Les militants pro-migrants sont «harcelés» par la police dans les Alpes, selon une ONG

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Contrôles à répétition, amendes, garde à vue... Les policiers français usent d'«harcèlement» et d'«intimidation» pour «entraver les activités humanitaires» des militants pro-migrants à la frontière franco-italienne, dénonce l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié jeudi.

La publication, qui intervient une semaine après la condamnation de trois dirigeants de l'organisation d'extrême droite Génération identitaire pour la spectaculaire opération anti-migrants menée dans cette même région au printemps 2018, documente également les refoulements de «mineurs non accompagnés» vers l'Italie.

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Lors de leurs maraudes, ces opérations de recherche, de sauvetage ou de distributions alimentaires, les bénévoles et militants associatifs qui viennent en aide à ces migrants, majoritairement africains, sont régulièrement ciblés par les forces de l'ordre qui multiplient les contrôles d'identité «abusifs», souligne le document qui se focalise sur la situation dans les Hautes-Alpes.

«Dans de nombreux cas, la police semble recourir à ces procédures de façon sélective, à des fins d'intimidation et de harcèlement ou pour entraver les activités humanitaires», poursuit l'ONG de défense des droits de l'homme qui demande aux autorités d'enquêter sur ces pratiques.

L'objectif, «c'est de leur mettre des bâtons dans les roues» et de «gêner leurs actions», résume pour l'AFP Bénédicte Jeannerod, directrice France chez HRW.

«Systématiquement, lorsqu'on part en maraude à Montgenèvre (commune limitrophe de l'Italie, ndlr), il y a des contrôles (...), souvent plusieurs fois dans la soirée», raconte un bénévole cité dans le rapport, qui porte sur une enquête réalisée entre janvier et juillet 2019.

Les policiers, dénoncent les militants interrogés par l'ONG, procèdent à des contrôles ciblés. «J'ai baissé la vitre», se souvient l'un d'eux, «et le policier m'a dit: Ah, t'es de retour, elle est où ta voiture ?», citant la marque et le modèle précis. «Quand je lui ai dit que je ne voyais pas de quoi il parlait, il m'a répondu: Arrête de te foutre de notre gueule, on sait que tu étais là tout l'été».

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Contraventions pour un balai d'essuie-glace défectueux, une absence d'autocollant signalant des pneus cloutés, ou encore 90 euros d'amende pour l'usure des pneus... «Le délit de solidarité continue d'être utilisé» contre ces militants, déplore encore Mme Jeannerod.

Même si le pic de la crise migratoire est passé, en terme de flux, «la pression sur les militants continue de s'accentuer», notamment avec des «violences morales», confirme Laure Palun, codirectrice de l'Anafé (Association nationale d'assistance aux frontière pour les étrangers), qui a publié en début d'année un rapport sur la situation à la frontière franco-italienne.

Surtout, affirme-t-elle, ces «pressions» comportent un fort effet «dissuasif» qui «fait peur» au reste de la population qui aurait pu, sans militantisme, vouloir aider les migrants.

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Légalement, l'aide à l'entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier en France est passible d'une peine maximale de 5 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende. En juillet 2018, le Conseil constitutionnel a jugé que «tout acte d'aide apportée dans un but humanitaire» ne pouvait pas faire l'objet de sanctions, sauf s'il est effectué dans le cadre d'une aide à l'entrée sur le territoire.

Malgré cette décision, des poursuites continuent d'être engagées contre des personnes soutenant des migrants, déplore encore Human Rights Watch.

En mars 2019, encore, sept militants de l'association locale Roya Citoyenne ont été placés en garde à vue, leurs ordinateurs et téléphones saisis. Un énième coup dur, disent les bénévoles, qui reconnaissent un épuisement physique et moral.

«Entre la garde à vue et le procès, j'avais l'impression que la police pourrait débarquer chez moi. Ça crée un tas de tensions de sentir qu'ils ont le pouvoir de faire ce genre de choses», affirme une militante, citée par HRW. «Ça nous a, je pense, tous pas mal tendus.»

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