France Télévisions convoque un journaliste qui avait évoqué la piste d’un attentat à la préfecture de Paris

© AFP 2023 GEOFFROY VAN DER HASSELTLa préfecture de Paris après l'attaque du 3 octobre 2019
La préfecture de Paris après l'attaque du 3 octobre 2019 - Sputnik Afrique
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Le journaliste Clément Weill-Raynal du groupe France Télévisions a été convoqué par sa hiérarchie après avoir évoqué à l'antenne «l'hypothèse d'un acte motivé par l'islam radical» quelques heures après l’attaque à la préfecture de police, selon Force ouvrière. Il serait désormais menacé de sanctions, précise le syndicat auquel se réfère Le Point.

Peu après l’attaque à la préfecture de police à Paris, le journaliste Clément Weill-Raynal, qui travaille pour le groupe France Télévisions, a évoqué à l’antenne «l'auteur de ce qui semble bien être un attentat» et «l'hypothèse d'un acte motivé par l'islam radical». Il risquerait des sanctions de la part de sa hiérarchie, affirme Force ouvrière.

«Effaré» par la situation

Le Point a contacté le journaliste en question pour l’interroger. Selon Clément Weill-Raynal, il est «effaré» par la tournure que prend l'affaire.

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Il dit qu’il était l’un des premiers à se rendre sur les lieux de la perquisition au domicile du tueur avec son équipe. Ils devaient notamment alimenter les antennes de France 2, France 3 et Franceinfo et se charger de nombreux directs par téléphone. Le journaliste a recueilli des «informations sur le terrain» et  était l’un des premiers à dévoiler à l’antenne que l’assaillant était «converti à l'islam».

Convoqué à plusieurs reprises

D’après le syndicat, Weill-Raynal a été convoqué à plusieurs reprises dès le lendemain de l'attaque.

«Au fil des entretiens, qui se sont déroulés dans une ambiance chaque fois plus orageuse, notre confrère s'est vu reprocher un "défaut de maîtrise à l'antenne", en particulier d'avoir trop tôt évoqué "l'hypothèse" d'un attentat terroriste d'inspiration islamiste, ce qui, pour sa direction, constituerait une "faute".»

Pour Clément Weill-Raynal, il n’a «fait que [son, ndlr] travail», d'abord en mentionnant certes un «attentat», sans toutefois le qualifier: «Il me semble que quand on poignarde quatre policiers, c'est un attentat.» Puis, il a émis une «hypothèse», s’appuyant sur les informations recueillies sur place.

«J'ai évoqué une hypothèse et, aujourd'hui, on me parle de faute professionnelle, c'est kafkaïen», résume le journaliste.

Ces «menaces et ces mises en cause sont injustifiables», a annoncé le syndicat, évoquant des «pressions» qui «relèvent de l'intimidation et du procès d'intention».

Commentaire de France télévisions

D’après la direction de l'information de France Télévisions cité par Le Point, le journaliste a tout simplement reçu un «rappel à l'ordre» pour des «consignes pas respectées» sur le partage des informations.

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«Sur des sujets sensibles comme celui-ci, nous devons être très vigilants, il faut qu'on ait une maîtrise de l'antenne. L'information de service public se doit d'être exemplaire.»

Attaque à la préfecture de police de Paris

Le 3 octobre, une attaque au couteau a frappé la préfecture de police de Paris faisant quatre morts — trois policiers et un agent administratif — ainsi qu’un blessé grave. Le tueur, qui travaillait à la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP), a été abattu par la police.

Après avoir découvert certains signes de radicalisation au domicile de l’auteur de la tuerie qui s’était converti à l’islam, les enquêteurs estiment qu’il pourrait s’agir d’une attaque djihadiste. L’affaire a été soumise au parquet national antiterroriste.

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