Un des créateurs du premier ADN artificiel craindrait des abus

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Un chercheur suisse qui figure parmi les biologistes qui ont créé pour la première fois au monde un génome entièrement par ordinateur a publié sur le site de l'École polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ) un article qui met en garde contre les risques liés à la mise au point d’organismes artificiels.

Beat Christen, professeur de biologie des systèmes expérimentaux à l'École polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ), et ses collègues ont entrepris de synthétiser chimiquement un génome pratiquement à partir de rien, sous forme d’un chromosome en anneau continu. Le scientifique en parle dans son article sur le site de l’ETHZ.

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En 2019, ces bioingénieurs ont annoncé la création du premier génome bactérien entièrement numérique au monde: Caulobacter ethensis-2.0. Ils ont pris pour base le génome d’une bactérie d’eau douce bien étudiée et parfaitement inoffensive, Caulobacter crescentus, qui est naturellement présente dans les eaux de source, les rivières et les lacs du monde entier.

Le génome de cette bactérie est constitué de 4.000 gènes. Les scientifiques ont précédemment démontré que seuls environ 680 d’entre ces éléments étaient essentiels à la survie de l’espèce en laboratoire. Qui plus est, uniquement près de 580 des 680 gènes artificiels étaient fonctionnels. En outre, plus d’un sixième des 800.000 «lettres» de cet ADN artificiel ont été remplacées.

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Il convient toutefois de souligner que, bien que le génome de C.ethensis-2.0 ait été produit physiquement sous la forme d’une très grande molécule d’ADN, il n’existe pas encore d’organisme correspondant dans la nature.

Une large discussion publique s’impose

D’après les savants, il faut désormais lancer une large discussion publique sur les avantages pour l’industrie et la médecine, mais aussi sur les risques liés à la création d’organismes artificiels.

Selon Beat Christen, aussi prometteurs que puissent être les résultats de la recherche et les applications possibles, il est indispensable que se tienne une discussion en profondeur de la société sur les objectifs pour lesquels cette technologie peut être utilisée et, parallèlement, sur la manière dont les abus peuvent être évités.

Le scientifique suisse souligne qu’on ne sait toujours pas quand la première bactérie dotée d’un génome artificiel sera produite, mais il est désormais clair qu’elle peut être développée, et qu’elle le sera.

Par conséquent, il faut utiliser le temps qui reste à des discussions intensives entre scientifiques, ainsi que dans l’ensemble de la société, a résumé M.Christen.

 

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