Acte 4 des Gilets jaunes: zoom arrière sur la journée la plus sanglante du mouvement

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Manifestation des Gilets jaunes le 8 décembre 2018 - Sputnik Afrique
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«N’hésitez pas à percuter ceux qui sont à votre contact, à proximité, ça fera réfléchir les suivants». Avec plus d’un millier de personnes placées en garde à vue, des centaines de blessés et quatre éborgnés, l'acte 4 des Gilets jaunes fut l'un des plus violents. Une enquête du Monde révèle ce qui a basculé lors de cette journée.

Une semaine après les actes de vandalisme commis sur l’Arc de Triomphe le 1er décembre 2018, les autorités ont mis un point d’honneur à lutter plus efficacement contre les auteurs de dégradations. Le Monde a révélé la vaste opération mise en place par les autorités en marge de l’acte 4 des Gilets jaunes, le 8 décembre 2018, il y a tout juste un an.

Tirs de LBD, arrestations en masse, les forces de l’ordre ont usé de tous les outils répressifs et législatifs pour le maintien de l’ordre, et s’en sont servis encore plus souvent depuis. Côté stratégie, les policiers ont misé sur la mobilité, avec la création des Détachements d’action rapide (DRM) qui deviendront ensuite les Brigades de répression de l’action violente motorisées (BRAV-M). Ces policiers et gendarmes font ainsi usage de motos pour se rendre rapidement d’un endroit à un autre puis procéder, à pieds, à des charges ou des interpellations.

 

Une escalade de la violence

À Paris, alors que les manifestants s’approchaient des Champs-Élysées, le commandement des CRS voulait à tout prix éviter que ceux-ci n’établissent des barricades sur le haut de l’avenue, raconte le média. À cette fin, les blindés étaient de sortie, les CRS armés de LBD. Ces derniers ont reçu l’ordre «d’y aller franchement». «N’hésitez pas à percuter ceux qui sont à votre contact, à proximité, ça fera réfléchir les suivants», a encouragé le commandement, d’après les informations du Monde.

Ce jour-là, 126 blessés sont dénombrés dans la capitale, dont 17 policiers, indique le quotidien. Quatre personnes ont perdu un œil après avoir été touchées par un tir de LBD. Toutes les victimes éborgnées n’étaient pas des Gilets jaunes. L’avocat de plusieurs manifestants, Philippe de Veulle, a lui-même reçu un tir dans le dos. «C’est la même sensation qu’une balle, mais qui ne pénètre pas», a-t-il décrit au Monde. «J’étais sidéré par cette violence».

Des manifestants interpellés avant d’avoir agi

Le 8 décembre dernier a également été marqué par des interpellations massives, alors que certains mis en cause n’avaient montré aucun signe de violence. Ainsi, plusieurs dizaines de personnes ont été interpellées dès leur descente du bus et à la sortie du métro, avant même qu’ils aient pu rejoindre le cortège des manifestants.

Les policiers arrêtaient tous ceux qui portaient des équipements de protection dans le cadre de la «participation à un groupement en vue de commettre des dégradations et des violences». Peu utilisé auparavant, ce délit créé par Nicolas Sarkozy est depuis invoqué lors des interventions avant même qu’un acte ait été commis, explique Le Monde.

Afin de pouvoir placer tous les interpellés, certains locaux ont été réaménagés pour en accueillir davantage, les commissariats étant surpeuplés. Ils arrivaient par camions entiers, relate le journal. «Les officiers de police judiciaire faisaient des concours pour enregistrer les mecs le plus vite possible. Le record: quatre minutes pour une garde à vue», témoigne un policier.

Le bilan du ministre de l’Intérieur

Au terme de cette journée, 39 policiers ont été blessés, 11 de plus que la semaine précédente. Christophe Castaner a pourtant indiqué qu’«un point d’arrêt avait été mis à l’escalade de la violence» et qu’«il y avait eu beaucoup moins de blessés, beaucoup moins de violences». Alors que les chiffres de son ministère disaient le contraire.

«La réalité, c’est que, le 8 décembre, il y a eu autant de dégâts, voire plus, que la semaine d’avant: il y a eu des vitrines défoncées, des voitures brûlées, ça a été moins symbolique que l’Arc de Triomphe, mais beaucoup plus éclaté dans Paris», a clarifié un haut fonctionnaire cité par Le Monde.

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