Un défenseur des droits: «aux USA, on ne permettra pas à Assange de vivre jusqu’à son acquittement»

© Sputnik . Justin Griffiths-Williams / Accéder à la base multimédiaUne affiche dans les mains d'un participant au rassemblement en faveur de Julian Assange près du bâtiment du Tribunal de Westminster à Londres
Une affiche dans les mains d'un participant au rassemblement en faveur de Julian Assange près du bâtiment du Tribunal de Westminster à Londres - Sputnik Afrique
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Accusé d'espionnage par Washington et menacé d'extradition vers les États-Unis, Julian Assange comparaissait lundi 21 octobre devant le tribunal de première instance de Westminster. Craig Murray, défenseur britannique des droits de l’Homme, a avoué à Sputnik avoir été ébranlé par l’état physique et moral du fondateur de WikiLeaks.

De plus en plus préoccupés par l’état physique et psychique de Julian Assange, les défenseurs des droits de l’Homme craignent qu’il ne meure avant la fin de son processus d’extradition, alors que les médias mainstream poursuivent leur campagne de diabolisation du fondateur de WikiLeaks, se moquant de son état de santé qui ne cesse de se dégrader.

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«J’ai été ébranlé par sa comparution lundi au tribunal. J’ai été profondément choqué par sa perte de poids, par la vitesse à laquelle il a perdu des cheveux et par l’apparition d’un vieillissement prématuré et largement accéléré. Il boite comme je ne l’ai jamais vu auparavant. […] Depuis son arrestation, il aurait perdu plus de 15 kg», raconte à Sputnik Craig Murray, ancien ambassadeur du Royaume-Uni, devenu dissident et défenseur des droits de l’Homme.

Et d’ajouter que la détérioration de son apparence physique n’est pas aussi choquante que celle de sa santé mentale.

«Lorsqu’on lui a demandé de donner son nom et sa date de naissance, il a visiblement lutté pendant plusieurs secondes pour se les rappeler. […]  Visiblement désorienté, il a eu beaucoup de mal à articuler les mots et à se concentrer sur son raisonnement», détaille M.Murray.

Pour lui, les difficultés qu’Assange éprouvait à s’exprimer lundi étaient frappantes.

«Pourtant, c’est l’homme le plus intelligent et le plus éloquent que je n’ai jamais rencontré. Et voilà que cette personne à l’esprit vif a été réduite par l’État en une personne confuse et incohérente, incapable de suivre le déroulement de son propre procès. Ça m’angoissée beaucoup», souligne le défenseur des droits de l’Homme.

Il ajoute qu’en observant Julian Assange dans la salle du tribunal, il a de par son expérience reconnu des signes de torture.

Une victime de la torture

«Après avoir travaillé avec des survivants de Sierra Leone et d’ailleurs, je peux vous dire que Julian présente les symptômes d’une victime de la torture,  […] et le rapporteur spécial de l'Onu sur la torture Nils Melzer en est venu à la même conclusion», rappelle M.Murray.

Et il pense que même en cas d’extradition vers les États-Unis, le fondateur de WikiLeaks serait finalement acquitté, le premier amendement à la Constitution américaine étant un pilier majeur de la société politique du pays.

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«Je ne pense par ailleurs pas que la Haute cour des États-Unis soit saisie d’accusations contre un éditeur pour la publication d’une information véridique. Pourtant, les prisons américaines sont pires que les britanniques. Et je suis presque persuadé qu’aux États-Unis, on ne permettra pas à Assange de vivre jusqu’à son acquittement», avance Craig Murray.

Enfin, il considère que l’audience a viré à la farce, car aucune faveur n’a été accordée à la défense. La justice britannique prenait ses instructions directement auprès de représentants du gouvernement états-unien, assis dans la salle du tribunal, derrière les procureurs.

«Je suis étonné que les médias mainstream ne rapportent rien de ce qui s’est produit lundi dans la salle du tribunal», s’indigne l’interlocuteur de Sputnik.

L'audience principale est fixée au 25 février 2020. Ce jour-là sera décidé si le fondateur de WikiLeaks sera libéré ou s’il devra passer le reste de sa vie dans une prison américaine.

Le 11 avril, Julian Assange a été arrêté à l’ambassade d'Équateur à Londres, où il s’était réfugié il y a sept ans, à la suite d'une demande d'extradition des États-Unis. Il est actuellement détenu à la prison de Belmarsh.

Il a été condamné début mai à près d'un an de prison par la justice britannique pour violation des termes de sa liberté conditionnelle lorsqu'il s'était réfugié à l'ambassade d'Équateur en 2012. Si Julian Assange est reconnu coupable, il risque aux États-Unis une peine cumulée de 175 ans de prison.

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