Réponse aux Mistral français: à quoi ressemblera le nouveau porte-hélicoptères russe?

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Des centaines de fantassins de marine, des dizaines de véhicules blindés et des opérations de débarquement à des milliers de kilomètres du littoral national: la flotte russe recevra au milieu des années 2020 des navires d'une toute nouvelle classe - des bâtiments de débarquement universels également appelés navires d'assaut amphibie.

Les chantiers navals, les ingénieurs et les militaires planchent déjà sur les détails du projet et les missions des futurs navires de débarquement.

Des plans ambitieux

Ces porte-hélicoptères seront construits au chantier naval Zaliv, à Kertch. Le début de la construction de deux navires de débarquement est prévu pour 2020, et leur transfert à la marine russe pour 2025 et 2026. A terme, cette série pourrait être poursuivie.

On ignore pour l'instant selon quel projet seront construits ces bâtiments. Rappelons qu'après la rupture du contrat français pour l'achat de porte-hélicoptères de classe Mistral, les bureaux d'étude russes avaient préparé plusieurs versions. En 2015, le bureau d'étude de la Neva avait présenté le concept de navire d'assaut amphibie Priboï. Cet appareil d'un tirant d'eau de 14.000 tonnes est prévu pour naviguer en autonomie pendant deux mois avec une portée de 11.000 km. Le Priboï devrait également pouvoir embarquer jusqu'à huit hélicoptères Ka-27 et six embarcations d'assaut et transporter jusqu'à 500 fantassins et 60 véhicules blindés.

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Le centre national de recherche Krylov avait proposé sa propre version de porte-hélicoptères. Plus imposant, il se présente sous la forme d'un semi-trimaran d'un tirant d'eau de 24.000 tonnes. Selon les plans, il peut embarquer sur son pont et en soute 16 hélicoptères d'attaque Ka-52, hélicoptères de transport et de combat Ka-29 et hélicoptères polyvalents Ka-27. Le bâtiment est capable d'embarquer 500 fantassins et une cinquantaine de véhicules. Il est prévu de faire débarquer l'infanterie à l'aide de plusieurs embarcations d'assaut Serna ou Raptor. La vitesse du navire d'assaut amphibie dépasse 20 nœuds, avec une portée approximativement la même que le Priboï, mais avec une autonomie inférieure - seulement un mois.

La défense du navire est assurée par un canon d'artillerie de 76 mm AK-176M, plusieurs canons de 30 mm AK-630 Douet, deux systèmes antiaériens Pantsir-ME et des systèmes anti-sous-marins Paket-NK.

Chasseurs de sous-marins

Il faut dire que l'industrie de l'armement russe possède déjà une expérience de construction de tels bâtiments. Même si les particularités de la doctrine militaire nationale supposaient une différence significative entre les porte-hélicoptères soviétiques et étrangers, aussi bien en termes d'apparence que de missions à accomplir. L'Union soviétique ne planifiait pas d'attaquer des républiques bananières en envoyant vers leur littoral des porte-hélicoptères pour ratisser la côte et faire débarquer l'infanterie avec une couverture aérienne. Un rôle secondaire était imparti en URSS aux opérations de débarquement, et les grands navires de débarquement étaient généralement utilisés pour transporter et faire débarquer l'infanterie de marine sur la côte.

Les amiraux soviétiques étaient bien plus préoccupés par les sous-marins nucléaires de l'ennemi. Dans les années 1960, les ingénieurs navals ont été chargés d'élaborer un croiseur-porte-hélicoptères pour la lutte anti-sous-marine capable de détecter, de suivre et de les détruire loin de ses bases.

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Quelques années plus tard, la flotte russe de la mer Noire a reçu deux croiseurs du projet 1123 Kondor, baptisés Moskva et Leningrad, à la structure assez originale. Si l'avant paraît assez ordinaire, en V, la coque a été significativement élargie à partir du milieu. Vu d'en haut, le bâtiment rappelait une poire. Cette solution a permis d'augmenter la surface du pont de vol.

Les hangars abritaient jusqu'à 14 hélicoptères anti-sous-marins, qui décollaient tour à tour pour des patrouilles opérationnelles afin de lancer des sonars et d'effectuer la reconnaissance. Les Kondor étaient équipés de puissants radars et armements. Les croiseurs étaient dotés de missiles anti-sous-marins munis, entre autres, d'ogives nucléaires, de torpilles de 533 mm, de mortiers réactifs, de systèmes antiaériens et de canons d'artillerie.

Mais ces navires possédaient également des lacunes majeures. Par exemple, les croiseurs s'enfonçaient dans les vagues en cas de tempête à cause de leur forme inhabituelle. L'eau qui débordait sur le pont pouvait endommager une partie des équipements. De plus, le contrôle et la maintenance du navire demandaient beaucoup de main d'œuvre, avec un équipage jusqu'à 800 matelots et officiers.

Néanmoins, ces porte-hélicoptères remplissaient avec succès leurs missions en Méditerranée et dans l'Atlantique. Sachant qu'ils ne luttaient pas seulement contre les sous-marins, mais participaient également aux opérations de sauvetage. En particulier, en 1974, le Leningrad a participé à la mission de déminage du canal de Suez.

Ce croiseur a été retiré du service en 1991 et vendu au prix de la ferraille à une société indienne. Le Moskva a tenu plus longtemps: sa dernière sortie en mer a eu lieu en 1993, puis il a été transformé en caserne flottante avant d'être vendu au prix de la ferraille en 1997.

L'idée générale

Les pays occidentaux ont une expérience de construction de porte-hélicoptères bien plus riche. C'est surtout le cas des États-Unis. Depuis le milieu des années 1970, la marine américaine possède des navires d'assaut amphibie de classe Tarawa.

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Il s'agit d'immenses navires d'expédition capable de faire débarquer jusqu'à 2.000 fantassins de marine, des dizaines de véhicules blindés et d'hélicoptères sur un théâtre d'opérations.

Les Tarawa ont servi dans la flotte américaine jusqu'en 2015 avant de céder leur place aux Wasp, plus modernes. De plus, les États-Unis ont déjà construit et inclus dans leur flotte le premier navire de la nouvelle série de bâtiment de débarquement America.

A noter que l'URSS prévoyait également des projets de navires d'assaut amphibie similaires aux projets américains. Au milieu des années 1980, les ingénieurs ont mis au point un projet de navire de débarquement universel sous le code 11780. Il ressemblait à tel point à son analogue américain qu'il a été officieusement surnommé «Ivan Tarawa».

Le pont de 200 mètres de l'immense bâtiment d'un tirant d'eau de plus de 30.000 tonnes pouvait accueillir aussi bien des hélicoptères que des avions embarqués Yak-38. Le navire pouvait accueillir plus de mille fantassins, 40 chars et 15 véhicules blindés de transport. Cependant, à cause des divergences au sein du commandement militaire le projet n'a jamais vu le jour. Et après la chute de l'URSS ce projet a été définitivement fermé.

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