Trump menacé d’une «épidémie surprise»: la curieuse prémonition de 2017

© REUTERS / JONATHAN ERNSTDonald Trump et Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des maladies allergiques et infectieuses.
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Tandis que l’épidémie de Covid-19 s’accélère aux États-Unis, Anthony Fauci, conseiller fédéral en maladies infectieuses, s’est imposé dans les médias. Incarnant une fronde habile, celui-ci entretient une quasi-vénération pour Hillary Clinton. Et semble même capable de prédire l’avenir.

C’est l’une des grandes constantes qui auront parcouru le premier mandat de Donald Trump. Depuis 2016, une partie du sommet de l’État, mais aussi de l’administration, semble entrée en dissidence, de façon plus ou moins discrète. Parfois au grand jour.

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Dernier épisode en date: Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des maladies allergiques et infectieuses aux États-Unis, est allé clairement à l’encontre du Président américain à propos de l’impact de la pandémie de Covid-19. Interrogé par CNN sur le nombre de décès que le coronavirus pourrait provoquer aux États-Unis, le principal conseiller du gouvernement fédéral sur les maladies infectieuses s’est montré alarmiste. «Je veux dire, à partir de ce que nous observons maintenant, je dirais entre 100.000 et 200.000 morts», a-t-il prévenu, lors de l’émission dominicale «State of the Union» ce 29 mars.

Pour l’heure, selon les statistiques officielles au 29 mars, d'après Reuters, les États-Unis sont en effet le pays le plus touché au monde avec plus de 137.000 cas de contamination au coronavirus. Le bilan y a franchi dimanche les 2.400 morts, soit un quasi-doublement en trois jours. La projection d’Anthony Fauci est-elle réaliste? Le spécialiste s’est expliqué, de façon un peu confuse:

«S’agissant des modèles [mathématiques], ils donnent deux scénarios, un pour le pire et un pour le meilleur. En général, la réalité est entre les deux. Je n’ai jamais vu une modélisation de maladie dont j’aie eu la charge où le pire des scénarios se soit produit. Il y a toujours une surestimation.»

Mais l’ambiguïté d’Anthony Fauci fait écho à d’autres épisodes que les médias n’ont pas manqué de souligner. Le 20 mars dernier, Donald Trump s’était livré à un calembour lors d’un point presse consacré au Covid-19.

Anthony Fauci, un «docteur admirateur» d’Hillary Clinton

Il avait alors rebaptisé le département d’État (le ministère des Affaires étrangères), en département de l’«État profond». Un clin d’œil à une théorie, jugée complotiste par de nombreux médias institutionnels, qui affirme qu’une partie du gouvernement et de l’administration échappe au contrôle démocratique et à la volonté du Président élu.

Anthony Fauci avait alors été vu baissant la tête et se frottant le front. Le geste discret avait été largement relayé et interprété. Pour de nombreux médias, jusqu’en France, il semblait exprimer ainsi sa désapprobation. «Le docteur Anthony S. Fauci a pris de l’assurance pour corriger les contre-vérités [de Trump, ndlr] au sujet de l’épidémie de coronavirus», se félicitait ainsi le New York Times du 23 mars.

Au bout de presque quatre années à la Maison-Blanche, Donald Trump a dû composer avec des hauts-fonctionnaires hérités de la présidence de Barack Obama.

Plane aussi sur l’administration Trump l’ombre d’Hillary Clinton, ex-chef de la diplomatie américaine. Anthony Fauci semble d’ailleurs avoir eu par le passé un rapport affectif avec la candidate malheureuse à l’élection de 2016. Dans un mail déclassifié du département d’État, référencé par WikiLeaks, le docteur Fauci envoie, en 2013, de vibrants vœux de rétablissement à Hillary Clinton. «S’il vous plaît, dites-lui que nous l’aimons et que nous sommes très fiers de la connaître.» L’objet du mail? «De la part de votre docteur-admirateur».

© PhotoCapture d'écran WikiLeaks.
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Capture d'écran WikiLeaks.

Anthony Fauci qui, en principe, devrait se cantonner à son rôle de conseiller du prince et d’expert scientifique, s’est-il trop aventuré sur le terrain politique?

Curieuses prophéties dans la presse médicale professionnelle

Il y a cependant plus pour alimenter les thèses «complotistes». En 2017, le conseiller se livrait à une étonnante prédiction dans Healio, une publication professionnelle se présentant comme un portail d’information pour les médecins spécialisés en maladies infectieuses. À quelques jours de l’investiture de Donald Trump, en janvier 2017, il déclarait que le Président américain serait «sans aucun doute» confronté à une «épidémie surprise de maladie infectieuse durant sa présidence».

«Nous allons très certainement être très surpris dans les prochaines années», avait-il prophétisé.

Certes, Anthony Fauci ne prétendait pas avoir une boule de cristal mais il s’appuyait alors sur des exemples passés de maladies infectieuses et sur leur fréquence. Cependant, au cours de l’article accompagnant l’interview, Healio prenait soin de souligner l’incurie, selon les journalistes, du nouveau Président.

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«Trump, le magnat-de-l’immobilier-devenu-politicien-républicain, ironisait alors Healio, a inquiété les pathologistes avec des déclarations controversées.» Un autre article du site détaille la teneur de ces «déclarations controversées»: «Trump s’est aligné sur le mouvement antivaccination», était-il expliqué. «Je pense que si Hillary Clinton avait été élue, on aurait pu s’attendre à une certaine continuité [avec Barack Obama, ndlr]», affirmait un responsable dans les mêmes colonnes.

En écho à ces anciennes déclarations d’intention –et de ces mécanismes d’influence du monde médical–, Anthony Fauci se montrait encore plus frondeur dans une interview accordée au magazine Science, le 22 mars dernier. Face à des questions de journaliste très orientées telles que «Comment faites-vous pour ne pas vous faire virer?», le conseiller avait évité les écueils, mais fini par lâcher:

«Je ne peux quand même pas sauter sur le microphone et pousser [Donald Trump].»

Pendant que les médias et Anthony Fauci entretiennent la polémique, le nombre de malades du Covid-19 devient inquiétant, notamment à New York. Le gouverneur de la mégapole, Andrew Cuomo, a fait état le 29 mars de 237 morts supplémentaires et 7.195 nouveaux cas de contamination en 24 heures. On y recense désormais 965 décès et 59.513 personnes contaminées, avec 1.175 hospitalisations supplémentaires depuis la veille, pour un total de 8.500. Plus de 2.000 personnes ont été placées en soins intensifs.

Loyauté douteuse de son administration, pression médiatique… l’horizon du Président américain apparaît orageux.

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