La Libye, pomme de discorde entre Ankara et Athènes: Alger peut-il arbitrer?

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Le chef de la diplomatie grecque a affirmé à Alger que les deux pays souhaitaient une solution politique en Libye, loin de l’ingérence étrangère. Une position également adoptée par le président turc lors de sa visite en Algérie. Ankara soutient militairement le GNA, quand Athènes appuie le Maréchal Haftar. Quel rôle peut jouer Alger?

La Grèce et l’Algérie sont d’accord sur la nécessité d’une solution politique pacifique en Libye «loin de toute ingérence étrangère», a déclaré jeudi 13 février à Alger le chef de la diplomatie grecque Nikolaos Dendias à l’issue de son entretien avec son homologue algérien Sabri Boukadoum, rapporte l’agence officielle Algérie Presse Service (APS).

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Athènes, qui n’a pas été convié par l’Allemagne à participer à la conférence de Berlin sur la Libye, s’oppose fermement à l’accord maritime conclu entre Ankara et le Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen dirigé par Fayez el-Sarraj autorisant la Turquie à exploiter le gisement gazier offshore situé dans les eaux territoriales libyennes. Alors que la Turquie a déployé des militaires à Tripoli en soutien au GNA, la Grèce a reçu le maréchal Khalifa Haftar, commandant de l’Armée nationale libyenne (ANL).

Alger et Athènes, sur la même longueur d’onde

La Grèce et l'Algérie «privilégient la solution politique pour le règlement de la crise libyenne, loin de l'option militaire et de l'ingérence étrangère», a déclaré M.Dendias, saluant par ailleurs «le travail mené par Alger pour le règlement de la crise libyenne à travers ses efforts visant à parvenir à une solution politique à même de permettre le retour à la paix et à la stabilité dans ce pays et au-delà».

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Face à la situation «préoccupante» qui règne en Libye, la Grèce et l'Algérie «soulignent la nécessité d'un arrêt immédiat des hostilités et de toute intervention étrangère», a-t-il ajouté, relevant l'importance «de poursuivre les efforts dans le cadre des Nations Unies pour mettre un terme à ce conflit».

En conclusion, le ministre grecque a souligné que la Grèce et l'Algérie «se sont engagées à renforcer leurs relations bilatérales, à travers la multiplication des contacts et de la concertation en faveur de la paix et de la stabilité dans notre région commune».

Passe d’armes entre Ankara et Athènes

Le protocole d’accord de délimitation maritime a été signé entre la Turquie et la Grèce sans consulter la République de Chypre et l’Égypte. Il porte sur l’exploitation des réserves de gaz naturel dont recèlent les eaux territoriales de ces deux pays.

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Athènes, impliqué avec Nicosie et Tel-Aviv dans le projet du gazoduc East Med, doit permettre de transporter entre 9 et 11 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an depuis les réserves offshore au large de Chypre et d’Israël vers la Grèce, puis vers le reste de l’Union européenne, dénonce l’accord turco-libyen en concertation avec le Caire.

En effet, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a demandé en décembre 2019 le soutien de l’Otan pour contester l’accord passé entre Ankara et Tripoli, accord qui ne peut avoir «aucune valeur légale» car il constitue une «grave violation du droit international», selon la diplomatie chypriote.

De son côté, Recep Tayyip Erdogan, qui a refusé toute discussion sur le sujet au sein de l’Otan, a déclaré que «la Grèce peut prendre des mesures, nous aussi nous avons le droit d’en prendre». «Nous ferons ce qui est nécessaire», avait-il ajouté, soulignant que les efforts d’Athènes, de Nicosie et du Caire «n’auront aucun impact, car nous avons conclu un accord écrit avec la Libye» et que «la Turquie ne discutera pas autour de la table avec d’autres pays de ses droits souverains».

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Dans ce contexte, la Grèce a accueilli samedi 18 janvier, avant le sommet de Berlin sur la Libye, le maréchal Khalifa Haftar, chose que le Turquie a dénoncé, parlant de «sabotage» des efforts de paix.

Que peut faire Alger?

Trois jours après le sommet régional d’Alger sur la crise libyenne, le Président turc est arrivé dimanche 26 janvier en Algérie dans le cadre d’une visite d’État de deux jours à l’invitation de son homologue Abdelmadjid Tebboune. Les relations bilatérales et la situation en Libye étaient au centre des entretiens entre les deux chefs d’État.

En effet, à l’issue de leurs discussions, lors d’une conférence de presse conjointe, le Président algérien a fait état d’une «convergence totale» entre les deux pays sur la nécessité de concrétiser une solution politique selon les conclusions de la conférence de Berlin sur la Libye, a rapporté l’agence officielle Algérie Presse Service (APS).
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