Syrie: «Grâce à Soros, les mensonges vont bon train»

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Le financier George Soros publie une tribune dans le Financial Times qui critique le rôle de la Russie en Syrie et défend le Président turc Erdogan. Comment s’inscrit-elle dans la communication occidentale sur ce conflit? Décryptage du colonel Alain Corvez, ancien conseiller auprès des Nations unies, pour le Désordre mondial.

Au moment où les Présidents russe et turc étaient sur le point de s’asseoir à Moscou pour une rencontre de six heures, le financier George Soros s’en est pris à Moscou et Damas dans une tribune publiée dans le Financial Times. Cela n’a pas empêché la Turquie de conclure un accord qui a abouti à une trêve à Idlib entre les forces syriennes soutenues par la Russie d’une part et les forces turques, les djihadistes et les rebelles aux ordres d’Ankara de l’autre. Mais quel serait l’intérêt de Soros dans cette affaire?

Le colonel Alain Corvez, ancien conseiller du général commandant la Force des Nations unies déployée au Sud-Liban (FINUL) et ancien conseiller en relations internationales au ministère des Affaires étrangères, fustige les propos de George Soros:

«Grâce à des personnages comme M. Soros et autres, les mensonges vont bon train et l’on crée des scénarios pour justifier ce qui est injustifiable.»

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Corvez détaille une nouvelle stratégie de communication des pays occidentaux sur le conflit en Syrie:

«Le scénario que l’on est en train de monter en disant que le chef du HTS [Hayat Tahrir al-Cham, coalition djihadiste formée notamment du Front Fatah al-Cham*, ex -Front al-Nosra*, nldr] est un type bien, finalement, alors, il faut le sortir de la liste des terroristes, ce sont les moyens de communication de l’Amérique et de la Grande-Bretagne [...]
Mais la France n’est pas absente non plus [dans cette campagne visant à, ndlr] déformer la réalité pour faire passer dans l’opinion publique ce qui est inacceptable. L’agression contre la Syrie depuis 2011 est tout à fait inacceptable.»

Corvez réagit aussi à la posture de Soros sur la vague migratoire vers l’Europe, notamment en provenance d’Idlib, sous prétexte humanitaire:

«Il va y avoir plein de terroristes qui vont débarquer comme des migrants sur les côtes européennes. Et ces gens-là, ce sont des combattants, ce n’est pas n’importe quoi. Donc, c’est doublement menaçant et inadmissible de la part d’Erdogan et de la Turquie de laisser partir ces gens-là. Ce que l’on a pu constater aussi, c’est que parmi les migrants, il n’y a pas énormément de Syriens.»

D’après le colonel français, le rôle de l’Arabie saoudite dans son soutien aux combattants djihadistes a aussi évolué:

«L’Arabie saoudite a changé son fusil d’épaule et pense que la solution syrienne sera la solution que la Russie préconise, c’est-à-dire que le grand modérateur de la solution pacifique à la crise syrienne, ce sera la Russie. Et donc l’Arabie saoudite s’est rapprochée de la Russie sur cette question... mais l’Arabie saoudite reconnaît que la solution ultime, ce sera que Bachar el-Assad reste au pouvoir parce qu’il va être réélu majoritairement par la population syrienne et donc, c’est la solution préconisée par la Russie qui va avoir lieu.»

 

* Le Front Fatah al-Cham, ex -Front al-Nosra, est une organisation terroriste interdite en Russie

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