Un centre d’étude parisien contre le remplacement du français par l’anglais en Algérie, mais pas en France?

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La décision algérienne de remplacer le français par l’anglais dans les universités est dénoncée par le Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone à Paris, évoquant des conséquences graves pour le pays. Cependant, en France, 1.328 formations sont dispensées intégralement ou partiellement en anglais.

Le Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF) à Paris pointe dans un communiqué la décision du ministre algérien de l’Enseignement supérieur, Tayeb Bouzid, de remplacer le français par l’anglais dans les universités algériennes. Les arguments avancés par le CERMF n’ont pas convaincu grand monde au vu du nombre de formations dispensées entièrement ou partiellement en anglais dans les universités françaises. De plus, l’enseignement en anglais est autorisé et encouragé par la loi française.

​Le CERMF affirme que «la remise en cause, ouvertement voulue par certains responsables politiques, du statut de première langue étrangère accordé au français en Algérie, et donc du caractère francophone du pays, est de nature à nuire gravement aux intérêts supérieurs de celui-ci et du peuple algérien».

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Cette décision, explique le Centre, peut engendrer de graves conséquences «en coupant l’Algérie de son environnement immédiat, à savoir le reste du Maghreb et plus globalement l’Afrique francophone, vaste ensemble en plein essor économique et démographique, et présentant de nombreuses opportunités». «Des relations particulièrement étroites qu’il serait impossible de rebâtir avec d’autres pays et puissances géographiquement plus lointaines, et non liés à l’Algérie par une histoire commune».

Dans ce sens, le CERMF dénonce le rapprochement «lentement mais sûrement, et au détriment de son appartenance maghrébine, des pays "arabo-anglophones" du Moyen-Orient, de leurs codes culturels, mais aussi, in fine, de leur principal allié occidental [les États-Unis, ndlr] et de sa politique étrangère, souvent injuste et source de désordre, et sur laquelle finirait par s’aligner en grande partie l’Algérie, tôt ou tard».

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Enfin, il réfute «avec force, études à l’appui et face à une propagande mensongère et assez régulière, que le français n’a jamais été un frein au développement d’un pays l’ayant en partage, du moment que celui-ci décide de mener une politique efficace et de s’engager sur la voie de la bonne gouvernance», soulignant que cette décision éloignerait «l’Algérie de la grande partie de sa diaspora vivant dans des pays francophones».

Les contre-arguments

Les arguments avancés par le CERMF sont mis à mal par l’étendue de la présence de l’anglais dans les universités françaises. En effet, depuis 2015, la loi sur l'enseignement supérieur et la recherche autorise l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur, y compris les universités, à proposer des formations en anglais.

​Selon le site de l’agence Campus France, les formations suivies entièrement ou partiellement en anglais «ont augmenté de plus de 50% depuis 2014: elles sont aujourd'hui 1.328». «Et les universités sont de plus en plus nombreuses à proposer des formations enseignées en anglais; elles suivent progressivement le chemin déjà pris, avant 2015, par les grandes écoles et les établissements privés», informe le même site.

Ainsi, Campus France explique que «la possibilité d'étudier en anglais […] fait partie des raisons qui expliquent l'augmentation croissante des étudiants étrangers qui choisissent la France et le maintien de notre pays à la 4ème place des destinations les plus plébiscitées, derrière les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie».

​La position algérienne

Tayeb Bouzid, ministre algérien de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, avait affirmé la volonté de son ministère de consolider l’utilisation de l’anglais dans les recherches scientifiques, soulignant que «le français ne vous mène nulle part!». Le responsable avait également indiqué que «l’adoption de l’anglais dans la recherche permet une meilleure visibilité des travaux des chercheurs». Il avait aussi soutenu que cette démarche, qui appuie l’étape de la validation de la recherche, est «un passage indispensable qui transforme l’expérience accomplie au laboratoire en fait scientifique».

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