Restriction d'accès du gaz russe au gazoduc Opal: quelles conséquences aura la victoire judiciaire de Varsovie?

© AP Photo / THOMAS HAENTZSCHELLes premiers tuyaux pour le gazoduc OPAL (photo d'archives)
Les premiers tuyaux pour le gazoduc OPAL (photo d'archives) - Sputnik Afrique
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La Pologne a gagné une bataille contre Gazprom auprès du Tribunal de l’Union européenne: le géant russe ne pourra pas augmenter ses livraisons de gaz via le gazoduc Opal, prolongation du Nord Stream qui traverse l’Allemagne jusqu’en République tchèque. Un spécialiste de l’énergie a commenté la situation pour Sputnik.

En décembre 2016, la Commission européenne avait autorisé Gazprom à accroître ses livraisons de gaz vers l’Europe centrale et occidentale, en augmentant le débit du gazoduc Opal. Cela n’a pas plu au gouvernement polonais, qui a alors engagé une action en justice contre cette décision de Bruxelles, affirmant que Gazprom pourrait utiliser Opal pour contourner l'Ukraine et la Pologne et porter atteinte à leur sécurité énergétique. Aussi, la Cour européenne a-t-elle annulé la décision en question, invoquant le «principe de solidarité énergétique».

Dix milliards de mètres cubes par an en moins

Comme résultat, Gazprom ne pourra utiliser qu’à moitié le gazoduc Opal. Pour l’Allemagne, cela signifie une réduction du volume de ses importations de gaz d’au moins dix milliards de mètres cubes par an. Concernant le Nord Stream 2, cette décision de la justice européenne crée aussi des problèmes supplémentaires. Pour le droit d’utiliser à plein rendement le gazoduc Opal, le géant gazier russe avait combattu pendant sept ans. Dorénavant, la Commission européenne a deux mois pour attaquer en justice cette annulation.

«Dans les rangs du gouvernement fédéral allemand, il n’y a toujours pas d’unité sur cette question. Il se défend contre la pression de la part des États-Unis au lieu d’attaquer. Par ailleurs, on néglige apparemment le fait que le gaz naturel liquéfié (GNL) états-unien ne pourra pas satisfaire la demande de combustible. La Commission européenne affirme toutefois qu’il s’agit d’une question politique, alors que le département juridique de cette même commission est souvent intervenu contre cette thèse», a déclaré à Sputnik Christian Wipperfurth, expert en énergie.

Une décision coûteuse

Et d’ajouter que la victoire judiciaire de la Pologne sur Gazprom ne ferait que compliquer encore plus les négociations sur l’exclusion du Nord Stream 2 des règles du transport du gaz.

«Le maintien à l’avenir du transit de gaz via l’Ukraine profiterait, voire serait même indispensable, aux pays balkaniques et pas seulement à eux. Pourtant, le système de transport de gaz ukrainien est extrêmement obsolète. Sa modernisation demandera des milliards d’euros, et l’Union européenne et l’Ukraine en ont d’ailleurs convenu encore en 2006. Quoi qu’il en soit, cette entente ne s’est jamais réalisée», a rappelé M.Wipperfurth.

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Selon ce dernier, les sociétés énergétiques européennes ne sont pas prêtes à dépenser de telles sommes.

«La meilleure solution serait d’achever la construction du Nord Stream 2, en livrant entre temps du gaz en Saxe et ensuite en Tchéquie via Opal, tout en modernisant le système de transport de gaz ukrainien», a détaillé le spécialiste.

Et de conclure que la Pologne, l’Allemagne, l’UE et la Russie devraient s’entendre sur cela.

Le Nord Stream 2

Le projet Nord Stream 2 a été mis au point par la société russe Gazprom, en coopération avec les entreprises européennes Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall. Il prévoit la construction d’un gazoduc d’une capacité totale de 55 milliards de mètres cubes par an, qui reliera le littoral russe à l’Allemagne via la mer Baltique.

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En juin, Gazprom a annoncé que la construction du gazoduc était achevée à 59%. Il doit être mis en exploitation d’ici fin 2019.

Le projet est critiqué par la Lituanie, la Lettonie et la Pologne, qui le qualifient de politiquement motivé. En outre, le Nord Stream 2 représente une menace pour l’Ukraine qui risque d’être privée des revenus provenant du transit du gaz russe via son territoire. Les États-Unis, qui souhaitent livrer à l’Europe leur gaz naturel liquéfié, s’opposent également au projet.

Moscou a signalé à maintes reprises que le Nord Stream 2 était un projet purement économique qui répondait aux intérêts européens.

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