Nouveaux combats en Centrafrique, «certainement pour alimenter l’économie de guerre»

© AFP 2023 Florent VergnesForces armées, Centrafrique
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Les affrontements entre groupes armés se poursuivent en Centrafrique. 24 miliciens ont été tués au nord-est de la Centrafrique, dans des combats entre groupes armés signataires du 8e accord de paix. Malgré les mises en garde des instances internationales, les violations de cet accord de paix sont de plus en plus nombreuses. Pourquoi? Décryptage.

Au moins 24 miliciens ont été tués, samedi 14 septembre, dans des combats opposant deux groupes armés dans le nord-est de la République centrafricaine (RCA), a annoncé la Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA).

«Aucune victime parmi les populations civiles suite aux combats entre le MLCJ et le FPRC (qui a attaqué la ville de Birao à 5 h du matin) qui ont fait 24 tués du côté des groupes armés et un soldat de la #Minusca blessé par balle perdue à qui je souhaite un prompt rétablissement», peut-on lire sur le compte Twitter de Mankeur Ndiaye, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Centrafrique.

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RCA: six mois après l’accord de paix de Khartoum, de fragiles avancées
L’affrontement de Birao a opposé des éléments du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) à ceux du Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), tous signataires de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (APPR-RCA). Pour Éric Yombi, journaliste, écrivain, spécialiste des relations internationales, la persistance des violences entre groupes rebelles est alimentée par le désir de continuer à contrôler les ressources du pays.

«La raison de cette résurgence des conflits est certainement matérielle. L’économie de guerre, notamment le péage routier ainsi que le contrôle des ressources, explique sans doute la confrontation de samedi dernier à Birao. C’est une localité stratégique, parce qu’elle s’ouvre sur le Soudan, de même qu’elle dispose d’un nombre important de ressources du sol et du sous-sol», explique l’analyste au micro de Sputnik.

Entre les mains du FPRC depuis 2014, cette localité proche de la frontière, d’où affluent les armes en provenance du Soudan, fait depuis l’objet d’offensives régulières du MLCJ. Les deux groupes s’y sont encore affrontés du 1er au 3 septembre dernier. Plusieurs sources estiment que les combats du 14 septembre sont une offensive du FPRC pour tenter de reprendre le contrôle de secteurs de cette localité stratégique tombés aux mains du MLCJ. Une thèse que dément ce dernier, qui affirme à l’inverse avoir riposté à une nouvelle attaque de ses positions en périphérie de Birao.

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Alors que les tensions restent vives entre les deux mouvements rebelles, l’Union africaine (UA), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la MINUSCA dénoncent dans un communiqué conjoint publié samedi soir «la reprise des hostilités entre le FPRC et le MLCJ» dans la ville de Birao. Ces organisations affirment que les enquêtent en cours «permettront d’établir les responsabilités de chacun et les coupables devront répondre de leurs actes devant la justice.»

Si la nature exacte des châtiments à appliquer en cas de violation de l’accord de paix fait encore l’objet de discussions entre les garants et facilitateurs de cet accord, les milices armées n’ont de cesse de braver les interdits, malgré les menaces de sanction, car, pense Éric Yombi, «le partage du pouvoir dans le cadre de l’accord de paix de Khartoum ne leur apporte que très peu de devises et d’avantages.»

«Certes, ce partage du pouvoir les rend influents, mais sur le plan matériel, cela ne rapporte pas beaucoup. C’est pourquoi ils préfèrent multiplier des zones de non-droit pour mieux exploiter les ressources du pays», poursuit l’analyste au micro de Sputnik.

Les menaces et sommations ne suffisent plus à faire taire les armes. L’affrontement de Birao pourrait davantage éroder la confiance entre les groupes armés et le gouvernement centrafricain. Pour juguler cette crise qui perdure au détriment de la stabilité, Éric Yombi préconise au-delà des pressions et sanctions à envisager, «la reconstruction de l’État centrafricain» comme l’une des solutions idoines.

«Si l’État centrafricain retrouve la capacité de remplir ses différentes missions régaliennes, il affaiblira subtilement le rôle, la puissance ou encore l’influence de ces différents groupes armés. La RCA doit s’appuyer sur l’ensemble de ses partenaires pour se reconstruire», argue Éric Yombi au micro de Sputnik.

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Six mois après la signature de l’accord conclu en février entre le gouvernement et 14 groupes armés, la paix tarde à revenir en Centrafrique, où les provinces sont toujours contrôlées à 80% par les groupes rebelles. Depuis 2013, la Centrafrique est le théâtre d’affrontements entre groupes armés et milices, qui commettent d’innombrables violences et exactions.

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