L’investissement en Russie «crée les emplois et modernise la technologie»

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Plus que jamais, et malgré le récent affolement des bourses et les crispations sur le marché du pétrole, une vision à long terme dans la collaboration franco-russe reste d’actualité. Mikhaïl Makarov, Représentant commercial de Russie en France, trace pour Sputnik ses grandes lignes, la veille de l’Année franco-russe des régions.

KPMG a décrit 2019 comme l’année la plus réussie en termes d’investissements depuis le début de l’imposition de restrictions économiques contre la Russie. Selon le réseau international de cabinets d’audit et de conseil, les investissements étrangers dans les actifs russes ont augmenté de 49,5% sur cette année. Plus du tiers (34%) des fusions et acquisitions était constituées de transactions dans le secteur du pétrole et du gaz, où la France est traditionnellement présente.

Le soutien du Kremlin comme gage de réussite des investissements

Pour Mikhaïl Makarov, Représentant commercial de la Fédération de la Russie en France, ces chiffres en hausse résultent, entre autres, d’«un dialogue régulier avec les dirigeants des entreprises françaises entretenu par les autorités russes à tous les niveaux».

«L’année 2019 a été très réussie en termes d’investissements. Selon les résultats du premier semestre 2019, le volume total des investissements cumulés de la France en Russie a atteint le record de 21,7 milliards de dollars, précise Mikhaïl Makarov. La France occupe la sixième place dans la liste générale des pays investisseurs en Russie et la troisième place parmi les membres de l’UE.»

Il ne faut pas oublier que depuis trois ans, Vladimir Poutine organise au Kremlin des réunions régulières avec les représentants des principales entreprises installées en Russie. Cette initiative prouve que, malgré un contexte politique incertain, la France continue à accroître sa présence en Russie.

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Le Représentant commercial de Russie cite, en particulier, Legrand, l’un des leaders mondiaux des produits et systèmes pour installations électriques, qui achève la construction d’une usine de production d’équipements électriques à Oulianovsk et prévoit son ouverture en 2020. Un investissement de près de 14,1 millions d’euros, qui permettra de créer 450 emplois. Le géant chimique SNF a lancé un autre projet d’envergure avec la construction d’une entreprise produisant du polyacrylamide (un produit chimique utilisé dans les fluides de forage pour la production de pétrole) dans la ville de Saratov: l’achèvement de la première phase de construction est prévu pour 2021, et l’investissement d’environ 65 millions d’euros permettra de créer 160 nouveaux emplois.

Savencia, ou comment tirer profit des restrictions économiques contre la Russie

L’ancrage du groupe agroalimentaire français Savencia dans le paysage russe semble solide: en 2017, il est devenu actionnaire majoritaire de l’entreprise laitière Belebeïevsky, en République de Bachkirie. Daniel Mikolajczak, directeur général de la société Savencia, a souligné l’année dernière, lors de son déplacement en Russie, que «les Russes aiment goûter de nouveaux goûts» et l’entreprise y a «testé plusieurs recettes». Le groupe a investi environ 36 millions d’euros dans la modernisation d’une usine laitière à Oufa pour la production de fromages à pâte molle, en créant 72 nouveaux emplois (la fin des travaux est prévue pour octobre 2020).

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Le représentant commercial de la Russie en France rappelle que même dans le cadre des restrictions économiques sur les produits agricoles, on ne doit pas oublier que «la Russie a beaucoup de sols riches en humus et très riches en eau douce, sur un territoire très vaste

«Les fromages de type camembert, brie et comté, avec un ajustement aux conditions locales liées aux caractéristiques de l’eau et du lait, peuvent être produits et vendus à partir de la Russie. C’est avantageux également pour la Russie, puisque cela crée des emplois et modernise la technologie», souligne Mikhaïl Makarov.

L’ambassadeur de Russie en France, Alexeï Meshkov, n’hésite jamais à citer un «exemple de l’influence positive des restrictions économiques sur l’agriculture russe»: au moment des tensions russo-turques, la Russie a suspendu l’importation des tomates turques. Et au moment de la reprise des échanges commerciaux, la Turquie a découvert qu’il n’y avait plus de place pour eux sur le marché russe, puisque les producteurs russes et azerbaïdjanais avaient développé leur production.

«La Russie, avec ses 145 millions d’habitants, représente un marché énorme pour l’Union européenne, rappelle Mikhaïl Makarov. Toutes les branches d'activité russes, de la filière vinicole jusqu’à la production de blé, se développent pour dépendre de moins en moins de l’étranger.»

Mikhaïl Makarov, en poste en France depuis dix mois, trouve «un grand potentiel d’échanges entre les régions russes et la France.»

2021, l’Année croisée franco-russe de la coopération décentralisée entre nos régions

Les déclinaisons sont multiples: aussi bien dans l’agriculture, où «les terres dans les régions de Rostov-sur-Don, Krasnodar, Belgorod restent très attractives pour les investisseurs français», que dans les domaines plus technologiques, comme l’aérospatial et le nucléaire.

«Notre rôle est de familiariser les représentants des régions russes avec le potentiel des régions françaises, conclut Mikhaïl Makarov. J’aurais souhaité qu’en 2021, les hommes d’affaires des régions russes viennent en masse dans les régions de France pour nouer des contacts concrets.»

En septembre dernier, un Congrès des agences régionales d’investissement et des chambres de commerce s’est tenu à Kazan, en République du Tatarstan, où 140 délégués de 60 régions russes se sont déclarés prêts à prendre des contacts dans le cadre de l’Année de coopération interrégionale entre la France et la Russie. 

«On va développer la collaboration par domaine, en amplifiant les échanges déjà existants», promet Mikhaïl Makarov.

Et pour le Représentant commercial de Russie en France, les axes de collaboration se dessinent de manière évidente: Oulianovsk a un lien assez fort avec Toulouse, «puisque leur spécialisation industrielle se croise à 95%». Le Val-d’Oise devrait travailler plus avec la région de Samara; Lyon est considéré comme analogue à Saint-Pétersbourg, «mais devrait se rapprocher de Kazan». Un exemple s’est concrétisé lors de la récente présentation de la République autonome de Komi à Paris «qui, avec sa proposition sur l’aéroport régional, pourrait intéresser le Val-d’Oise», qui compte deux aéroports –Le Bourget et Roissy– Charles de Gaulle –, et se rapprocher de Toulouse, pour l’industrie spatiale.

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