La sonnette d'alarme sur la situation économique de l'Algérie tirée par une organisation patronale

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La crise économique en Algérie, «si elle venait à se poursuivre, risque d’avoir pour conséquences, notamment, une déliquescence du tissu industriel national et une aggravation du chômage qui touche de nombreux citoyens et en particulier les jeunes», affirme l’Union nationale des entrepreneurs publics dans un communiqué.

À un mois, jour pour jour, de l’élection présidentielle en Algérie, l’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP) tire la sonnette d’alarme quant à la situation économique du pays, indique un communiqué de cette organisation relayé par l’agence officielle Algérie Presse Service (APS). Ce constat, partagé par bon nombre d’experts économiques algériens, devrait constituer le pilier central des projets présidentiels des cinq candidats.

«Au cours des derniers mois, plusieurs secteurs de l’économie nationale connaissent de graves difficultés dues notamment à la baisse importante des plans de charge, à la baisse constante de la demande sur les biens et services, ainsi qu’à la persistance des créances non recouvrées et à la difficulté d’approvisionnement en matières premières, pièces détachées ou intrants», affirme le communiqué de l’UNEP.    

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Dans le même sens, l’organisation patronale publique précise que «de nombreux indicateurs indiquent que l’économie nationale est actuellement confrontée à des contraintes drastiques à caractère structurel résultant des effets cumulés de nombreux facteurs endogènes et exogènes, notamment la baisse importante des ressources provenant du secteur des hydrocarbures».

Les risques à court terme

Tel que répété plusieurs fois par des experts qui ont mis en garde contre la faillite du pays d’ici à 2022 si rien n’était fait pour corriger la situation, l’UNEP explique que la situation de stagnation économique que connaît actuellement le pays a généré des «situations extrêmement difficiles à gérer qui hypothèquent souvent la vie même de nombreuses entreprises».

«Cette situation de stagnation économique, si elle venait à se poursuivre, risque d’avoir pour conséquences, notamment, une déliquescence du tissu industriel national et une aggravation du chômage qui touche de nombreux citoyens et en particulier les jeunes», met-elle en garde, ajoutant que cette crise économique «s’est notamment traduite au niveau des opérateurs économiques par de multiples et graves difficultés, ainsi que de nombreux dysfonctionnements qui altèrent les rendements de la sphère d’activité économique et hypothèque l’avenir de notre société».

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Ainsi, vu les risques encouru par l’économie algérienne à très brève échéance, l’UNEP estime que «cette situation révèle la nécessité de la mise en place urgente d’un nouveau pacte économique et social auquel participera l’ensemble des acteurs et partenaires de la sphère d’activité économique».

Le constat du ministre des Finances

Le ministre des Finances Mohamed Loukal a affirmé jeudi 7 novembre devant les députés, lors d’une séance de questions-réponses relatives au projet de loi de finances 2020, que le déficit du budget de l’État était de 1.533 milliards de dinars (11,7 milliards d’euros) (soit 7% du PIB), alors que celui du Trésor s’élevait à 2.435 milliards de dinars (18,4 milliards d’euros) (soit 11,4% du PIB).

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M.Loukal a expliqué la différence de près de 900 milliards de dinars (6,8 milliards d’euros) entre ces deux déficits par la couverture, par le Trésor, du déficit de la Caisse nationale des retraites (CNR) qu’il estime désormais à 700 milliards de dinars (5,3 milliards d’euros) par an.

«Avec l’absence de réserves à court terme et la non-application de réformes à moyen et long termes, il pourrait atteindre les 800 milliards de dinars [6 milliards d’euros, ndlr] en 2021 et se creusera avec une moyenne annuelle de 2,5%, voire 3% tout au long de la prochaine décennie», a affirmé le ministre, précisant qu’«il n’était plus possible de compter sur le concours du budget de l’État pour couvrir ce déficit de manière entière et permanente».

In fine, l’Algérie connaîtra en 2020 un déficit global comparable à celui de l’année en cours, explique le ministre, rappelant que la planche à billets a pour l’instant servi au traitement de la dette de la CNR à hauteur de 500 milliards de dinars (3,8 milliards d’euros).

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Dans ses réponses aux députés, Mohamed Loukal a assuré que le financement du déficit du Trésor sera réalisé par le recours à «des ressources internes», sans préciser lesquelles.

Par ailleurs, il a expliqué qu’«il était possible de recourir, le cas échéant, au financement non conventionnel [la planche à billets, ndlr]» même si la loi de finances 2020 l’exclut officiellement.

«Ce financement [non conventionnel, ndlr], qui a atteint le montant de 6500 milliards de dinars [49,2 milliards d’euros, nlr], constitue une dette à long terme pour le Trésor public, qui la remboursera sur 30 ans avec un taux d’intérêt ne dépassant pas 0,5%», a-t-il indiqué, assurant que le «fardeau de ce financement sur le Trésor n’est pas aussi important». Il estime la dette publique interne à 40% du PIB.

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Le projet de loi de finances 2020 indique que l’Algérie fera face à une baisse de ses recettes de 8,3% et ce malgré une hausse de 5,3% de la fiscalité ordinaire. Cette baisse globale s’explique par le fait que le gouvernement table sur un recul de la fiscalité pétrolière en 2020, principale source de devises pour le pays.

En plein débat sur le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures, le ministre algérien de l’Énergie Mohamed Arkab a déclaré mardi 29 octobre devant la Commission des affaires économiques à l’Assemblée populaire nationale que «60% des réserves initiales d’hydrocarbures du pays étaient épuisées». 

Ceci intervient alors que le gouvernement a décidé d’abandonner le recours à la planche à billets, laquelle avait permis de maintenir l’économie du pays en activité depuis novembre 2017.

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