Comment les USA comptent-ils faire face aux missiles hypersoniques ennemis?

© Photo ministère russe de la Défense / Accéder à la base multimédiaUn MiG-31 russe porteur de missiles hypersoniques Kinjal
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Les États-Unis se préparent à développer leur projet d'intercepteur d'armes hypersoniques.

Fin août, les compagnies Lockheed Martin, Boeing et Raytheon ont conclu avec l'Agence de défense antimissile (Missile Defense Agency) des contrats visant à développer des projets d'intercepteurs pour lutter contre les armes hypersoniques. En parallèle, le bureau de planification du développement stratégique et des expériences de l'armée de l'air a fait appel aux grands groupes d'armement pour étudier les perspectives du marché de l'arme à énergie dirigée (AED) pour se protéger contre les missiles de croisière. Un appel d'offres a été publié sur le site fédéral des marchés publics. Que sait-on sur ces programmes?

Trois projets

L'appel d'offres pour la conception de systèmes capables d'intercepter des cibles hypersoniques aérobalistiques et aérodynamiques a été annoncé par l'agence DARPA (chargée de la recherche et développement des nouvelles technologies à usage militaire) en coopération avec l'Agence pour la défense antimissile en novembre 2018. 

Les compagnies candidates ont procédé à un brainstorming pour soumettre au Pentagone leurs propositions. Au final, la compagnie Lockheed Martin a décroché un contrat de 4,442 millions de dollars pour le développement du projet Valkyrie Interceptor Terminal Hypersonic Defense. Comme l'ont rapporté des médias américains, Valkyrie pourra réduire à néant l'avantage de la Russie et de la Chine dans le domaine de l'armement hypersonique. Ce projet doit être mis en œuvre avant le 2 mai 2020.

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La compagnie Raytheon Missile Systems a décroché le contrat pour la conception du système SM-3 HAWK (4,445 millions de dollars). A en juger par l'appellation du projet, il s'agit de la poursuite du développement des missiles antiaériens de la gamme Standard RIM-161 SM-3 embarqués par les navires. Ces missiles sont dotés du système de combat Aegis monté sur des vecteurs universels Mk-41 et sont destinés à détruire différentes cibles à une altitude extra-atmosphérique, mais peuvent être déployés au sol. D'ici 2020, malgré les protestations de Moscou, les Américains ont l'intention de terminer le déploiement d'antimissiles navals et terrestres au Nord et au Sud de l'Europe.

Enfin, la compagnie Boeing a conclu un contrat de 4,357 millions de dollars pour le développement du concept Hypervelocity Interceptor Concept for Hypersonic Weapons (HYVINT). Boeing possède déjà une expérience de travail avec l'hyperson: le 26 mai 2010, les spécialistes de la compagnie ont procédé aux essais réussis du missile hypersonique de croisière X-51A Waverider. Le projectile avait dépassé la vitesse Mach 5. Le X-51A devait être mis en service en 2017, mais la date avait dû être reportée pour différentes raisons. Selon les dernières informations, le missile ne sera pas mis en service avant 2020.

Les sources ouvertes ne fournissent pas d'informations détaillées sur ces programmes. Il se pourrait que certains de ces systèmes soient déployés dans l'espace. En janvier dernier, le sous-secrétaire américain à la Défense Michael Griffith a déclaré:

«En ce qui concerne le niveau spatial de l'ABM, il commence par les capteurs. […] Nous devons faire face aux menaces régionales hypersoniques de la Russie et de la Chine. Ce n'est pas lié aux missiles intercontinentaux. Ces cibles sont plus difficiles à détecter, c'est pourquoi il faut être plus proche du point de lancement. […] Nous avons également besoin d'une plus large couverture.»

Au sujet d'un éventuel déploiement d'intercepteurs dans l'espace, Michael Griffith a déclaré qu'une étude particulière serait consacrée à ce dossier, notamment pour évaluer l'efficacité et le coût du déploiement de tels systèmes. Aucun délai n'a été précisé, mais lors de la conception des intercepteurs d'armes hypersoniques il est fort probable que Raytheon, Boeing et Lockheed Martin étudient également les possibilités de les déployer dans l'espace.

Lasers et microondes

Début septembre, le site fédéral des marchés publics des États-Unis a publié un document du bureau de planification du développement stratégique et d'expérimentation de l'armée de l'air américaine (Air Force’s Strategic Development Planning and Experimentation office - SDPE). Le Pentagone y annonce le début des études de marché pour la conception de l'arme à énergie dirigée (AED) pour protéger les bases aériennes contre les missiles de croisière.

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Cette demande vient probablement en réaction à la mise en service massive de missiles de croisière Kalibr dans la marine russe, ainsi qu'au développement de systèmes similaires en Chine. Le Pentagone a appelé les compagnies du secteur de l'armement à participer au programme en présentant des concepts et des solutions techniques en matière de lasers à haute énergie et de puissants systèmes microondes capables de faire face à cette menace. Le début des essais est prévu pour l'année fiscale 2020.

Ces systèmes sont prévus pour la protection des bases aériennes avancées. Ils seront intégrés au système global de défense antiaérienne et antimissile afin de travailler conjointement avec des systèmes antiaériens «classiques». Il est souligné que l'un des principaux objectifs de l'étude consiste à étudier l'efficacité de l'interaction des armements cinétiques et énergétiques pour accomplir une même tâche.

Le 1er décembre 2018, la Russie a mis en service des systèmes laser Peresvet pour les essais. Cette arme est très secrète mais, selon les experts, ce système remplit des missions de défense antiaérienne et antimissile, ainsi que de lutte contre les drones. Le Pentagone a manifestement décidé de combler son retard dans ce domaine également.

En novembre 2018, Michael Griffith a annoncé que l'armée américaine recevrait d'ici quelques années une arme laser à grande puissance, mais que pour cela le Pentagone devrait multiplier par trois ou quatre les investissements dans ce secteur. Il a mentionné également que les militaires avaient l'intention d'utiliser le puissant rayonnement microonde pour créer un système capable de neutraliser les drones et les armes de haute précision d'un ennemi potentiel.

Le 5 septembre 2019, il a été annoncé que le Pentagone avait reporté le projet de lancement dans l'espace d'une arme à faisceaux de particules neutres pour combattre des missiles ennemis. En mars, des représentants du Pentagone ont demandé 34 millions de dollars du budget 2020 pour remplir l'objectif de tester l'arme à faisceaux de particules dans l'espace en 2023. Cependant, les démocrates du Congrès n'ont pas apprécié cette proposition et le comité d'assignation de la Chambre des représentants a exclu ces dépenses du projet de loi budgétaire.

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