Un spécialiste de la viticulture française à Sputnik: les surtaxes US «permettent de se concentrer sur le marché russe»

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La guerre commerciale entre les États-Unis et l’UE et plus particulièrement les sanctions américaines ciblant l’industrie viticole française, ainsi que l’avenir des relations entre l’Europe et Moscou: dans un entretien accordé à Sputnik, le responsable export de la société «Vignobles et Terroirs de France» a donné son avis sur ces sujets épineux.

Les surtaxes douanières de 25% imposées par Washington sur les vins français de moins de 14 degrés ont eu des répercussions importantes sur l’industrie viticole française, a avoué à Sputnik le représentant de l’association «Vignobles et Terroirs de France», Mathias Noguera, à l’occasion d’une exposition internationale à Moscou. Mais, selon lui, il est toutefois possible de faire «du business».

«Ce n’est jamais agréable d’avoir plus de taxes. Cela affecte bien évidemment tout le monde. La "chance" que l’on a, c’est que cela ne touche que les vins de moins de 14 degrés. […] Les champagnes n’ont pas été touchés, les cognacs n’ont pas été touchés. […] Donc, cela permet encore d’avoir du business», a-t-il détaillé.

Pourtant, les effets des surtaxes sont déjà ressentis. Ils ont fait «perdre des affaires» à l’industrie viticole, «en particulier sur les vins de Bordeaux» qui, généralement, sont en dessous des 14 degrés.

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«Ils ont une grosse perte sur la fin de l’année dernière. Et les bourgognes également. Maintenant, c’est la vie du commerce international. Il y a des hauts, il y a des bas. Il y a des changements, des enjeux politiques. […] Il faut s’adapter. Cela permet de peut-être plus se concentrer sur le marché russe actuellement. Donc, c’est ce qu’on essaie de faire», a avoué l’interlocuteur de Sputnik. 

Les sociétés américaines aussi affectées

Néanmoins, selon lui, les sanctions se sont avérées «désagréables» non seulement pour la France et d’autres pays de l’UE, mais également pour les sociétés américaines qui en dépendent, «le gros du chiffre d’affaires» étant réalisé aux États-Unis, a souligné M.Noguera.

«Donc, il y a beaucoup d’importateurs qui ne font que des vins français. Donc, [pour, ndlr] eux, il y a un risque réel de perte d’emplois, de sociétés qui vont fermer. Et, [elles, ndlr] se sont beaucoup battues, les sociétés américaines, pour faire valoir auprès de leur gouvernement que la hausse de la taxe n’affecte pas les Français mais affecte des sociétés américaines.»

L’interlocuteur de Sputnik a également annoncé que tout comme la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, il y en a également une entre Washington et l’Union européenne.

«Il y a une guerre commerciale […]. Cela va ralentir tout le monde», a estimé M.Noguera.

Relations entre l’Europe et la Russie

Dans ce contexte d’«interdépendance de tout le monde» mais où «tous les Présidents ne pourront pas bien s’entendre», Mathias Noguera a appelé l’Europe à devenir «plus forte» et à tisser des liens plus étroits avec Moscou.

«Je pense que l’Europe devrait peut-être se rapprocher plus de la Russie, créer un échange réel au centre, au-delà de la géopolitique et des guerres des uns et des autres, de créer une vraie plate-forme d’échanges, et d’arbitrer cette guerre qui arrivera entre la Chine et les États-Unis.»

Il a rappelé qu’«il y a un siècle en arrière», les Russes et les Européens, mais aussi les Français et les Anglais, étaient «relativement proches».

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«Donc, je crois qu’il faut savoir écouter les uns, les autres; voir que la géopolitique, les choix devraient être faits pour le peuple de chacun et après, il y a des enjeux économiques qu’il faut prendre en considération pour pouvoir avancer au mieux. L’Europe devrait avoir sa production qui revient. Cela aiderait des pays et cela nous permettrait d’être un peu plus indépendants», a-t-il résumé. 

Sanctions américaines

L'administration de Donald Trump a instauré le 18 octobre des droits de douane de 25% sur les vins français, espagnols et allemands de moins de 14 degrés, en représailles au traitement préférentiel que l'UE aurait accordé à Airbus.

Le 14 février, les États-Unis ont annoncé qu'ils allaient relever à 15% à partir du 18 mars 2020 les taxes douanières imposées aux avions Airbus importés d'Europe, tout en laissant inchangés les tarifs qui pénalisent d'autres secteurs de part et d'autre de l'Atlantique.

L'avionneur européen a réagi le 15 février à cette décision qu'il «regrette profondément» et qui, selon lui, «crée plus d'instabilité pour les compagnies aériennes américaines, qui souffrent déjà d'une pénurie d'appareils», du fait notamment des interdictions de vol qui frappent les 737 MAX de son concurrent Boeing.

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