Un expert en rhétorique explique quelle idéologie domine Internet parmi les jeunes

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La lutte entre générations se manifeste sur les réseaux sociaux avec les générations Y et Z qui lancent de sarcastiques «Ok Boomer» à leurs aînés. Philippe-Joseph Salazar dévoile à Rachel Marsden quelle idéologie politique domine sur Internet dans la jeune génération et en analyse les diverses tribus: Snowflakes, Incels, Groypers...

«Ok Boomer». Vous avez sans doute déjà lu cette expression sarcastique, employée sur les réseaux sociaux par un «millenial» ou représentant de la génération Z (les «Zoomers») envers quelqu’un de la génération du baby-boom.

Cette repartie vient en réponse aux propos d’un Boomer qui conforte le jeune dans son idée qu’ils ont non seulement vécu protégé des aléas de la vie, mais que non contents d’être déconnectés des défis auxquels sont confrontés les jeunes générations, ils en sont responsables. Comment cette rupture générationnelle se traduit-elle en politique?

Philippe-Joseph Salazar, expert en rhétorique à la faculté de droit du Cap en Afrique du Sud, explique comment les jeunes ont transposé les grèves prisées par leurs parents –et réduites aujourd’hui à une «sorte d’appendice du dialogue social»– dans le cyberespace:

«Ces groupes d’ultra-droite, mais également les Antifa qui prolifèrent sur Internet, leur but c’est un changement radical de la société. C’est-à-dire qu’ils ont transformé la très importante idée marxiste de la violence comme moteur de l’histoire de la lutte des classes dans le monde cybernétique.»

L’auteur du livre «Grand Oral: Petit traité de prise de parole en Public» (Éditions Genèse) souligne que, parmi les jeunes, la droite domine sur la Toile:

«Aux États-Unis, ceux qui manipulent Internet avec une agilité et une vivacité, un sarcasme, une ironie extraordinaire, ce sont les jeunes gens de ce qu’on appellerait l’ultra-droite en France.»

D’après Salazar, les sites montés par l’ultra-gauche ont tendance à s’effondrer du jour au lendemain:

«L’une des raisons pour laquelle l’ultra-gauche en Europe et aux États-Unis n’arrive pas à décoller sur Internet, c’est qu’ils sont vraiment coincés dans le vieux système marxiste-léniniste, c’est-à-dire de produire des documents, des analyses. C’est un peu un système d’apparatchik.»

L’expert prend l’exemple d’un site de gauche typique et décrypte ses faiblesses face à ses opposants idéologiques:

«Hope Not Hate, bien qu’il soit extrêmement bien informé, n’a pas la vivacité, le ton, le style qu’il faut pour attirer des lecteurs. Ça se lit souvent comme des articles de Libération, si vous voulez, avec de mauvais jeux de mots, des plaisanteries de potache.
Tout cela ça gâche la qualité de l’information parce que très souvent, il y a d’excellentes informations dans Hope Not Hate, mais ils n’ont pas vraiment compris que dans l’âge cybernétique des Zoomers, il faut aller très vite, il faut s’amuser, il faut être sarcastique, il ne faut pas se prendre au sérieux, tout en faisant passer des messages extrêmement sérieux.»
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