Robert Ménard réélu à 68% à Béziers: «on a changé la ville, ça saute aux yeux», affirme le maire

© AFP 2023 PASCAL GUYOTRobert Ménard
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Sans doute est-il le maire le plus polémique de France: Robert Ménard est pourtant plébiscité dans sa ville de Béziers. Au lendemain de sa réélection dès le premier tour, avec 68,74% des voix, et alors qu’il gère la crise du coronavirus, il s’est exprimé auprès de Sputnik.
«Si je faisais du mauvais esprit en sachant qui vous êtes, je dirais que c’est un score soviétique!», confie en riant Robert Ménard à Sputnik.

Le coronavirus ne lui a pas laissé le temps de savourer sa victoire, mais le maire de Béziers garde sa bonne humeur. Il faut dire que son score est un tour de force: Ménard a même battu le sondage qui le donnait vainqueur à 61% (Midi Libre/IFOP/Fiducial). «Personne ici ne s’attendait à faire plus de 68%», explique-t-il. «Béziers est une ville de 80.000 habitants»: selon le maire, on ne retrouve de tels scores que «dans des villages, mais pas dans une ville».

Avec 44 sièges sur 49 pour sa majorité, le conseil municipal de Béziers sera donc bleu Ménard. Car ses concurrents traînent loin derrière. Pascal Resplandy (LREM) a rassemblé 11,53% des suffrages, tandis que Nicolas Cossange (union de la gauche) est à 6,11%, Thierry Antoine (EELV) à 5,36%, Antoine About (divers droite) à 4,14% et Claire Dotto (divers) à 4,09%. De quoi donner des sueurs froides à ses critiques.

Bien sûr, la pandémie a eu son petit effet. La participation n’a été que de 44%, soit 20 points de moins qu’en 2014. Une peur «légitime», admet Robert Ménard. Pourtant, «on a plus voté hier qu’au 2e tour des élections législatives, estime l’édile: c’est un mauvais score pour les élections municipales, qui sont des élections populaires, mais malheureusement un score dans la moyenne.»

Malgré les polémiques, six ans de travail?

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Régulièrement ciblé pour ses propos et sa proximité avec le Rassemblement national, Robert Ménard s’est ainsi imposé à Béziers en dépit des polémiques: entre autres, les campagnes d’affichage contre les migrants, la crèche de Noël installée à l’Hôtel de Ville ou encore l’affaire des «fichiers d’enfants musulmans», pour laquelle la justice a prononcé un non-lieu. Face aux critiques, le maire plaide pour sa proximité et son dévouement: «on a travaillé pendant six ans, on a changé la ville, ça saute aux yeux, les gens n’ont pas cessé de me le dire», affirme-t-il. C’est sûr, le centre-ville, vieillissant et paupérisé, a été rénové. Signe qui ne trompe pas: la ville déclinait, mais la voici qui vit un boom immobilier. Depuis un an, le prix médian du mètre carré dans l’ancien a augmenté de 10,9% depuis un an, pour atteindre 1.130 euros.

Comment a-t-il réussi son tour de force? Robert Ménard se dit disponible et refuser toute démagogie:

«Si on m’appelle à 4h du matin, j’y vais. Et je ne fais jamais de promesse que je ne tiens pas. En matière d’écologie, je ne dirais pas que je vais planter 10.000 arbres à Béziers, c’est impossible.»

Une boutade: Robert Ménard ne s’est en effet pas engagé à construire un «Central Park» à Béziers comme Benjamin Griveaux le proposait pour Paris. Chez lui, l’enracinement commence avec le franc-parler: «je parle comme un charretier, je ne parle pas de “société civile” ou “d’équipement structurant”!» dit-il, ironisant sur le jargon des technocrates.

L’union des droites s’estompe à Béziers

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Chose amusante, l’union des droites semble moins d’actualité: «avec 68%, on est largement au-delà!» s’exclame-t-il, s’étonnant lui-même de cette évolution: «cette ville n’a jamais voté à 68% à droite.» Mais plus généralement, il se fait critique de listes d’union des droites qui ne «savent pas s’incarner», sans visage, et qui de facto ne prennent pas assez de distance avec les partis politiques. Une manière de rappeler à ces derniers que la victoire de la veille est bien la sienne.

Mais avec un tel pouvoir viennent les responsabilités. Le début de son deuxième mandat est déjà bouleversé par le coronavirus. À peine a-t-il répondu à Sputnik que Robert Ménard repart remplir ses obligations pour assurer la sécurité des personnes et des biens: des voyous pourraient profiter du confinement pour commettre des actes de vandalisme ou même des vols dans les musées. Sans même parler des risques sanitaires supplémentaires si les ordures s’amoncelaient dans les rues. Lui qui voulait une ville propre et bien ordonnée a du pain sur la planche face à la pandémie.

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