Alger: face à la chute du prix du pétrole, le Président va-t-il recourir «à l’endettement ou à la planche à billets»?

© AP Photo / Toufik DoudouLe Président Abdelmadjid Tebboune prêtant serment
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En dépit de la crise financière provoquée en Algérie par la chute des prix du pétrole, le Président Abdelmadjid Tebboune refuse «de manière ferme le recours à l'endettement et au financement non conventionnel», informe un communiqué de la présidence de la République.

Face à la chute drastique des prix du pétrole sur le marché mondial, quasiment seule ressource en devises de l’Algérie, Abdelmadjid Tebboune a tenu une réunion d’urgence consacrée à l'évaluation de la situation économique du pays, indique une note de la Présidence de la République relayée par l’agence officielle Algérie Presse Service (APS). Des mesures ont été annoncées à l’issue de cette réunion dont la plus importante concerne le recours à l’endettement extérieur et au financement non conventionnel (la planche à billets).

Reconnaissant que la situation «reste difficile, mais face à laquelle l'État dispose des moyens nationaux pour y faire face», «le Président de la République a rejeté, à cette occasion, de manière ferme le recours à l'endettement et au financement non conventionnel», affirme le document.

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Par ailleurs, le chef de l’État a instruit le ministre des Finances de la préparation immédiate «d'une première loi de finances complémentaire pour lever certaines incohérences de la loi de Finances 2020, pour y inclure des mesures à même de contrer les effets financiers générés par la crise actuelle et recouvrer les recettes fiscales et douanières non perçues». «Il a également été chargé d'accélérer le processus de création de banques privées islamiques et autres», ajoute la note de la présidence de la République.

Par ailleurs, M.Tebboune a demandé au ministre de l'Agriculture d’augmenter «la production nationale afin de réduire d'au moins 50% l'importation de produits de consommation humaine et animale».

Dans le même sens, il a été demandé au ministre de l'industrie et des Mines «de mettre immédiatement en place tout le dispositif qui permette une production nationale basée sur une intégration d'au moins 70% de l'industrie légère […] et de relancer la construction mécanique avec un taux d'intégration, au départ, d'au moins 35%».

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Le communiqué de la présidence indique que la réunion tenue sous les auspices du chef de l’État a été programmée «au lendemain de la chute drastique du prix du baril de pétrole sur le marché international, sous le double effet du ralentissement de l'économie mondiale, comme conséquence de la propagation du coronavirus et de la décision unilatérale prise par certains pays membres de l'OPEP de vendre leur production de brut avec des rabais particulièrement agressifs».

Or, selon une note publiée lundi 2 mars par l’OCDE en raison du coronavirus, la croissance mondiale en 2020 pourrait être revue à la baisse et passer de 2.9% à 2,4%, soit un recul de 0,5%. Celle de la Chine, locomotive de l’économie mondiale, devrait s’établir à 4,9%, soit un recul de 0,8%, entraînant dans son sillage toutes les grandes économies du monde, informe l’OCDE.

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En novembre 2019, un mois avant le début de l’épidémie du coronavirus en Chine, l’Institut international des finances (IIF) a publié un rapport sur l’état de l’économie mondiale. Ainsi, le document avance que l’ensemble de la dette mondiale pourrait être en 2020  équivalente à 320% du PIB mondial. La dette mondiale devrait dépasser les 230.000 milliards d’euros durant la même année, faisant peser sur chacun des 7,7 milliards d’êtres humains une dette de 29.400 euros.

Selon l’IIF, les États-Unis et la Chine sont à eux seuls responsables d’environ 60% de l’augmentation de la dette mondiale. Ainsi, la dette globale des USA devrait dépasser en 2020 les 63.000 milliards d’euros, alors que celle de l’Empire du milieu franchirait la barre des 35.000 milliards d’euros, soit 303% du PIB du pays.

Enfin, d’après un bilan officiel, la Chine, principal pays consommateur d’hydrocarbures dans le monde, a enregistré en 2019 sa plus faible croissance de ses 29 dernières années. En effet, celle-ci s’est établie à 6%, en recul de 0,6% par rapport à 2018, et encore plus par rapport aux progressions enregistrées depuis les années 2000, de 8 à 10 % par an, avec un pic à 14% en 2007. Elle devrait pour des raisons structurelles passer en-dessous des 6% en 2020, estime la même source.

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