Entre humour et résignation, les Italiens témoignent de leur vie sous quarantaine

© REUTERS / FLAVIO LO SCALZOUne rue déserte de Milan touchée par l'épidémie du coronavirus Covid-19
Une rue déserte de Milan touchée par l'épidémie du coronavirus Covid-19 - Sputnik Afrique
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Alors qu’en France, le gouvernement hésite à mettre le pays en quarantaine, de l’autre côté des Alpes, le cap est franchi. En cause, les effets dévastateurs de l’épidémie de coronavirus sur l’Italie, deuxième pays le plus touché après la Chine. Sputnik a recueilli les témoignages d’Italiens qui vivent cette mesure drastique.

Depuis la signature du nouveau décret limitant certaines libertés des Italiens par Giuseppe Conte, Président du conseil italien, mercredi 11 mars, l’Italie est désormais en quarantaine généralisée. Une décision forte motivée par le nombre important de personnes contaminées. Au 13 mars, l’Italie comptabilisait plus de 17.000 cas confirmés et 1.266 décès, faisant de l’Italie le deuxième pays le plus touché par le Covid-19 après la Chine.

D’ailleurs, lors de la déclaration de Giuseppe Conte, l’heure était à la gravité, «Nous sommes le premier pays d’Europe à avoir été frappé de façon si dure par le coronavirus, mais nous sommes aussi celui qui a réagi avec le plus de force, avec le plus de précautions, en devenant jour après jour un modèle à suivre pour tous les autres.» Désormais, plus de 60 millions d’habitants sont contraints de limiter au strict nécessaire leurs déplacements, et ce, jusqu’au 3 avril. En outre, écoles, lycées et universités resteront également fermés jusqu’au 3 avril.

La quarantaine bouleverse la vie quotidienne

Sputnik a interrogé des Italiens afin de mieux comprendre leur état d’esprit. Pour Luca, psychologue, «l’annonce de mettre notre pays en quarantaine nous inquiète beaucoup. Cela altère le quotidien. De plus, la réduction de la liberté laisse en chacun de nous des sentiments de forte incertitude et d’angoisse.»

«Tout cela est nouveau, c’est gravissime et épouvantable, mais finalement je pense qu’il faut suivre cette décision du gouvernement avec responsabilité pour pouvoir limiter la diffusion du virus», poursuit cet habitant de Milan à notre micro.

Pourtant, sur Internet, de nombreux Italiens, à travers le hashtag #iorestoacasa, ou «je reste à la maison» en français dans le texte, font preuve d’humour pour affronter cette situation.

​«Pâques 2020»

Par ailleurs, si la vie culturelle, les festivités et le monde du sport sont à l’arrêt, certains Italiens font preuve d’ingéniosité. En témoigne cette initiative qui propose de participer à un flashmob à travers le pays consistant à jouer de la musique par la fenêtre. Dans le même esprit, ces habitants de la région de Turin organisent une soirée… par balcons interposés.

​De manière plus prosaïque, la quarantaine oblige de nombreuses personnes à opter pour le télétravail comme l’explique Andrea, responsable commercial dans une entreprise de prêt-à-porter haut de gamme, résidant en Lombardie.

«À l’annonce de cette mesure, tu ne sais pas trop ce que cela veut dire, car c’est très flou. On te dit qu’ils vont tout fermer et qu’il faut privilégier le “smart-working”. Actuellement, on est obligé de prendre sur nos jours de congés, car pour l’instant il n’y a pas d’aide gouvernementale.»

Luca a, quant à lui, considérablement changé ses méthodes de travail en optant pour les séances par téléphone ou via Skype avec ses patients.

Des villes fantomatiques et désertes

«C’est un compromis qui permet de continuer le travail thérapeutique en cours et, bien sûr, permet aux patients d’être aidés dans la gestion des angoisses concernant les nombreux décès et de surmonter ce sentiment d’impuissance face à des signes anxieux et dépressifs lié à ces conditions “claustrophobiques”.»

«Il y a beaucoup de nouvelles demandes de soutien psychologique par les médecins et les infirmières qui travaillent en première ligne aux urgences ou dans les unités de soins intensifs.»

On pourrait citer l’histoire de cette infirmière italienne qui a fait le tour des réseaux sociaux. Et pour cause, Alessia Bonari a partagé sur Instagram un cliché d’elle, traits tirés avec des irritations au visage, avec pour légende «J’ai peur et je suis fatiguée, mais j’apporte ma petite pierre à l’édifice. En espérant que vous aussi. Restez à la maison et ne mettez personne en danger.»

Au quotidien, Luca constate que «presque tout le monde est à la maison.

Incompréhension sur les mesures de sécurité (non) prises par la France

Tout est bloqué sauf les pharmacies, les magasins d’alimentation, les banques ou encore les postes.»

«Ici à Milan, cela ressemble à une ville déserte et spectrale, on peut sortir pour les courses, mais seulement une personne par famille et il y a des contrôles de la gendarmerie et de la police dans les rues. C’est comme dans un roman de science-fiction.»
© SputnikUne rue milanaise
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Une rue milanaise

De l’autre côté des Alpes, les décisions prises par le gouvernement français pour endiguer la pandémie laissent Luca pantois.

«C’est effectivement assez étrange qu’en France, vous n’ayez pas encore adopté des mesures suffisantes de protection, parce que la diffusion du virus est déjà un vrai problème sanitaire mondial et qui risque de ne plus pouvoir être contrôlé.»

Et d’ajouter,

«Il faut aussi apprendre des horribles expériences chinoise, sud-coréenne et italienne. Chaque pays devrait prendre des mesures massives de protection. Il ne faut pas croire que les problèmes n’appartiennent qu’aux autres.»

Un jugement tempéré par Andrea, qui estime que les mesures prises par l’Italie vont arriver en France.

«Comme nous avons été touchés plus tôt que la France, il y a un temps de latence, mais cela va également arriver en France si le nombre de cas augmente.»
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