie à la synthèse. Par exemple, en seulement 30 ans, la Chine est passée des anciens MiG-21 à la fabrication des appareils les plus sophistiqués au monde. Bien sûr, les Chinois lancent un défi technologique à l'Occident», constate Rouslan Poukhov, directeur du Centre d'analyse stratégique et technologique.

«70-200 satellites, ce n'est plus beaucoup aujourd'hui. Il s'agit certainement de tests, de tâches locales. Les dimensions des satellites sont mesurées en litres. Si un appareil mesure près d'un litre, alors mille satellites représentent une tonne. Il est possible d'envoyer dans l'espace un groupe de plusieurs milliers d'appareils en cinq lancements. De plus, les Chinois lancent des satellites de basse orbite, qui descendent avec le temps et brûlent dans les couches denses de l'atmosphère, par conséquent le groupe doit être constamment renouvelé», explique Dmitri Marinitchev, ombudsman russe de l'internet.

Selon lui, le lancement même d'un grand nombre de satellites ne signifie pas encore la possibilité d'obtenir dès le lendemain un internet des objets ou un réseau cellulaire par satellite aux tarifs actuel - il n'y a pas encore de technologies ni de services appropriés.

«Nous nous trouvons dans une phase de transition, comme ce fut notamment le cas avec les postes de télévision: nous avions tous de grosses armoires avec des tubes cathodiques, et moyennant une immense somme d'argent il était possible d'acheter un écran plat, qui était l'avenir, tout le monde le savait. Il est également question d'une concurrence pour les futurs écosystèmes numériques spatiaux.»

Dmitri Marinitchev explique également que l'internet spatial ne peut pas encore concurrencer l'internet filaire.

«Il est prévu pour fournir une couverture numérique aux régions de la planète dépourvues d'internet actuellement, ainsi que pour créer les conditions d'un accès total de différents appareils, notamment des objets et des différents capteurs, à l'internet partout sur la planète», conclut-il.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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