Coronavirus: «nous sommes au début des révélations des mensonges du gouvernement, ça va grossir»

© AP Photo / Alain JocardAgnès Buzyn
Agnès Buzyn - Sputnik Afrique
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Samuel Lafont, porte-parole du média de mobilisation Damoclès, a lancé une pétition signée par 40.000 personnes pour voir Agnès Buzyn et Édouard Philippe jugés par la Cour de justice de la République. Ces ministres ont-ils manqué à une obligation de sécurité et de prudence?

Face à la pandémie de coronavirus, le chef de l’État et son gouvernement sont-ils à la hauteur de l’enjeu? C’est ce que semble estimer une majorité de Français, selon certaines études: 54% estiment que le gouvernement gère bien l’épidémie, selon un sondage Yougov/Huffington Post. La cote de popularité d’Emmanuel Macron semble aussi le refléter: la voici qui a gagné 13 points, pour atteindre les 51%, selon un sondage Harris Interactive-Epoka.

La pénurie de masques en France fait-elle mentir Sibeth N’Diaye?

Pourtant, les opposants commencent à se manifester. Samuel Lafont, porte-parole du «média de mobilisation» Damoclès, a réuni près de 40.000 signataires en 72 heures pour réclamer «la cour de justice contre Buzyn et Philippe»:

«Le gouvernement a soit tardé soit minimisé la gravité de la crise», a déclaré le web’activiste à Sputnik.

Des propos et une initiative qui croisent celle du collectif C19, qui réunit 600 médecins et qui a déjà porté plainte devant la Cour de Justice de la République contre Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé, et le Premier ministre Édouard Philippe, le 19 mars dernier. C19, comme Damoclès, accusent le gouvernement de «mensonge d’État» dans la gestion de la crise du Covid-19. Les révélations d’Agnès Buzyn ont laissé des traces.

​Pour Sibeth N’Diaye, porte-parole du gouvernement, de telles accusations sont erronées: «on ne peut pas dire qu’il y a eu un défaut d’anticipation de cette crise, bien au contraire», a-t-elle soutenu. À l’en croire, le gouvernement aurait mené des points d’information réguliers avec des scientifiques, avant que l’OMS n’annonce la pandémie mondiale, tout en étant le seul pays européen à organiser un rapatriement de ses ressortissants de Wuhan. Preuves que la menace était prise au sérieux?

Un plaidoyer qui exaspère Samuel Lafont: «ils disent l’avoir anticipée, mais alors comment expliquer la pénurie de masques?» Les contradictions du gouvernement passent mal: «on a envoyé 520.000 masques en Chine le 19 février, des thermomètres, des gants, selon Le Canard enchaîné… et maintenant, Sibeth N’Diaye nous explique qu’ils ne servent à rien? Mais pourquoi les soignants en auraient-ils besoin, eux? On sait qu’ils en manquent: ils sont équipés de masques chirurgicaux, et non de masques FFP2

Sortir au théâtre, mais «en même temps» faire la guerre?

Samuel Lafont, qui observe les réactions des internautes ayant signé sa pétition, estime que la communication de l’Élysée a stupéfait une partie de l’opinion: «on est passé de l’incitation d’Emmanuel Macron à sortir au théâtre le 6 mars à “nous sommes en guerre” dix jours plus tard.» En conséquence, le gouvernement n’aurait pas su montrer l’exemple:

«Ils ont diminué la gravité potentielle du virus, laissant croire que c’était une “grippe comme les autres”.»

Il regrette ensuite que les mesures, comme le rallongement du confinement, soient annoncées petit à petit: «si gouverner, c’est prévoir, le gouvernement navigue à vue. Il montre aussi sa faiblesse, certaines zones ne sont pas véritablement contrôlées

L’obligation de sécurité et de prudence sera âprement débattue

Un amateurisme gouvernemental, alors? Samuel Lafont, renvoyant aux révélations d’Agnès Buzyn, va plus loin, ne craignant pas de dénoncer «un véritable mensonge d’État». Pas de doute pour lui, les scandales vont s’accumuler:

«Nous sommes au début des révélations des mensonges du gouvernement, ça va grossir.»

Ainsi son organisation espère-t-elle mobiliser les internautes pour inciter à la saisine de la Cour de Justice de la République, seule compétente pour juger les membres du gouvernement pour des actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions. Mais encore faut-il un crime ou un délit, et bien entendu des personnes lésées. «Trois médecins sont déjà décédés, un dans l’Oise et deux en Alsace», rappelle Samuel Lafont.

Depuis sa création, la Cour a prononcé des jugements à l’encontre de sept ministres. En 1999, dans l’affaire du sang contaminé, elle avait relaxé le Premier ministre et la ministre des Affaires sociales de l’époque, Laurent Fabius et Georgina Dufoix. C’est le secrétaire d’État à la Santé qui avait été condamné pour «manquement à une obligation de sécurité ou de prudence.» Une incrimination de nouveau d’actualité?

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