La multinationale américaine BlackRock, l'un des plus grands investisseurs mondiaux dans les banques et les sociétés de combustibles fossiles, a été engagée par l'Union européenne pour travailler sur l’intégration de nouvelles règles environnementales et sociales dans sa supervision bancaire, relate le Guardian.
La société a pris le meilleur cette semaine sur les huit autres candidats dans un appel d’offres pour un contrat estimé à 550.000 euros, fait savoir la Commission européenne. De nombreux militants sont préoccupés par un potentiel conflit d'intérêts, BlackRock étant active dans des secteurs qui pourraient être directement concernés par les nouvelles règles environnementales, note le journal.
Les soupçons des militants
Ainsi, des observateurs s’interrogent. «Nous ne savons pas pourquoi la Commission européenne a pensé qu'il n’y aurait pas un immense conflit d'intérêts avec ce choix. [… C’est, ndlr] un peu comme laisser le renard garder le poulailler», a déclaré au Guardian Katrin Ganswindt, militante d’Urgewald, une organisation à but non lucratif pour l'environnement et les droits de l'Homme.
«Les décisions adoptées par les régulateurs bancaires européens pourraient avoir des impacts financiers importants sur les sociétés dont BlackRock détient des actions. Par exemple, des restrictions plus souples sur les prêts bancaires pour les entreprises qui alimentent la crise climatique pourraient profiter aux sociétés pétrolières et aux prêteurs», avance le média britannique.
L’UE se justifie
De son côté, un porte-parole de BlackRock a déclaré au Guardian que son entité FMA (Financial Markets Advisory, chargée de l’exécution du contrat) fonctionnait séparément de l'unité de gestion des investissements.
BlackRock et la réforme des retraites
En France, BlackRock s'est retrouvée au cœur d’une polémique en lien avec la réforme des retraites. La remise de la Légion d’honneur à Jean-François Cirelli, patron de BlackRock France, en décembre dernier a provoqué la colère des anti-réforme des retraites qui accusent le fonds d’investissement d’en profiter. Une note de BlackRock de juin 2019 saluant la réforme de l'épargne-retraite dans le cadre de la loi PACTE avaient également créé la polémique. Plusieurs opposants y avaient vu une indication d’une possible collusion entre le gouvernement et le géant américain de la finance. Selon certains militants, Jean-François Cirelli serait l’un des principaux bénéficiaires de la réforme des retraites.