Le coronavirus, nouveau vecteur de la décroissance?

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Si le coronavirus continue de faire des victimes, les principales mesures mises en place par les gouvernements pour endiguer l’épidémie semblent avoir des aspects «positifs». Serge Latouche, principal théoricien de la décroissance, nous livre son analyse de l’impact du Covid-19 sur l’économie mondiale.

Le nombre de personnes touchées par le coronavirus ne cesse d’augmenter. Au 8 mars 2020, ce sont plus de 105.000 cas confirmés, 3.584 décès, dont 3.099 en Chine. Avec un taux de transmission élevé, les gouvernements des différents pays frappés par le Covid-19 multiplient les actions pour tenter d’endiguer le phénomène. Contrôles dans les aéroports, mise en quarantaines de certaines villes, fermetures des frontières avec la Chine, autant de dispositifs qui ont des répercussions sur l’activité économique.

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Une situation qui pousse d’ailleurs les analystes à revoir les prévisions de croissance à la baisse. En effet, la croissance globale devrait atteindre 2,4% au lieu des 2,9% prévus, d’après un rapport publié par l’OCDE. Par ailleurs, le commercial mondial sera également touché. Et pour cause, il devrait baisser de 1,4% au premier semestre et de 0,9% sur l’année 2020. Sur France Inter, le ministre de l’économie Bruno Le Maire, a indiqué ce lundi 9 mars que l’impact du coronavirus sur la croissance de l’économie française sera «de plusieurs dixièmes de points de PIB.»

«On peut parfaitement envisager être en dessous de 1% de croissance du PIB en 2020» a-t-il ajouté.

​Des prévisions économiques revues à la baisse

Si la situation peut paraître délicate, le Covid-19 pourrait remettre la théorie de la décroissance au centre des débats. Pour Serge Latouche, son principal théoricien, le «grand soir» n’est pas encore arrivé.

«Même si l’on vit dans un système qui est très fragile et que par conséquent, une petite secousse peut entraîner de grands effets, l’impact sur l’économie sera relativement limité.»

Comme l’explique Serge Latouche, le système capitaliste est loin d’avoir dit son dernier mot:

«J’aimerais bien que cela s’effondre, mais désormais les gouvernements ont retenu un certain nombre de leçons. Ils sont capables d’intervenir sur les marchés. Évidemment, il y a des limites, en cas de décrochage par exemple. Mais je pense que dans le contexte actuel, le système est encore capable d’affronter une récession, à condition qu’elle ne se transforme pas en dépression, car à ce moment-là, plus rien ne serait sous contrôle.»

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Pénurie de médicaments et souveraineté pharmaceutique
En outre, le ralentissement de l’activité en Chine met en exergue le problème des délocalisations. Par exemple, la Chine représente près de 60% de la production de paracétamol. Dans un pays comme la France, où sa consommation est importante, les Français pourraient-ils en pâtir? C’est en tout cas ce que craint l’Académie nationale de Pharmacie dans un communiqué. «L’épidémie de coronavirus (Covid-19), en Chine pourrait faire peser une grave menace sur la santé publique en France et en Europe, dans la mesure où 80% des principes actifs pharmaceutiques utilisés en Europe sont fabriqués hors de l’espace économique européen, dont une grande partie en Asie.» Cette potentielle menace de pénurie pourrait-elle nous pousser à revoir nos modes de consommation et donc de fabrication?

«Malheureusement, l’expérience me rend assez sceptique. Après quelques semaines, on oublie et on revient au “business as usual”. Il y aura des petits changements, pour la relocalisation des médicaments par exemple, mais ça n’ira pas trop loin.»

Et d’ajouter,

«On est toujours dans la logique de compétitivité et de concurrence. Il y aura une petite dose de protectionnisme, mais je ne crois pas que ce soit suffisant. Il faudrait vraiment que le choc soit plus fort.»

Depuis la crise du coronavirus, on note que les émissions mondiales de CO2 sont en forte baisse en Chine.

Baisse des émissions de CO2 à hauteur de 100 millions de tonnes

Selon une étude diffusée par le site spécialisé Carbon Brief, les émissions de CO2 ont chuté d’au moins 100 millions de tonnes par rapport à 2019, à la même époque. Si l’on ne peut évidemment pas se féliciter de la propagation de l’épidémie, cette crise pourrait-elle être, d’une certaine manière, bonne pour la planète?

​Serge Latouche nous rappelle qu’au moment de la chute de l’URSS, désastre économique et social, «les émissions de CO2 avaient également considérablement baissé.»

«Dans le cas de la Chine, il y a une baisse sérieuse, mais ils prévoient déjà de se rattraper. Je ne crois pas que ce soit la crise du coronavirus qui change les choses, surtout que le coronavirus semble être une espèce de boom médiatique. Finalement, la réalité, c’est que pour le moment, ce n’est pas la fin du monde, comme le montrent les chiffres que vous citez. Rappelons que la grippe fait plus de 150 morts chaque jour en France.»
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