Un scientifique russe explique comment exploiter les bassins pétroliers sans mettre en danger la faune

© Photo Dmitri OudovikUn phoque barbu dans la mer d'Okhotsk
Un phoque barbu dans la mer d'Okhotsk  - Sputnik Afrique
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Comment protéger les espèces marines des marées noires? Quels secrets la mer renferme-t-elle encore? Sputnik s'est entretenu avec Dmitri Oudovik, du Centre de recherche marine de l'université d'État de Moscou, qui a «essayé de se familiariser avec la connaissance des hydrocarbures et de la biologie marine».

Dmitri Oudovik, le directeur adjoint du département de la surveillance et de la conservation de la biodiversité du Centre de recherche marine de l'université d'État de Moscou, a commencé son parcours professionnel comme scientifique. Il a ainsi étudié les mammifères marins et leurs habitats, mais lors de sa première mission en mer Blanche, il s’est trouvé face-à-face avec un énorme béluga, comprenant alors qu’il voulait aussi les protéger.

«Il faut toujours être totalement prêt à sauver les animaux»

Le Centre de recherche marine de l'université d'État de Moscou s’occupe des observations en mer. Par exemple, l’étude du plateau continental océanique et l'évaluation des empreintes environnementales de l'activité économique afin de préserver la diversité et les ressources biologiques de l'Arctique, des mers de l’Extrême-Orient russe et des zones côtières.

«Aujourd’hui, la Russie développe de manière assez importante son infrastructure et l’exploitation des bassins pétroliers et gaziers du plateau continental. Toutes les mers russes sont divisées en sites autorisés sur lesquels est effectuée la recherche d’hydrocarbures à l'aide de méthodes acoustiques». Les spécialistes des mammifères marins sont toujours présents sur les navires afin de minimiser l’impact sur la faune.

Cargo polyvalent, image d`illustration - Sputnik Afrique
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«Il faut toujours être totalement prêt à sauver les animaux, on trouve un grand nombre de cas dans l'Histoire où l’humain doit interférer dans le cours naturel des événements ou dans des situations d'urgence qui arrivent par la faute de l'Homme, comme par exemple des accidents de pétroliers et des marées noires. Toute intervention humaine dans l'environnement a un impact négatif sur la flore et la faune, il est nécessaire d'être totalement prêt à intervenir et à minimiser les risques pour l'environnement dans le cas où une telle situation se produirait.»

 

© Photo Dmitri OudovikDmitri écrit des rapports et fait des prévisions
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Dmitri écrit des rapports et fait des prévisions

À ce titre, de nombreuses méthodes de détection des animaux sont employées: surveillance acoustique à l’aide d'un sonar, caméras infrarouges et thermiques. Il existe ainsi des techniques spéciales pour calculer l'impact acoustique. En partenariat avec l’entreprise JASCO, le Centre de recherche marine de l'université d'État de Moscou effectue des simulations acoustiques pour calculer les niveaux de dommages aux animaux à différentes distances et compte tenu de la sensibilité auditive des mammifères marins on calcule des distances sûres. «Si l'animal est détecté à une distance donnée de la source émettant un signal, les sources d'exposition sont désactivées. Les méthodes sont développées par le Centre de recherche marine pour chaque projet individuellement».

© Photo Dmitri OudovikUn renard polaire en été et en hiver
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Un renard polaire en été et en hiver

Les zones de risques où aucun signal ne peut être émis peuvent être différentes en fonction de la diversité des espèces, lesquelles ont une sensibilité auditive différente: «si les cétacés à fanons ont des sons de fréquences inférieures, les cétacés à dents […] émettent des sons à des fréquences très élevées. Le béluga est appelé canari marin, car il est capable d'imiter les sons non seulement d'autres animaux, mais aussi des sons artificiels. Lorsqu’on a fait entendre aux bélugas de la musique classique grâce à des haut-parleurs sous-marins, ils ont commencé à imiter le violon, le violoncelle.»

La route maritime du nord, quel impact sur la faune?

Comme la route maritime du nord est de plus en plus utilisée, quelles conséquences cela peut-il avoir sur la faune? Selon Dmitri Oudovik, on peut parler d'un double impact: «d'une part, la présence physique des navires et la destruction de la glace peut avoir une influence négative sur les mammifères marins. Si on parle des colonies de phoques sur la glace, les bateaux peuvent séparer les mères et les petits, et pendant leur premier mois de vie les bébés phoques ne doivent en aucun cas tomber à l'eau, les mères et les bébés se perdent les uns les autres et le taux de survie diminue.

© Photo Dmitri OudovikUn ours polaire
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Un ours polaire
© Photo Dmitri OudovikUn morse frappe la glace avec ses défenses
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Un morse frappe la glace avec ses défenses
© Photo Dmitri OudovikUn béluga dans la mer d'Okhotsk
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Un béluga dans la mer d'Okhotsk
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Un ours polaire
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Un morse frappe la glace avec ses défenses
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Un béluga dans la mer d'Okhotsk

Cependant, il y a aussi la facilité d’adaptation de l'ours polaire, il n'a pas besoin de chercher de trous, de fissures naturelles, il vient juste au canal de navigation et attend les phoques là-bas. Lorsque nous travaillions sur le brise-glace Yamal le long de la route maritime du nord, on a vu très souvent des ours le long des canaux de navigation. Les espèces satellites, comme la mouette blanche et le renard arctique, mangent constamment les restes de son repas».

Dmitri Oudovik évoque aussi les recommandations données aux navires de contourner les baleines, de ne pas couper leurs trajectoires et de ne pas diviser les groupes. Si une baleine se trouve à proximité, le navire doit ralentir. De plus, les baleines elles-mêmes sentent l’approche d’un bateau et change de direction.

Les choses les plus mémorables des expéditions

Phoque (image d'illustration) - Sputnik Afrique
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Les expéditions des observateurs durent d'un an à quelques mois. Sa première expédition a duré plus de temps que prévu: «On m'a dit que l'expédition durerait un mois et on est resté coincé là-bas pendant 3,5 mois, parce que la météo n'était pas bonne et on ne pouvait pas nous faire rentrer, nous survivions comme nous le pouvions, mais c'était une expérience formidable. C'est alors que j'ai réalisé que c'est ce que je voulais faire dans la vie et depuis ce moment je me suis entièrement consacré à l'étude des mammifères marins».

La mer garde encore des secrets

«L'Institut de l'écologie et de l'évolution Severtsov a beaucoup marqué les bélugas de la mer Blanche mais personne ne sait où ils passent l’hiver, ce mystère n'est toujours pas découvert, personne ne sait comment cela se passe parce que les bélugas marqués de la mer ne partent pas, alors que nous savons que la mer Blanche est complètement recouverte de glace. Ainsi, personne ne sait comment les bélugas respirent. Il y a une hypothèse qu’ils peuvent percer une couche de glace assez épaisse.»

Comment devenir observateur d’animaux marins

Après avoir participé à plusieurs expéditions, Dmitri Oudovik a commencé à apprendre à observer les animaux marins au Centre de recherche marine de l'université d'État de Moscou.

© Photo Dmitri Oudovik Un observateur d'animaux marins
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Un observateur d'animaux marins

«Vous ne pouvez pas simplement envoyer une personne en mer, une telle personne doit avoir un très large éventail de connaissances, commençant par la base de l'activité économique sur le plateau à la biologie en passant par l'écologie et les mammifères marins». Par le biais de cours spéciaux, toute personne peut apprendre à devenir observateur des animaux marins et s'inspirer de l'expérience de spécialistes russes.

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