Coalition proposée par les USA dans le détroit d’Ormuz: quel impact pour la Chine?

© REUTERS / Hamad I MohammedUn pétrolier dans le détroit d’Ormuz (image d'illustration)
Un pétrolier dans le détroit d’Ormuz (image d'illustration) - Sputnik Afrique
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La Chine pourrait se retrouver parmi ces pays qui ressentiraient en premier l’«efficacité» de l’initiative proposée par les États-Unis, sous prétexte de garantir la liberté de navigation dans le détroit d’Ormuz face à l’Iran, ont supposé dans un entretien accordé à Sputnik deux politologues, un Russe et un Chinois.

Les États-Unis pourraient se servir de l’actuelle situation autour de l’Iran comme prétexte pour remettre de l’«ordre» sur le marché mondial du pétrole et ce, évidemment dans les intérêts américains, a relevé à Sputnik Igor Chatrov, directeur adjoint de l’Institut national russe du développement de l’idéologie contemporaine.

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La stratégie US pour contenir la Chine

«Les Américains ne font en fait que développer leur stratégie consistant à ralentir la Chine, dont la sécurité énergétique est pour beaucoup fonction du passage sécurisé [par le détroit d’Ormuz, ndlr] de pétroliers transportant le brut qu’elle importe», explique-t-il.

Et d’ajouter que si la flotte américaine faisait son apparition dans le détroit d’Ormuz et qu’une coalition y était créée sous le commandement des États-Unis, elle contrôlerait très spécifiquement la situation et veillerait à la navigation dans les intérêts des transnationales américaines.

Dominer sur le marché du pétrole?

«Sur le marché mondial du pétrole, les États-Unis essaient d’occuper la première place, concurrençant l’Arabie saoudite et la Russie. Ils tentent déjà d’influer sur le marché énergétique mondial par leurs propres ressources, par leurs propres réserves et non seulement par leur puissance militaire», a poursuivi l’expert.

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Selon ce dernier, quand les puissances militaire et politique des États-Unis fusionneront, ce qui peut se produire justement dans le détroit d’Ormuz, on pourra constater de sérieuses transformations sur le marché du brut.

«La Chine pourrait le ressentir elle aussi. Elle pourrait notamment se retrouver parmi ces pays qui ressentiraient en premier l’"efficacité" de l’initiative états-unienne», a analysé M.Chatrov.

Comme les États-Unis cherchent à créer une situation qui leur soit favorable, et puisque la Chine importe des hydrocarbures par le détroit d’Ormuz, ils ne voudront évidemment pas escorter des navires dans les intérêts de la Chine, a supposé un autre interlocuteur de Sputnik, Huang Xiaoyong, directeur du Centre d’étude de la sécurité énergétique international près l'Académie des sciences sociales de Chine (ASSC).

«Cette logique est aussi opérationnelle dans d’autres domaines. Pourtant, il n’y a pas là de prétexte pour que les États-Unis puissent s’opposer directement à la Chine ou s’ingèrent dans le transport d’hydrocarbures», a expliqué le Chinois.

L’armée américaine ne fournira pas d’escorte maritime aux navires commerciaux dans la région du Golfe mais y maintiendra sa présence afin de dissuader l’Iran, a déclaré aux journalistes Mark Esper, lors de sa première journée au poste de chef du Pentagone. Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, avait précédemment déclaré que Washington formait une coalition pour assurer le passage de pétroliers dans le détroit d’Ormuz.

Tensions dans le détroit d’Ormuz

Le golfe Persique et les zones adjacentes sont sujets à de vives tensions depuis plusieurs semaines.

Les Gardiens de la révolution ont arraisonné le 19 juillet le pétrolier britannique Stena Impero dans le détroit d'Ormuz «pour violation des règles internationales». 23 marins se trouvaient à bord, dont trois Russes, d'après Northern Marine Management Ltd qui gère le pétrolier. Le Royaume-Uni avait auparavant arraisonné un pétrolier iranien à Gibraltar, accusé de livrer du pétrole à la Syrie en violation des sanctions.

Le 20 juin, les Gardiens de la révolution ont confirmé dans un communiqué qu’un drone espion américain avait été abattu par un «missile» de leurs forces aérospatiales au large de la côte face, au mont Mobarak, «après avoir violé l'espace aérien iranien».

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