Idlib: «les Américains ne voudraient pas que la Turquie développe de bonnes relations avec la Russie»

© Sputnik . Sergueï Gouneïev / Accéder à la base multimédiaPrésidents russe et turc, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan
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Alors que Russie et Turquie ont réussi cette fois encore à sortir de l’impasse la situation à Idlib, en Syrie, Washington remet en doute la viabilité de ce nouveau cessez-le-feu et s’applique à reprendre son rôle de protagoniste dans le règlement de la crise syrienne, en réactivant ses relations avec Ankara, relèvent des politologues à Sputnik.

Le représentant spécial des États-Unis pour la Syrie, James Jeffrey, a remis en doute la légitimité du cessez-le-feu, instauré à partir du 6 mars dans le gouvernorat syrien d’Idlib en vertu d’un accord entre les Présidents russe et turc, conclu le 5 mars. Selon l’Américain, la Turquie serait l’unique puissance en droit à appliquer une ligne dure dans ce conflit. Il a appelé Washington à appuyer de tout son poids la Turquie qui «ne pourrait plus reculer» en cas de reprise de la confrontation, «sinon, les Turcs risqueront d’avoir trois millions de nouveaux réfugiés».

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Auparavant, la Turquie avait demandé aux États-Unis de déployer deux batteries antimissiles Patriot à sa frontière sud et avait prié l’Otan d’instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus du nord de la Syrie. Quoi qu’il en soit, ni les États-Unis, ni l’Otan n’ont accordé de secours urgent à leur allié.

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Côté américain, rien que des palabres

Ces dernières semaines, les États-Unis ont saisi l’opportunité de «faire parler d’eux, à titre d’acteur majeur en Syrie et pour améliorer leurs relations avec Ankara», a déclaré à Sputnik Yusuf Erim, analyste politique de la chaîne publique turque TRT World, ajoutant que ce n’étaient que des palabres de leur part, et rien de plus.

«Si les États-Unis ou l’Otan avaient répondu à l’appel de la Turquie sur l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne où une frappe par des missiles Patriot sur la frontière, la situation aurait été tout autre sur le terrain, elle aurait été beaucoup plus favorable pour les Turcs», a-t-il estimé.

Et d’ajouter que le principal résultat des négociations qui avaient duré plus de six heures le 5 mars à Moscou entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan était un «compromis».

«Une fois encore, Moscou et Ankara sont parvenus à un important accord sur la Syrie, alors que Washington et Bruxelles en étaient des observateurs étrangers», a souligné le journaliste.

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Pour Tulin Daloglu, grande spécialiste des relations américano-turques, «les Américains ne voudraient pas que la Turquie développe de bonnes relations avec la Russie et pourraient même en tirer profit si la situation à Idlib avait échappé à tout contrôle».

Mme Daloglu rappelle que, d’après certaines informations, Washington ne renonce pas à l’idée de fournir des Patriot à la Turquie.

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Une éventuelle livraison de Patriot à la Turquie figure toujours à l’ordre du jour des négociations entre le Pentagone et Ankara, a écrit le 5 mars le site d’information Al-Monitor, établi à Washington DC, se référant à des propos tenus par Ellen Lord, sous-secrétaire à la Défense américaine, responsable des acquisitions d’armes et du maintien en puissance.

Le «compromis» russo-turc à Idlib

L’accord conclu le 5 mars par les Présidents russe et turc à Moscou instaure notamment un cessez-le-feu à Idlib à partir du 6 mars. Il prévoit par ailleurs la création d’un couloir de sécurité autour de la route qui relie Alep au gouvernorat côtier de Lattaquié (M4), dans le nord de la Syrie, ainsi que la présence sur le terrain de forces turques supplémentaires sur concertation avec la Russie.

Recep Tayyip Erdogan s’est dit prêt à développer la collaboration avec Moscou sur la base du respect mutuel et a invité Vladimir Poutine à se rendre en Turquie à l’occasion du centième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques bilatérales.

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