Les chercheurs ont appris à «lire» la durée de vie moyenne des animaux

© AFP 2023 Justin Sullivan/Getty ImagesChien
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L’observation des animaux du zoo de Madrid a permis à une équipe de généticiens espagnols de prouver que la longueur des extrémités des chromosomes (les télomères) nous donnait des informations sur la durée de vie moyenne non seulement de l’homme, mais aussi de tous les habitants de la Terre.

«Nous avons découvert une loi biologique universelle définissant combien d’années, de mois ou de jours pourrait vivre tel ou tel être vivant. Nous avons réussi à prouver que la longueur des télomères pouvait nous informer sur la durée de vie de tous les animaux de la Terre», explique Maria Blasco, chercheuse au Centre national de recherche sur le cancer de Madrid (Espagne).

Les conclusions des scientifiques ont été présentées dans la revue PNAS.

Les cellules de l’embryon et les cellules souches sont pratiquement immortelles d’un point de vue biologique: elles peuvent vivre et se multiplier pendant une période illimitée dans les conditions appropriées. Quant aux cellules d’une personne adulte, elles perdent la possibilité de se multiplier après 40 ou 50 cycles pour entrer dans une phase de vieillissement, ce qui réduit les risques de cancer.

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Ces différences sont liées au fait que chaque division des cellules adultes raccourcit leurs chromosomes, dont les extrémités sont marquées par des segments spéciaux qui se répètent (les télomères). Si le nombre de ces derniers devient insuffisant, la cellule cesse de participer à la vie de l’organisme.

Les premières expériences

Selon les premières expériences, la longueur des télomères reflète assez précisément l’âge d’une personne et la durée du reste de sa vie. Le stress, les mauvaises habitudes, les maladies chroniques et les conditions difficiles de la vie accélèrent la réduction des télomères, ce qui pourrait expliquer notamment pourquoi les riches vivent en général plus longtemps que les couches les plus pauvres de la population. 

Selon Maria Blasco, ces découvertes ont suscité des débats chez les biologistes et les évolutionnistes: ce lien est-il caractéristique des autres habitants de la Terre? Est-il possible d’évaluer la durée de vie moyenne sur la base de la longueur des télomères et de la vitesse de leur raccourcissement? 

Des généticiens espagnols qui étudient les télomères humains depuis plusieurs décennies ont tenté d'élucider cette question. Pour ce faire, ils ont analysé l’état des extrémités des chromosomes de neuf espèces de mammifères et d’oiseaux au zoo de Madrid.

Les scientifiques ont prélevé des échantillons sanguins, ont séparé les cellules immunitaires et ont calculé la longueur-type des télomères d'animaux d’âges différents pour comparer ensuite ces données entre elles, puis avec les télomères d’autres espèces, notamment des hommes et des souris.

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Il s’est avéré que la longueur initiale des télomères et la vitesse de leur réduction reflétaient assez précisément la durée de vie des organismes dont ils étaient extraits. Par exemple, les télomères des éléphants et des autruches qui vivent de 40 à 60 ans sont assez courts, mais se réduisent aussi lentement que ceux de l’homme: de 100 à 300 «lettres génétiques» par an.

D'un autre côté, les télomères des souris et des grands dauphins, dont la longévité est relativement peu importante, sont longs, mais perdent des milliers de nucléotides par an. La même tendance a été observée chez les rennes, les percnoptères, les goélands et d’autres animaux du zoo.

Fait curieux

Les chercheurs ont établi que les animaux ne mouraient pas quand les télomères avaient atteint une longueur critique, mais après que la plupart de ces derniers s’étaient raccourci de près de deux fois. Cela pourrait expliquer pourquoi la durée de vie des animaux qui ont des télomères longs, mais qui se raccourcissent rapidement, par exemple des souris, est considérablement moins importante que celle de l’homme et d’autres créatures vivant longtemps.

«Beaucoup de nos collègues ne nous croyaient pas et évoquaient les télomères longs des souris. Nous avons pourtant démontré que le rôle principal dans le processus de vieillissement et dans la longévité ne revenait pas à la longueur initiale des extrémités des chromosomes, mais au rythme de leur raccourcissement. Qui plus est, ce paramètre permet de prédire la durée moyenne de la vie de n’importe quelle espèce plus précisément que sa masse ou la rapidité de son métabolisme», souligne Kurt Whittemore, collègue de Maria Blasco.       

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