Coronavirus: au Sénégal, l’état d’urgence a commencé avec une bastonnade de citoyens

© AFP 2023 SEYLLOUPoliciers au Sénégal
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Avec la montée en puissance du coronavirus qui touche de plus en plus de personnes, beaucoup de pays africains ont instauré des mesures visant à mieux circonscrire la propagation du virus. Au Sénégal, l’entrée en vigueur du couvre-feu a donné lieu à des scènes de violence qui ont choqué l’opinion.

Après le discours du Président Macky Sall au soir du 24 mars, l’état d’urgence est entré en vigueur le lendemain, sur l’étendue du territoire sénégalais.

Dans la foulée, un couvre-feu de 20h à 6h a été instauré, deux mesures qui étaient, du reste, réclamées par les experts sanitaires au regard de la multiplication des cas de contamination dans la population (96 cas, selon un bilan officiel établi le 26 mars).

Mais c’est sur les chapeaux de roues que le couvre-feu a débuté. Des images postées sur les réseaux sociaux ont montré des policiers bastonnant avec une extrême violence des personnes qui ont eu la malchance (ou l’outrecuidance) de se trouver encore dans les rues après 20h.

​Ces violences policières ont été observées et filmées dans plusieurs quartiers de la capitale, dont la Médina. Elles ont même touché des membres du personnel médical de l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar qui ont quitté leurs locaux aux environs de 17 h avant d’être pris au piège de l’entrée en vigueur du couvre-feu.

Indigné par le manque de discernement des forces de l’ordre, le professeur Alain Khassim Ndoye, urologue et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), a réagi sur sa plateforme WhatsApp.

«Ils ont passé leur journée au bloc opératoire. Ils ont été surpris par l’absence de transports en commun quand ils sont sortis à 17h. Certains ont marché jusqu’au garage Petersen [lieu de stationnement de minibus, ndlr] où ils disent avoir subi la violence des policiers pour finalement rebrousser chemin vers l’hôpital et y passer la nuit. Je parle du personnel soignant qui m’est proche, mais c’est valable pour tous ceux qui continuent à travailler dans ces conditions extrêmes… Le Sénégal n’avait pas besoin de ça en plus. Pr. Alain Khassim Ndoye, Hôpital Aristide Le Dantec.»

Sur les réseaux sociaux, la guerre a fait rage entre ceux qui soutiennent la bastonnade et ceux qui dénoncent la violence gratuite des policiers. Alioune Tine, président du think tank panafricain Afrikajom Center, a réagi sur son compte Twitter.

«On peut appliquer les textes dans le respect des droits humains. Pas de torture, de traitements inhumains et dégradants. Pas d’usage excessif de la force. On doit avoir le minimum de consensus sur ça», a-t-il posté.

Pour sa part, Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, a mis en garde policiers et gendarmes contre des poursuites judiciaires éventuelles.

Devant l’indignation populaire suscitée par l’attitude des forces de l’ordre, la police a publié en début de soirée un communiqué annonçant, entre autres éléments, que les agents qui ont été coupables d’«interventions excessives dans la nuit du 24 au 25 mars (…) ont été punis (…) avec toute la rigueur qui s’impose».

En plus haut lieu, le 25 mars, au cours du Conseil des ministres, le Président sénégalais a procédé au changement des horaires de travail dans l’administration publique, désormais de 9h à 15h durant la période indéterminée de l’état d’urgence et du couvre-feu.

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