Près de la moitié des jeunes musulmans souhaite que la laïcité s’adapte à l'islam en France

CC BY-SA 2.0 / Kazuyoshi Nomachi / OpeningKoranCoran datant de 1867 à Istanbul en Turquie
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Trois décennies après l’affaire des foulards à Creil, l'Ifop a réalisé une enquête pour Le Point et la fondation Jean-Jaurès portant sur les musulmans en France. Jérôme Fourquet, analyste politique et directeur de département de cet institut de sondage, résume les principales tendances révélées par l’étude.

«Le tchador n'a pas encore dit son dernier mot face au blue jean», constate dans son entretien au magazine Le Point Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Institut français d'opinion publique (Ifop). Une étude réalisée par cet organisme 30 ans après Creil et portant sur les musulmans dans l’Hexagone lui a permis de révéler une série de tendances et de conclure que «l'empreinte de la religion sur cette population ne s'est pas effacée, bien au contraire».

«Les résultats de cette enquête indiquent que les injonctions de la religion musulmane sont aujourd'hui plus prégnantes que lors de l'affaire de Creil et que cette empreinte est puissante dans la jeunesse et sur certains points, y compris parmi les diplômés», indique-t-il dans son interview au Point.

Ainsi, l’enquête montre que l’orthopraxie se renforce. Le nombre des personnes déclarant aller à la mosquée pour la prière de vendredi a presque doublé au cours de cette période passant de 16% en 1989 à 38% actuellement, indique M.Fourquet, soulignant qu’il s’agit cependant du «déclaratif». Or, inversement à ce qu’on observe chez les catholiques, le taux des personnes plus âgées fréquentant le lieu de culte le vendredi est plus faible que chez les jeunes: 28% contre 49%. Le nombre des musulmans en France jeûnant pendant le mois de ramadan et ne consommant pas d’alcool est également en progression, constate-t-il.

Encore une tendance: «la forte prégnance du halal, qui ne se limite plus à la viande».

Par contre, le voile reste minoritaire, même si le nombre des femmes déclarant le porter a augmenté, il n’est adopté que par «un petit tiers de femmes d'origine ou de confession musulmane».

Attitude vis-à-vis de la laïcité

«Ils ne sont que 41% à estimer que la pratique de l'islam doit être adaptée et aménagée pour se conformer à la laïcité à la française, contre 37% qui estiment que c'est au contraire la laïcité française qui doit s'adapter, avec une forte minorité (19%) qui ne se positionne pas sur cette question», indique par ailleurs Jérôme Fourquet, ajoutant que le nombre des personnes estimant que c’est à la laïcité de s’adapter avait progressé de huit points depuis 2011.

Qui plus est, d’après l’infographie basée sur les résultats de l’étude de l’Ifop, chez les moins de 25 ans, le taux de ceux qui souhaitent que la laïcité s’adapte à l'islam est de 14%.

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Le nombre de ceux qui s’opposent à la loi adoptée en 2010 qui interdit le port du voile intégral dans les rues est également en hausse.

«Quand on regarde dans le détail, on voit que les demandes concrètes d'adaptation de la laïcité sont soutenues et parfois très massivement. Ainsi, 82% des sondés pensent qu'on devrait pouvoir manger halal dans les cantines scolaires et 68% estiment qu'une jeune fille devrait avoir la possibilité de porter le voile à l'école», fait-il noter.

En outre, 27% des personnes interrogées sont d'accord avec l'idée que «la charia devrait s'imposer par rapport aux lois de la République».

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Jérôme Fourquet attire cependant l’attention sur l’hétérogénéité des musulmans en France et c’est une minorité, indique-t-il, qui «se positionne sur un agenda beaucoup plus maximaliste et radical».

«Un différentiel assez important se dessine selon l'ancienneté de la présence en France. Parmi ceux qui sont français de naissance, "seuls" 18% estiment que la charia devrait s'imposer. Parmi ceux qui sont français par acquisition, ils sont 26% et parmi les étrangers, c'est 46%».

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