L’icône moderne «Les Martyrs de Libye» débarque au Petit Palais

© AP Photo / Bernat ArmangueCoptic girl prays during a mass at the Cave Cathedral or St. Sama'ans Church
Coptic girl prays during a mass at the Cave Cathedral or St. Sama'ans Church  - Sputnik Afrique
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Une icône contemporaine exceptionnelle vient d’enrichir la salle des icônes du Petit Palais de Paris. Une grande œuvre graphique intitulée Les Martyrs de Libye représente le meurtre de 21 coptes égyptiens sur une plage libyenne par des terroristes de Daech*. Explications pour Sputnik de la responsable des collections byzantines du musée.

La semaine dernière, la collection du musée des Beaux-Arts de la ville de Paris dans le Petit Palais s’est enrichie d’une œuvre à dimension internationale historique: une icône contemporaine de Nikola Saric, peinte en mémoire des 21 ouvriers coptes assassinés en Libye par Daech* en 2015. Cette œuvre est une variante d’artiste du dessin se trouvant dans la collection du Collège oriental d'Eichstätt, en Allemagne, mais d’après Raphaëlle Ziadé, responsable des collections byzantines, elle se distingue de cette première «par les couleurs et des détails dans la composition».

«Nous avons souhaité acquérir cette œuvre car elle traite d'événements récents», précise a Sputnik Raphaëlle Ziadé. «Ce drame est vu par l'artiste selon les canons de la tradition byzantine mais dans un traitement stylistique entièrement nouveau.»

© Photo Petit PalaisNikola Sarić, Les martyrs de Libye, 2018, Aquarelle et encre sur papier ; 0,70x1 m
L’icône moderne «Les Martyrs de Libye» débarque au Petit Palais - Sputnik Afrique
Nikola Sarić, Les martyrs de Libye, 2018, Aquarelle et encre sur papier ; 0,70x1 m

Malgré le fait qu’on parle de «la première "icône contemporaine" qui rejoint les collections d’icônes du musée», la muséologue insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une icône au sens liturgique du terme dans la mesure où cette image, qui est une aquarelle sur papier, «est passée directement de l’atelier de l’artiste au musée, sans être intégrée à une église, une communauté ou un foyer orthodoxes».

«En ce qui concerne la question de la modernité, chaque époque et chaque région du monde chrétien oriental a créé des styles différents et même inventé des thèmes iconographiques nouveaux», rappelle Raphaëlle Ziadé. «Ce qui nous a justement intéressés dans l’œuvre de Nikola Saric, c’est sa capacité à innover selon sa propre sensibilité et son environnement tout en étant un parfait héritier de la signification théologique des icônes de martyrs de l’art byzantin.»

Auparavant, l’icône était une œuvre anonyme, monastique, même si l’Histoire nous rapporte les noms de grands artistes et leurs écoles. Aujourd’hui, il existe d’un côté une création d’icônes d’ateliers qui s’attache à reproduire tel ou tel modèle ancien «comme à Byzance», «comme au XVIe siècle», et il y a en parallèle, des artistes qui suivent leur propre cheminement artistique et produisent une œuvre personnelle, inimitable. «Cela n’est pas incompatible avec une profonde compréhension de la tradition», assure la responsable des collections byzantines du Petit Palais.

On assiste actuellement à un certain épanouissement religieux orthodoxe, de plus en plus de peintres d'icônes créent au sein de l’Église.

Mais comprennent-ils la signification théologique profonde de l'icône? Quelles sont les risques pour les peintres d’icônes?

«En tant que conservatrice exerçant dans un musée français, je ne me place pas du point de vue d’un éventuel "risque"», avoue Raphaëlle Ziadé, «ce qui sous-entend qu’il y aurait une voie canonique de peindre et des déviances possibles. Je me place du côté de la qualité plastique et de l’analyse artistique et historique des productions par rapport à la longue Histoire des images du christianisme oriental.»

Le musée, avec ses fonds d'arts graphiques constitués de 18.000 gravures et 9.000 dessins anciens et modernes, voit même une ouverture pour élargir désormais sa collection d’icônes contemporaines, «si une œuvre d’une égale qualité artistique et d’une acuité historique aussi importante se présentait à nouveau».

«L’aquarelle de Nikola Saric s’intègre parfaitement dans notre collection d’icônes martyrologiques tout en témoignant de la naissance d’une image contemporaine entièrement nouvelle.»

*Organisation terroriste interdite en Russie

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