Ex-député israélien: les prochaines élections sont loin d’être une simple bataille entre Netanyahou et Gantz

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À moins de 24 heures de la dissolution de la Knesset, gauche et droite jettent les bases de leur campagne pour les troisièmes élections israéliennes en moins d’un an. Un ex-député travailliste a expliqué à Sputnik que la mésentente entre les deux camps avait «des racines plus profondes» et ne se limitait pas à la rivalité entre Netanyahou et Gantz.

Les élections, qui se tiendront le 2 mars 2020 en Israël, si les parlementaires n’arrivent pas à s’entendre ce mercredi 11 décembre sur la création d’une coalition gouvernementale, opposeront de nouveau les camps de Benyamin Netanyahou et de Benny Gantz, qui, eux, ont beaucoup en commun malgré les différences apparentes entre leurs partis, a déclaré à Sputnik Daniel Ben Simon, journaliste et ancien député du Parti travailliste, considéré comme un parti de gauche en Israël.

Pour le bloc de droite dirigé par Netanyahou, les élections seront une lutte pour sa survie, car rester au pouvoir protégerait M.Netanyahou contre un éventuel procès pour corruption. Pour la gauche, il s’agit d’une chance de se débarrasser de cet adversaire et de son gouvernement belliciste, afin de conduire Israël sur une voie plus libérale. Mais selon M.Ben Simon, les différends entre les deux camps ont des racines plus profondes.

«Cette bataille oppose ceux qui se considèrent comme juifs et ont des liens plus forts avec l'héritage juif, et ceux qui se considèrent comme israéliens, soit libéraux et universels. De plus, la façon dont les deux parties voient le conflit est différente. Alors que la gauche croit à la possibilité de la paix, la droite est plus sceptique», a indiqué M.Ben Simon joint par téléphone.

Rapport de forces

En tout cas, la société israélienne est divisée. Selon un nouveau sondage publié mardi 10 décembre par la chaîne de télévision Channel 13, le bloc des partis de droite passerait de 55 à 52 sièges au parlement tandis que celui opposé à Netanyahou porterait sa représentation de 57 à 60 sièges, atteignant presque la majorité parlementaire, si les élections se tenaient maintenant.

Or, ce groupe comprend les formations de centre-gauche et de gauche, ainsi que le parti Bleu et blanc de Benny Gantz qui, à lui seul, devrait obtenir 37 des 60 sièges du bloc.

Sans ces 37 députés, la gauche -qui comprend le Meretz, le parti travailliste et les partis de la Liste unifiée- disposerait de 23 sièges à la Knesset, résultat incomparable avec l’époque de sa gloire passée. En effet, en 1969, la gauche en détenait 56.

«Gantz ne diffère en rien de Netanyahou», ajoute M.Ben Simon, se référant à la promesse pré-électorale de Netanyahou d'annexer la vallée du Jourdain qui abrite 65.000 Palestiniens et 11.000 colons israéliens, une décision qui a mis en colère les Palestiniens mais a été soutenue par M.Gantz.

Perte de popularité pour la gauche

Le parti travailliste a dirigé l’État hébreu pendant près de trois décennies, jusqu'en 1977. Mais les luttes intestines et la corruption d’une partie de ses principaux acteurs a nui à sa réputation, donnant l’opportunité à ses concurrents, dont le Likoud -dirigé à l’époque par le Premier ministre Menachem Begin, de remporter les élections et d’établir son contrôle sur le parlement.

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Alors que le nouveau gouvernement de droite a signé un traité de paix avec l'Égypte en 1979 et abandonné les aspirations sociales-démocrates optant pour une approche plus capitaliste, le parti travailliste de gauche a continué de sombrer.

Les accords d’Oslo de 1993, destinés à mettre fin au conflit israélo-palestinien, ont contribué à la perte de popularité des travaillistes. Selon un rapport du ministère israélien des Affaires étrangères, au cours des cinq années qui ont suivi la signature de ces accords, les radicaux palestiniens ont tué plus de civils israéliens qu'au cours des 15 années précédant ce pacte. Selon le même rapport, le nombre de personnes tuées en Israël après 1993 était de 50% supérieur à celui enregistré pendant la deuxième Intifada palestinienne de 2000.

Absence d’un leader fort

Une autre raison de la perte de popularité par la gauche est le manque d'un leader politique fort qui pourrait rivaliser avec les dirigeants charismatiques de droite.

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Dans son article pour Israel's Globes, Roni Ramon, qui a dirigé la campagne du parti travailliste en 2006, estime que Benny Gantz ne représente pas de véritable alternative:

«Gantz n'est pas un leader qui peut captiver les masses. C'est plutôt un choix par défaut, pas quelqu'un qui peut rivaliser avec Netanyahou. La gauche doit trouver un dirigeant dont la personnalité serait capable de séduire un grand nombre d’électeurs de droite et de les amener à gauche».

Pourtant, trouver un leader ne suffira pour rester à flot, note Eitan Kabel, un autre parlementaire travailliste.

La gauche devra prouver sa pertinence au public israélien et son avis selon lequel le soutien apporté par la droite au concept d’un seul État juif et à l'expansion des colonies ne résoudra pas le conflit palestino-israélien, mais ne fera que le diminuer.

«Nous n'avons pas réussi à convaincre les Israéliens que la création d’un État à deux nations à majorité arabe apportera le plus grand préjudice au pays. Cela conduira finalement à la situation, où nous nous retrouverons dans un État non démocratique, non juif, ou pire encore non démocratique ET non juif», écrit M.Kabel dans Globes.

De 1967 à 2017, Israël a fondé plus de 200 colonies en Cisjordanie, lesquelles abritent 620.000 personnes.

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