Macron craint-il une candidature de Sarkozy?

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L’homme d’affaires franco-algérien Alexandre Djouhri accuse, dans les colonnes du Soir d’Algérie, les autorités françaises de vouloir l’utiliser pour barrer la route à une éventuelle candidature de Nicolas Sarkozy en 2022. L’écrivain Naoufel Brahimi El Mili, qui l’a interviewé, explique à Sputnik les raisons de cette ultime sortie médiatique.

«Monsieur Alexandre», de son vrai nom Ahmed Djouhri, a accordé cette interview au journal Le Soir d’Algérie le jeudi 30 janvier, soit la veille de son extradition vers la France par les autorités britanniques. Ce sont donc ses dernières déclarations publiques avant sa mise en examen et son placement en détention provisoire. Il est poursuivi par le Parquet national financier (PNF) pour une longue série de charges, dont «corruption active», «faux et usage de faux» et «complicité et recel de détournement de fonds publics par une personne chargée d'une mission de service public». Mais Djouhri nie tout en bloc. Au journal algérois, il explique qu’il risque d’être utilisé dans l’affaire du financement libyen de la présidentielle de 2007, afin de barrer la route à une éventuelle candidature de Nicolas Sarkozy en 2022:

«Si on me garde dans la nasse, c’est au regard de l’élection présidentielle de 2022. Emmanuel Macron a très peur d’une candidature de Sarkozy qui viendrait assurer sa défaite. Alors le soi-disant dossier libyen, dans lequel on m’a collé, est un fer que l’on garde au feu pour éliminer Sarkozy avant le match, où je suis censé être un accusateur!».

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Djouhri cite le cas de l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine qui a affirmé avoir été chargé par le régime de Mouammar Kadhafi d’avoir remis des valises contenant 50 millions d’euros à Nicolas Sarkozy et à Claude Guéant pour financer la campagne électorale de 2007. Au sujet de sa relation avec Bachir Saleh Bachir, impliqué dans cette opération de financement occulte, Alexandre Djouhri confirme la relation d’amitié qui le lie à l’homme de confiance de l’ancien dirigeant libyen.

«Ils voulaient me faire mentir, comme ils l’ont fait avec Takieddine. Il fallait, pour des raisons politiques, que j’accuse Sarkozy.
Alors que je n’ai joué aucun rôle dans ce supposé financement. Mais bien sûr que je fréquente la Libye depuis 1986, en tant qu’ami de Bachir Saleh (ancien patron des services secrets libyens), et aussi comme directeur de l’agence de presse "euro-arabe, euro-africaine" où j’ai rencontré Yasser Arafat», insiste-t-il.

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L’homme d’affaires, resté longtemps dans l’ombre, affirme également être victime «de racisme» ce qui explique, selon lui, la cabale politico-judiciaire lancée à son encontre. Le traitement qu’il a subi en janvier 2018 à Londres, lors de son interpellation par la police britannique, en serait une preuve. «J’étais enchaîné vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pendant 18 jours, subissant un traitement défini par les droits de l’Homme comme cruel et inhumain », indique-t-il au Soir d’Algérie. L’écrivain et politologue Naoufel Brahimi El Mili, qui a réalisé cette interview, note que Djouhri est persuadé que le comportement des policiers anglais était «une exigence des autorités françaises».

«Djouhri dit qu’il a subi un traitement moyenâgeux durant sa détention de 18 jours à Londres. Pour lui, les Britanniques ont agi ainsi suite à des pressions exercées par les autorités françaises. Lorsqu’il a été transféré à l’hôpital pour un infarctus, les médecins devaient effectuer une défibrillation par choc électrique. Mais les urgentistes ont dû insister auprès des policiers afin qu’ils lui retirent les menottes afin que cette opération se déroule dans de bonnes conditions. Djouhri disait que l’attitude des policiers avait failli lui coûter la vie», précise Naoufel Brahimi El Mili dans une déclaration à Sputnik.

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Naoufel Brahimi El Mili a relevé que l’extradition du businessman devait impérativement se dérouler avant que le Brexit ne soit effectif. «Si l’Angleterre avait quitté l’Europe cela aurait compliquer la présence des cinq policiers français qui l’attendaient à l’aéroport de Londres». Par ailleurs, Djouhri dit n’avoir obtenu aucun soutien de la part du consulat d’Algérie à Londres. «Les autorités algériennes sous l’ère de Bouteflika ne lui ont été d’aucune aide alors qu’il avait demandé leur intervention, notamment pour prévenir les membres de sa famille qui résident en Algérie. Pour lui, c’était une façon de le priver symboliquement de sa nationalité algérienne. Il en était profondément déçu». Naoufel Brahimi El Mili est revenu sur les raisons qui ont conduit Alexandre Djouhri à accorder cette dernière interview au Soir d’Algérie:

«Je ne connais pas personnellement Djouhri. C’est un ami en commun qui nous a mis en contact. Cet ami français était révolté par le traitement qui lui était réservé. Pour lui, il était victime de racisme et de fortes pressions judiciaires. Nous l’avons donc appelé et il a rapidement accepté la proposition d’une interview pour un journal algérien. Il disait qu’il ne voulait plus parler à la presse française. L’entretien a été réalisé par téléphone le mercredi 29 janvier, soit la veille de son extradition vers la France. Il avait besoin de parler car il disait que son extradition serait un piège».

Ahmed Alexandre Djouhri est désormais entre les mains de la justice française. Incarcéré à la prison de Fresnes, dans la banlieue sud de Paris, il a décidé d’entamer une grève de la faim et de traitement médical. Une décision qui risque d’avoir de graves conséquences sur son état de santé.

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