Les troubles psychiques pourraient être liés à la qualité de l'air

© Sputnik . Anna Ratkoglo / Accéder à la base multimédiaPollution de l'air en Chine
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Des chercheurs danois et américains ont récemment démontré que le risque de contracter des maladies psychiques dépendait de la qualité de l'air. Cela vient appuyer l'hypothèse que de plus en plus de personnes souffrent de troubles psychiques et de maladies neurologiques, entre autres, à cause de l'écologie.

Les neurotoxines dans l'air

Ces deux dernières décennies ont été marquées par une hausse significative du nombre de troubles psychiques et de l'autisme. Ce phénomène de plus en plus préoccupant nécessite des explications.

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Cette «épidémie» s'explique partiellement par le fait que les méthodes de diagnostic, plus sophistiquées, permettent de détecter plus de cas - tout comme le nombre grandissant de personnes a un accès à la médecine. Jusqu'à présent, les efforts des chercheurs se sont principalement focalisés sur la recherche de causes héréditaires: les spécialistes ont trouvé de nombreux groupes de gènes et de mutations augmentant considérablement le risque de maladies psychiques, mais l'observation de jumeaux pendant plusieurs années n'a pas permis d'expliquer totalement l'apparition et le développement de tels états par la génétique. Les chercheurs sont d'avis que ces derniers découlent d'une combinaison complexe de facteurs héréditaires, sociaux et écologiques.

Les scientifiques ont noté depuis longtemps que dans les grandes villes, la part des individus souffrant de troubles psychiques était supérieure à celle observée en milieu rural. Ce qui les a poussés à prêter attention à la qualité de l'air.

Par exemple, en 2013, des chercheurs américains ont analysé les informations concernant plus de 7.000 enfants nés avec un trouble du spectre de l'autisme de femmes ayant passé leur grossesse à Los Angeles. Les spécialistes ont placé sur la carte les analyses de l'air et les adresses de résidence. Il s'avère que la pollution à l'ozone et les particules toxiques de moins de 2,5 micromètres augmentait le risque d'autisme de 12-15%. Ce risque augmente de 9% en cas de pollution à l'oxyde et au dioxyde d'azote.

En 2014 ont été publiés six résultats d'études contrôlées établissant un lien entre l'autisme et la qualité de l'air urbain. Mais quel est son mécanisme? L'une des explications possibles a été apportée par une étude de chercheurs de l'école de médecine de l'université de Rochester (USA). Ils ont placé des rongeurs, chaque jour, pendant les premiers semaines et mois de leur vie, dans un endroit rempli d'air aussi pollué qu'à une heure de pointe dans les rues d'une ville moyenne. Puis, en examinant leur cerveau, ils ont découvert que tous les sujets présentaient des signes d'inflammation et que les ventricules latéraux faisaient parfois le triple de la taille normale, que les corps albicans (blancs ou encore fibreux) n'étaient pas entièrement développés. Le taux de glutamate neurotransmetteur était accru dans le tissu nerveux. De tels changements sont caractéristiques des individus atteints d'autisme et de schizophrénie.

Les auteurs de l'étude pensent que plus les particules polluantes dans l'air sont fines, notamment d'origine carbonique entrant dans la combustion des hydrocarbures, ou provenant de l'usure des pneus, plus elles ont de chances de pénétrer dans le cerveau par la voie respiratoire. Elles sont ensuite combattues par le système immunitaire, ce qui provoque une inflammation. Avec le temps, cela devient chronique et endommage le système nerveux central.

Des risques plus élevés en ville

Le problème de la qualité de l'air est particulièrement d'actualité en Chine. Dans une récente étude, des chercheurs de l'université de Pékin et de l'université de Xinhua ont observé près de 20.000 habitants de 25 provinces à travers le pays. Il a été demandé aux sujets d'évaluer leur état psychique entre 2010 et 2014: les scientifiques souhaitaient connaître la fréquence des dépressions, de la nervosité et des déceptions.

© AP Photo / Andy WongPollution de l'air en Chine
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Il s'est avéré que l'état psychique dépendait le plus du smog contenant de nombreuses particules toxiques très fines (moins de 2,5 micromètres) et des variations de températures la journée.

Enfin, la plus grande étude sur la recherche d'un lien entre l'écologie et les maladies psychiques a été présentée fin août par des chercheurs de l'université de Chicago (USA) et de l'université d'Orhuss (Danemark). Ils se sont basés sur les informations de 151 millions de cas d'assurance aux États-Unis entre 2003 et 2013 et de 1,4 million de patients nés au Danemark entre 1979 et 2002 et qui y ont vécu les dix premières années de leur vie.

De plus, les chercheurs américains ont évalué l'impact des facteurs sociaux tels que l'accès à l'assurance maladie, les revenus, la densité de la population et l'origine héréditaire - si les sujets avaient des ancêtres d'Europe ou d'Afrique ou s'ils étaient des Américains «de souche».

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Le risque le plus élevé de grande dépression a été constaté chez les ressortissants d'Europe; et la schizophrénie et l'épilepsie chez les Afro-Américains. Le risque de trouble bipolaire augmente de 27% dans les districts avec une mauvaise qualité de l'air par rapport à la moyenne nationale. La mauvaise qualité du sol augmente le risque de troubles de la personnalité de 19,2%.

Au Danemark, les résultats ont montré que chez les individus qui ont grandi dans les régions les plus polluées du pays, le risque de troubles de la personnalité était supérieur de 162%, de schizophrénie de 148%, de trouble bipolaire de 29,4%. Et bien qu'il soit impossible de comparer directement ces résultats avec ceux des observations américaines, la tendance est bien visible.

Par ailleurs, il est encore impossible de prouver un lien de cause à effet entre la pollution de l'air et les troubles psychiques: il existe un trop grand nombre d'autres facteurs nuisibles et de stress qui entourent les citadins. En ce qui concerne le mécanisme d'un tel lien, les auteurs de l'étude avancent trois hypothèses, qui se résument au stress oxydant dans les cellules du cerveau et, par conséquent, à leur dépression, à leur mort et à l'endommagement du matériel génétique.

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